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A peine était-elle arrivée de son premier tour du monde le 12 février 2021, que Pip Hare voulait déjà y retourner. Pour cela, la navigatrice britannique a choisi de faire évoluer son projet : un nouveau bateau, ex-Bureau Vallée 2, une équipe renforcée et un programme bien chargé !

Comment se passe la découverte de ton nouvel IMOCA ?

"Ça se passe bien ! Mon équipe s’est agrandie depuis le rachat du nouveau bateau. Je n’ai pas encore pu naviguer autant que j’aurais voulu car diriger une équipe c’est beaucoup de travail, mais cette année va vraiment être dédiée à l’apprentissage de cet IMOCA.”

Le bateau en lui-même est plus facile à naviguer que le précédent. Cela a été une surprise pour moi. D'un point de vue ergonomique, il est bien mieux conçu notamment car il a été construit pour convenir à l’Homme. 

La principale différence pour moi est l’exigence que ce bateau demande. N'importe quel marin pourrait faire en sorte que le bateau atteigne 75 % de ses performances parce qu'il est facile à faire fonctionner, mais pour trouver les 25 % supplémentaires, il faut vraiment fournir un gros travail, réfléchir davantage et je vais devoir m’entourer de coachs. La route est encore longue pour savoir mener cet IMOCA au maximum de ses capacités.

Ce bateau est moins exigeant physiquement, mais demande plus de connaissances et de compétences, et c’est cela que je vais m’atteler à développer cette année. C’est la principale évolution de mon projet. Cette saison, grâce aux financements et à toute l’équipe qui m’accompagne, je vais pouvoir m’investir beaucoup plus pour cela, chose que je n’avais pas pu faire avant mon premier tour du monde.” 

Medallia Event  LDN   Langdon MEDALLIA 104© Richard Langdon

Le bateau est donc actuellement en chantier, que modifiez-vous ? 

“Pour cette année, nous avons fait le choix de ne pas modifier beaucoup de choses. Nous changeons le jeu de voiles, l’électronique et nous essayons de mettre le bateau dans sa meilleure configuration sans modifier sa structure. Par ailleurs, nous discutons actuellement avec les architectes et les chantiers pour améliorer les foils début 2023. 

Cette année, je vais donc me concentrer sur la prise en main du bateau et nous ferons de grands changements l'année prochaine. C’est un choix assez prudent, mais c’est la première fois que nous avons un foiler donc nous avons beaucoup à apprendre.”

Medallia Event  LDN   Langdon MEDALLIA 123© Richard Langdon

Quel est ton programme pour 2022 ? 

“Cela va être une année très dense. Nous devrions terminer le chantier fin février et nous espérons être de retour à l’eau début mars. Ensuite, l’objectif est de partir m’entraîner au Portugal car au Royaume-Uni, les conditions sont trop difficiles à cette période. Les jours sont courts, il fait froid et les prévisions sont peu stables. Aujourd’hui, notre ennemi est le temps, donc il faut saisir toutes les opportunités possibles. Ensuite, je reviendrai en France au mois de mai pour participer à la Bermudes 1000 Race, puis à la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne en juin. Je prévois de rentrer à Pool en juillet pour préparer le bateau avant de courrir la Round Britain and Ireland Race au mois d'août. Pour moi, c'est important car la flotte présente est importante et de bon niveau. En fonction de l'état du bateau, nous reviendrons en France en septembre pour participer au Défi Azimut-Lorient Agglomération. Puis, pour terminer cette belle année, nous nous alignerons sur le départ de la Route du Rhum ! Tout cela va aller tellement vite !”

Medallia a rapidement fait le choix de repartir sur un second Vendée Globe, était-ce anticipé ? 

“La nuit où j'ai franchi la ligne d’arrivée du Vendée Globe, j'ai eu un appel vidéo avec Leslie J. Stretch, le PDG de Medallia. Il m'a dit : "Alors, que veux-tu faire maintenant?“, question à laquelle j’ai immédiatement répondu “Je veux faire un autre Vendée Globe.” Il m’a dit qu’il prendrait une décision dans les deux semaines, mais cinq jours plus tard, il me rappelait déjà pour me dire que Medallia me suivrait sur les quatre prochaines années. Nous avons donc signé un nouveau contrat et acheté le bateau dans la foulée. Nous sommes cependant toujours à la recherche d'autres sponsors pour rejoindre la famille ! 

La recherche de sponsors est la partie la plus difficile de notre travail. Les mers du Sud sont même parfois plus simples que les négociations avec les sponsors ! (Rires) Aujourd’hui, les recherches avancent bien pour notre équipe, notamment maintenant que j'ai un Vendée Globe sur mon CV. De plus, la notoriété de la Classe IMOCA et de la course n’a jamais été aussi forte, le calendrier sur quatre ans est très attractif et le niveau entre les concurrents ne fait qu’augmenter. C’est une très bonne chose pour les sponsors !”

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Pourquoi avoir choisi de baser ton projet à Pool ? 

“J’ai choisi de baser mon projet à Pool, où je vis, afin de rendre visible ce que je fais pour tous. Je veux que les habitants de ma ville se sentent impliqués dans cette campagne Vendée Globe. Je suis sponsorisée par le port et le bateau est amarré dans un lieu public afin que chacun puisse aller le voir. 

Aujourd’hui, nous changeons la perception que les gens ont de la voile et nous voulons continuer dans cette voie. Cela signifie beaucoup pour moi. J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce sport, et si en sensibilisant les gens à la voile, je peux faciliter la tâche de ceux qui me suivront, c'est quelque chose que je veux vraiment réaliser. Alors on continue !”

Quel est ton nouvel objectif ? 

“Je ne suis pas une personne qui a confiance en elle. J'ai besoin de me prouver que je peux faire des choses et ensuite je veux savoir si je peux mieux le faire. Ainsi, finir le Vendée Globe était l'objectif de toute une vie, donc pour la première fois, j’ai accepté de le faire dans n'importe quelles conditions parce que le but était de finir la course. Maintenant, je sais que je peux finir la course, mais je veux savoir si je peux mieux la finir. Mon défi est désormais de me challenger et de me mettre dans les meilleures conditions possibles pour performer."

Je suis bien consciente que j'aurai 50 ans au départ de la course et que je serai en compétition avec des hommes qui n'ont même pas encore 30 ans. Je veux voir ce qui va se passer. Le Vendée Globe est une épreuve excitante car ce n'est pas seulement votre capacité physique qui compte !”

Propos recueillis par Marie Launay