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Il n’y a pas qu’au tennis, au rugby, au foot ou au basket que l’adrénaline et le suspense s’invitent en compétition. Lors des derniers milles de la sixième étape de The Ocean Race entre Aarhus et La Haye, 11th Hour Racing Team, Team Holcim-PRB et Team Malizia en ont fait une éclatante démonstration.

Il reste une petite trentaine de milles ce dimanche 11 juin avant l’arrivée aux Pays-Bas, après une compétition de 800 milles, digne d’une étape de la Solitaire du Figaro. Le temps est splendide grâce à ce puissant anticyclone centré sur le nord de l’Europe, mais avec des vents faibles et irréguliers de secteur est-sud-est. Cap au sud. Il faut « slalomer » entre les risées, les bancs de sable, les rochers et les DST (Dispositions de Séparation de Trafic).

Sur la cartographie, et à chaque empannage de recadrage, les écarts varient entre 0,1 mille et égalité. La flotte est plus compacte que jamais, six milles séparant le premier du dernier. Entre 11th Hour Racing Team (Charlie Enright) et Team Holcim-PRB (Benjamin Schwartz), c’est du match racing ! La Britannique Abby Ehler, qui connaît désormais le plan Verdier vert et bleu sur le bout des doigts, est même hissée dans le mât au capelage à plus de 25 mètres afin de mieux lire les zones de vent sur le plan d’eau. On se croirait lors des duels de l’America’s Cup, où dans les petits airs, on envoyait un équipier à près de 30 mètres de haut…

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Passe de trois pour les Américains de 11th Hour Racing Team
Après un final ébouriffant et devant une foule en délire, 11th Hour Racing Team s’impose d’une petite dizaine de minutes devant Team Holcim-PRB. À bord du voilier américain, qui remporte ici sa troisième victoire d’étape d’affilée, il y a un marin français et pas des moindres : Franck Cammas. Juste avant de rendre son ciré et de repartir vers le Portugal, le champion a livré ses impressions.

Comment était cette étape ?
Franck Cammas : « Hyper sympa ! J’ai retrouvé l’ambiance de The Ocean Race (il a remporté l’édition 2011-12 sur Groupama 4 en tant que skipper) et l’arrivée était assez dingue. »

Le final avait l’air compliqué avec tous les DST ?

FC : « Les gybes (empannages) étaient parfois chauds car Team Holcim-PRB revenait avec du vent et Team Malizia s’était décalé. C’était hyper intense. À l’époque où j’avais disputé la course, nous n’avions pas navigué en mer du Nord. C’est quand même un vrai « bordel » ce coin ! À chaque virage, tu ne sais pas ce que tu vas rencontrer. »

Tu étais en charge de la navigation à bord ?
FC : « Non, c’était Simon Fisher (sixième participation). Il a de la « bouteille ! » »

Quel était votre rôle à bord ?
FC : « J’étais plutôt en charge du pilotage et de la vitesse du bateau. En manœuvres, comme ils connaissaient mieux le bateau que moi, j’étais plutôt à courir derrière (rires). À trois, ils se débrouillent vachement bien. J’ai quand même pas mal parlé tactique avec Charlie (Enright) et Simon (Fisher). »

Vous avez trouvé que les réglages étaient différents par rapport à ce que vous connaissez des IMOCA ? On imagine que vous avez apporté votre « œil neuf » ?

FC : « Oui, ce sont des bateaux complexes avec des « nœuds » ! J’ai découvert une manière différente de la manière « française » de régler les foils notamment le rake. Leurs formes de foils sont tellement différentes de ce que je connais sur Charal 2. Idem pour le matossage. Ce qui est super dans ce genre d’expérience, c’est que nous apprenons les uns des autres. Ils travaillent comme tout le monde avec le logiciel Adrena, mais nous avons je crois une plus grande expérience et maîtrisons bien l’outil que nous utilisons depuis qu’il existe. J’ai pu expliquer quelques subtilités à Simon. »

Vous avez un peu barré ou alors c’était sous pilote tout le temps ?

FC : « On a barré un peu au départ jusqu’à la première nuit et ensuite dans les passages un peu chauds. Puis, à l’arrivée dans les batailles de virements de bord. Sinon, c’est pilote et réglages permanents aux écoutes. »


C’était un peu genre étape de la Solitaire du Figaro où l’on ne dort pas beaucoup ?
FC : « C’est clair que nous n’avons pas beaucoup dormi ! (rires). Tu as toujours l’impression que tu vas rater un petit quelque chose, puis il y a des pièges partout, donc il faut être dessus tout le temps... »

C’est quoi la suite du programme ?
FC : « Je pars à Cascais, au Portugal, rejoindre Jérémie Beyou avec qui je prépare la Transat Jacques Vabre sur Charal 2. Entre The Ocean Race, les ETF26 Series et le Team Charal, je suis bien occupé, mais je me régale ! »

Source The Ocean Race