Nicolas Henry

Eric Bellion revient sur le Vendée Globe ! Après une première participation en 2016, le navigateur a décidé de revenir sur le célèbre tour du monde en 2024 avec un IMOCA neuf et un concept innovant, celui de faire de la compétition la plus solitaire au monde une aventure collectif.

Qu’est ce qui t’a donné envie de revenir sur un Vendée Globe ? 

L’histoire est longue ! (Rires) Pour commencer, je m’étais promis, avant-même le départ de mon premier Vendée Globe en novembre 2016, de ne jamais revenir sur cette course. Je partais avec l’idée que c’était la seule fois de ma vie que j’allais faire cela et vu tout le travail et les sacrifices que la préparation demandait, il fallait que j’en profite à fond. Pendant la course, j’avais même fait une vidéo pour dire au Eric du futur de ne jamais y retourner. Pendant quatre ans, j’avais tout organisé pour mettre le Vendée Globe le plus loin de moi, sans jamais m’avouer que c’était encore bien présent.  

En 2020, nous étions, avec Marie (sa femme), sur notre goélette dans le Pacifique. Puis, le Covid est arrivé, nous forçant à stopper notre voyage à Hawaï. Nous sommes rentrés en France, pensant repartir vivre notre aventure quelques mois plus tard, mais malheureusement notre bateau est toujours coincé là-bas. 

Je me suis alors retrouvé sans moyens, le monde de l’événementiel s’étant écroulé, jusqu’au jour où Télé Matin m’a contacté pour faire des chroniques sur le Vendée Globe 2020. C’était génial, mais le jour où je me suis rendu aux Sables d’Olonne et que j’ai vu tous les bateaux amarrés prêts à partir, j’ai pris une énorme vague d’émotion. Puis, l’organisation m’a proposé de commenter le départ de la course pour les journalistes et en voyant ce moment magique, je me suis rendu compte que je voulais y retourner. Mais l'envie seule ne suffisait pas pour que je franchisse le pas. 

Un jour, je me suis dit qu'y retourner seul c'était sympa, mais y retourner à plusieurs serait encore plus génial et donc l'idée d'un collectif est née. 

Le moteur de ce nouveau projet est donc la coopération ? 

Si nous pouvons montrer qu’en plaçant la sobriété et la coopération au cœur des projets, il est possible de faire de la performance, c’est formidable. Nous avons décidé de faire une aventure collective dans la compétition la plus solitaire au monde. 

La mise en place de ce projet peut parfois être compliquée car il faut se confronter à ses peurs, dont celle de partager ses pistes de partenaires. Il faut être suffisamment confiant pour se dire que ce que nous perdons en autonomie et en indépendance, sera gagné plus tard sur d’autres points. Je suis très heureux d’avoir pris cette décision et d'amorcer ce nouveau concept. 

Quel est ton objectif sur cette nouvelle campagne ? 

Je suis un compétiteur, mais peut-être un peu différemment des autres. Il y a cinq ans, je suis revenu du Vendée Globe sans aucune frustration car mon seul et unique objectif était de boucler la boucle en ayant tirer le meilleur de moi-même sur mon bateau chaque jour et j'ai réussi. Aujourd'hui, je ne dirai pas que je reviens sur ce Vendée Globe pour le gagner, mais je vais tout mettre en place pour faire la meilleure place possible. Le Vendée Globe est une compétition et nous ne construisons pas un bateau pour faire une contre-performance. En 2016, l'expérience du solitaire me manquait lorsque je suis parti, donc cette fois-ci je souhaite mettre toutes les chances de mon côté et loue donc Hubert (IMOCA de Jean Le Cam) pour toute la saison 2022 afin d’accumuler les milles et de m’entraîner un maximum avant même la mise à l’eau du bateau neuf l'an prochain. 

Cp1 commeunseulhomme eric bellion.004

Peux-tu nous parler de la naissance du projet ? 

Au retour du Vendée Globe de Jean (Le Cam), nous avons commencé à travailler ensemble autour d’un projet de nouvel IMOCA sobre capable de gagner. À ce même moment, nous regardions de près les Class40 qui affichaient de très belles performances. Nous avons donc choisi de construire un scow à dérives qui devrait voir le jour dans un an. 

Nous savions que nous n’avions pas beaucoup de temps et pas suffisamment de moyens financiers et humains pour mettre au point un foiler. Nous avons donc choisi de réfléchir à ce dont nous avions besoin pour remporter un Vendée Globe et avons donc choisi de construire un bateau sobre, fiable et durable. Notre innovation est celle de la sobriété. Je suis persuadé que c’est l’innovation du futur, c'est un just-tech ! 

Mécène lors de ton premier Vendée Globe, ALTAVIA soutiendra à nouveau ton projet ? 

En effet ! ALTAVIA est une agence de communication spécialisée dans le Retail Marketing. L’idée de construire un bateau simple et accessible avec une démarche de coopération est un concept auquel le président et fondateur d'Altavia, Raphaël Palti, adhère totalement. Il est persuadé que le Vendée Globe et l’IMOCA sont de parfaits porteurs de valeurs et souhaitent donc s’impliquer dans ce projet pour amorcer une nouvelle façon de faire. 

Altavia sera donc un associé de COMMEUNSEULHOMME, et non un sponsor. L’entreprise nous soutiendra financièrement dès cette année pour le lancement du projet et impliquera toutes ses équipes via la partie communication !

 

 

Propos recuillis par Marie Launay