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Victime d’une avarie de structure, Armel Tripon (L’Occitane en Provence) a été contraint à l’abandon lundi après-midi. Damien Seguin (Groupe APICIL) a également renoncé sur casse mécanique.

La tête de la course, elle, est à la relance, après une journée moins tonique que la précédente, mais elle a paré le Fastnet et entame la montée vers le cercle Arctique.

ARMEL TRIPON ABANDONNE

C’est un coup dur. De ceux qui se mettent en travers de la route et qu’il faut savoir surmonter. Il était 13h15 à l’heure des Sables d’Olonne quand Armel Tripon s’est mis à la cape, a affalé, alerté son équipe technique, qui a pris contact avec la direction de course. Un problème de structure venait de couper la trajectoire de L’Occitane en Provence : deux lisses longitudinales situées à tribord, en arrière de la zone réparée suite à la collision avec un OFNI (objet flottant non identifié) le week-end du 21 juin, se sont fissurées.

L’équipe technique n’est pas encore capable d’évaluer l’origine de l’incident mais suspecte un dommage collatéral en lien avec les péripéties du mois de juin. Pour Armel Tripon et L’Occitane en Provence, la Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne représentait l’occasion de se qualifier pour le Vendée Globe 2020. Le fait qu’il en ait pris le départ lui permet de se référer à l’article 9.3 de l’Avenant 3 de l’Avis de course du Vendée Globe, avenant daté du 2 juin 2020, et qui ouvre à un skipper contraint à l’abandon lors d’une course du printemps à solliciter le droit de faire un parcours de substitution de 2000 milles, sur un parcours validé par la direction de course, à boucler avant le 15 septembre.

DAMIEN SEGUIN RENONCE

Quelques heures auparavant, Damien Seguin avait, lui aussi, pris la décision d’abandonner. Dimanche, en fin d’après-midi, le skipper de Groupe APICIL avait constaté le bris de son support d’alternateur, ce qui restreint la capacité de recharge totale des batteries. Arrivé lundi en fin de matinée à son port d’attache, Port-la-Forêt, le double médaillé d’or aux jeux Paralympiques a pris le temps de faire un bilan mécanique avant de déclarer son abandon. Déjà qualifié et officiellement engagé dans le Vendée Globe 2020, Damien Seguin aura « simplement » à négocier avec sa frustration de compétiteur et se préparer un nouveau schéma d’entraînement.

LES SOUCIS, COMPAGNONS DU QUOTIDIEN

La flotte IMOCA a sorti la trousse de bricolage et les skippers se sont retroussé les manches. C’est assez logique après deux jours de course au près océanique, une allure qui sollicite les bateaux et ça l’est d’autant plus que les courses préparatoires au tour du monde ont justement vocation à servir de contexte sportif aux phases de fiabilisation, comme de performance. C’est un hook de grand-voile qui a un temps handicapé le Japonais Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One). A bord de Prysmian Group, Giancarlo Pedote a lui aussi rencontré quelques problèmes électroniques. On sait aussi que Kevin Escoffier (PRB) a dû œuvrer pour réparer sa grand-voile, qui fait partie de son vieux jeu de voiles. Le Malouin a effectué une première réparation, qu’il faudra consolider lorsque la flotte sera ralentie par la dorsale qu’il faudra traverser dans les prochains jours.

CAP SUR L’EYJAFJALLAJÖKULL PAR LA FACE NORD

Cette déchirure de grand-voile a obligé Kevin Escoffier à prendre deux ris dans la grand-voile alors qu’il était au contact de Thomas Ruyant (LinkedOut), Charlie Dalin (Apivia) et Jérémie Beyou (Charal). Cet incident a relégué le skipper de PRB à un peu moins de 30 milles du leader, Thomas Ruyant (LinkedOut), qui fut le premier, à 13 heures, à pointer l’étrave de son monocoque vers le nord.




Les modèles météo se révèlent particulièrement instables ces derniers jours. A titre d’exemple, Jérémie Beyou n’a rencontré « que » 35 nœuds de vent en rafale lorsqu’il a traversé le cœur de la première dépression de la route, hier soir. A titre d’exemple aussi, le choix que devaient effectuer les marins entre une route nord pavée de secousses et une route plus ouest plus longue mais plus roulante, a vécu. La route nord s’est imposée, proposant à son tour un nouveau dilemme. Où poser le curseur, sachant qu’il faut aller chercher désormais une bascule de vent à l’ouest, qui devrait leur permettre d’aller se positionner dans le sud-ouest de la deuxième dépression de la semaine ?



