C’est fait ! Après 57 jours de mer, Maxime Sorel a franchi la longitude du Cap-Horn à 1h16 ce matin, soit 2 jours et 10 heures après le leader du Vendée Globe Yannick Bestaven, en huitième position. Dans des conditions météorologiques dantesques, une mer énorme et plus de 40 nœuds de vent, un contexte inédit avec 7 bateaux au Horn en moins de 10 heures.

Le jeune cancalais s’est fait une grosse frayeur hier en début de soirée « l’une des peurs de sa vie », son voilier s’étant littéralement couché à cause d’une vague scélérate et d’un décrochage de son pilote automatique. Valeureux, le parrain national de l’association Vaincre la Mucoviscidose, après des heures de lutte dans le froid polaire, a remis tout en place mais n’est pas passé loin de la correctionnelle, chandelier cassé, voile d’avant à nouveau déchirée… Le moral en berne, Maxime a tout de même repris sa course en avant et a dépassé la terre de feu dans le top 10 et après deux tiers d’un premier Tour du Monde rondement mené. Leader le 11 novembre puis dans les bons coups atlantiques et recollant au groupe de tête avant noël au début du Pacifique, V and B – Mayenne, le dragon des océans, est, ce matin, à 7000 milles des Sables d’Olonne et s’approche de l’accomplissement.

« J’ai cru que c’était la fin » déclare Maxime ce matin à la vacation avec son équipe à propos de sa grosse frayeur avant le passage du Cap-Horn. « Quand le mât était dans l’eau, il pouvait casser à tout moment et tu ne peux pas redresser le bateau en 10 secondes. J’avais l’ensemble de mon matossage à l’envers suite à ce vrac et au décrochage de mon pilote automatique.

Il y avait une mer en furie et plus de 45 nœuds. J’ai rapidement été rouler mon J3 à l’avant et pendant cette manipulation la filière se tendait comme une corde de guitare à cause de la pression. Un chandelier a cédé et mes voiles, roulées dans leurs sacs et tenues par des sangles sur la filière, sont tombées à l’eau. Heureusement, elles étaient accrochées à la ligne de vie. Grâce à un système de palan sur la bastaque, j’ai réussi à les remettre à bord non sans risque pour moi.

J’ai ensuite viré dans des conditions épiques sous grand-voile seule et en faisant une marche arrière dans une petite molle. J’étais usé. J’avais froid car je n’avais pas eu le temps de m’habiller correctement. Mon pilote a ensuite à nouveau décroché mais j’ai eu plus de chance. Quelques heures après, j’ai franchi mon premier Cap-Horn. Un peu comme le Cap Leeuwin que j’ai franchi en tête de mât, ce Cap-Horn a été difficile pour moi et mon bateau.

J’ai peu apprécié le moment mais je suis tout de même heureux de sortir du sud et de m’en être sorti. Mon J3 est déchiré mais je vais pouvoir m’atteler à des réparations. Je viens de renvoyer de la toile car je suis dans une grosse molle. J’ai repris mes esprits. Je vais devoir faire fortement attention à mon pilote automatique. Je pense longer, pour l'instant, la zone d’exclusion des glaces, et je vais faire des choix stratégiques pour franchir l’anticyclone qui me barre la route lors du fichier météo de 12h00.»

Le Cap-Horn de Maxime restera dans ses annales maritimes mais il est Cap-hornier et il est plus que jamais décidé à rester dans son match. Un resserrement de la flotte est possible dans les jours qui viennent et cette remontée de l’Atlantique au cœur d’un Vendée Globe particulier en mode « régate ».