Est-ce que ça vaut le coup, pour le groupe de chasse de s’aventurer sur la même route ? « Non merci », semblent dire Miranda Merron (Campagne de France), Manuel Cousin (Groupe SETIN) et Arnaud Boissières (La Mie Câline - Artisans Artipôle) qui, décrochés, ont tous mis beaucoup d’ouest dans leur course.  « On va voir », répondent Boris Herrmann (Seaexplorer – Yacht Club de Monaco), Isabelle Joschke (MACSF) et Sam Davies (Initiatives Cœur), groupés et respectivement classés de la 5e à la 7e place.

Clarisse Crémer (Banque Populaire X) a profité du problème de hook de grand-voile à bord de DMG MORI Global One pour s’emparer de la 8e place.  Avec son monocoque vainqueur du Vendée Globe 2012-2013 et toujours doté de dérives, la skipper de Banque Populaire démontre qu’elle apprend vite. Très vite.



Le classement du lundi 6 juillet, 16h00 - 17 skippers en course

1 – Thomas Ruyant (LinkedOut) à 3083,2 milles de l’arrivée
2 – Jérémie Beyou (Charal) à 10,4 milles du leader
3 – Charlie Dalin (Apivia) à 13,8 milles du leader
4 – Kevin Escoffier (PRB) à 29,7 milles du leader
5 – Boris Herrmann (Seaexplorer – Yacht Club de Monaco) à 36,3 milles du leader
6 - Isabelle Joschke (MACSF) à 38,3 milles du leader
7 - Sam Davies (Initiatives Cœur) à 39,9 milles du leader
8 - Clarisse Crémer (Banque Populaire X) à 42,3 milles du leader
9 – Yannick Bestaven (Maître-CoQ) à 43,9 milles du leader
10 – Maxime  Sorel (V and B – Mayenne) à 45,8 milles du leader
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abandons : Armel Tripon (L’Occitane en Provence), Damien Seguin (Groupe APICIL), Sébastien Simon (ARKEA PAPREC)

ILS ONT DIT

Kevin Escoffier (PRB) :« J’ai fait un petit trou dans la grand-voile dans la dépression en remontant vers l’Irlande, j’ai donc dû bricoler et rester avec deux ris un peu plus longtemps que les copains, c’est pour ça que je me suis fait distancer. J’ai fait une première réparation et, là, j’attends d’être dans la dorsale pour affaler à nouveau et finaliser ma réparation. Là, on va passer une dorsale, zone de transition entre deux dépressions (celle qu’on a eu pour remonter vers l’Irlande et celle qu’on va avoir à l’ouest de l’Irlande), puis on va encore prendre 30/35 nœuds avant de pouvoir faire route vers l’Islande. »

Boris Herrmann (Seaexplorer – Yacht Club de Monaco) :« Je suis très content du bateau qui est performant au près avec ses nouveaux foils. C’est marrant : on navigue bord à bord avec Isabelle qui a les mêmes foils que nous, et nos vitesses sont similaires. Hier, dans le grand vent, j’aurais pu naviguer à 5 ou 25 nœuds, et j’ai cherché à positionner le curseur sur la sécurité et j’ai ciblé une vitesse de 13 à 14 nœuds. Déjà à cette vitesse, au près, le bateau commence à sortir de l’eau, même dans la grosse mer ! Il est très sain, je le sens solide, c’est la bonne nouvelle d’hier. »

Thomas Ruyant (LinkedOut) :« Je prends encore mes marques à bord. Il y a toujours un petit temps d’adaptation avant d’être complètement bien à bord. Ce n’est pas encore totalement bon pour moi, mais ça arrive petit à petit et je commence à me sentir bien dans la course-là. On se fait bien secouer quand même, mais le problème avec ces bateaux, c’est qu’on va se faire secouer tout le temps je crois ! Ce matin, j’ai fait la météo pour commencer à gérer la partie entre l’Irlande et l’Islande où il y aura beaucoup de choses à faire. Le vent prévoit de monter aujourd’hui, donc il va falloir prendre des ris pour réduire la toile, changer de voiles et puis je m’attends à avoir pas mal de houle à l’approche de îles Scilly et de l’Irlande. C’est une journée bien remplie en perspective ! »