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Depuis l’arrivée d’Isabelle Joschke à Salvador de Bahia, au Nord Est du Brésil, ce dimanche 24 janvier à 17h (heure locale), l’équipe technique MACSF est au travail pour évaluer les dégâts et effectuer au plus vite les réparations possibles à bord de son IMOCA.

Émue par son retour à la vie de terrienne, Isabelle Joschke pose, avec quelques jours de recul et de repos supplémentaires, un regard positif sur ce qu’elle a réalisé et vécu. Elle projette même de reprendre la mer pour boucler la dernière étape de cette aventure majuscule, si une nouvelle traversée est envisageable pour rejoindre Les Sables d’Olonne.

Des retrouvailles émouvantes avec le team et la ville de Salvador

Ce n’est pas l’arrivée dont elle avait rêvé, pourtant l’entrée dans la baie de tous les saints et la rencontre avec une partie de son équipe après plus de dix semaines de séparation ont remué la skipper de MACSF.

« J’appréhendais un peu le retour à terre dans l’absolu, mais pas trop l’arrivée en elle-même. En rentrant dans la baie, j’ai pris conscience que toute cette histoire touchait à sa fin car j’allais toucher la terre pour la première fois depuis près de 80 jours. Un super comité d’accueil m’attendait (trois membres de l’équipe technique, le team manager Alain Gautier et le directeur de la communication de la MACSF). J’étais très émue car c’est aussi un port que j’adore. Salvador est un endroit où j’ai beaucoup de souvenirs très forts : j’y ai vécu l’arrivée de ma première et de ma deuxième Mini Transat, j’y suis revenue pour la Transat Jacques Vabre. Arriver ici me donne toujours le sentiment d’avoir accompli quelque chose. »

Expertiser le bateau sans perdre de temps

L’IMOCA à peine accosté, le team MACSF s’est mis en ordre de bataille pour commencer l’inspection du bateau. Premier à monter à bord, Alain Gautier, le team manager, a même plongé sous la coque pour examiner la quille. 

« Dimanche, une fois MACSF amarré, on a rangé les voiles. Hier lundi tout le monde était sur le pont très tôt pour débuter le diagnostic, évaluer ce qui est réparable et ce qui ne l’est pas. Cela va prendre un peu de temps. Les garçons ont commencé à démonter des pièces et ils vont rapidement prendre contact avec des entreprises locales qui vont les usiner afin de pouvoir réaliser les travaux nécessaires. Voir mon bateau de loin crée un sentiment étrange. J’étais dessus durant deux mois et demi, c’était mon compagnon, mon petit cocon au milieu des océans. J’étais contente de le retrouver lundi matin. J’avoue que j’ai eu un peu de mal à le quitter ».

Corbeille de fruits exotiques et première nuit compliquée

A quoi peut bien rêver un marin après 77 jours de mer, des semaines de privations et un quotidien dans un environnement dénué de confort ? Pour Isabelle Joschke, les premières heures à terre ont été gourmandes et simples.

« Avant même de poser le pied sur le sol, j’ai été accueillie avec un énorme panier de fruits exotiques frais (coco, mangue, jus d’orange…) offert par un petit comité d’accueil local. Je me suis régalée de ce dont je rêvais depuis plusieurs jours. En rentrant à l’hôtel j’ai pris une douche et enfilé pour la première fois depuis des semaines des vêtements de citadin. Ensuite on a été partager un bon repas brésilien avec mon équipe. J’ai passé une très bonne soirée. En revanche, la nuit a été plus difficile… Je crois que je suis programmée pour dormir une heure puis me réveiller et ainsi de suite. Je n’ai plus l’habitude non plus de dormir sur un sol qui ne bouge pas. J’ai besoin d’être bercée ! ».

La déception est digérée, Isabelle a engrangé de la confiance

Les 15 jours qui ont suivi l’annonce officielle de son abandon ont servi de transition et permis à Isabelle Joschke de réfléchir à tête reposée à tout ce qu’elle avait vécu et accompli sur ce Vendée Globe. Sa perception des événements en est changée…

« Je voulais prendre le temps de regarder mon Vendée Globe de l’extérieur. Ce n’est jamais vraiment facile tant la course est prenante, on est collé dedans. J’ai eu besoin de me reposer, de retrouver mes esprits et du calme pour poser un regard sur tout ce qui s‘est passé. Je pense que ce n’est pas fini et que ce travail va durer encore un moment. C’est assez énorme un tour du monde en réalité. C’est riche en découvertes, en apprentissage et en émotions. J’ai appris à me faire confiance dans les situations délicates pour trouver des solutions, soutenue par mon équipe, à trouver les ressources nécessaires pour régler un problème… Au fur et à mesure que la course avançait j’avais l’impression que je mettais moins de temps à rebondir. Si je devais résumer, je me sens plus forte. La déception est encore un peu présente. Cela me fait un peu mal au cœur de voir cette bataille de loin pour la victoire et de me dire que je n’en fais pas partie. Et en même temps je suis parvenue à passer à autre chose car mon histoire est belle. J’ai la chance d’avoir une équipe d’enfer. Avec notre sponsor on a porté un super projet. Je ne peux pas regarder cela en faisant la grimace. Je n’en ai pas le droit ».

Les Sables en ligne de mire

Isabelle Joschke n’en a peut-être pas complètement fini avec son tour du globe. La navigatrice est prête à reprendre la mer pour ramener MACSF aux Sables d’Olonne, si les réparations sont possibles.

« Je suis persuadée que l’on va pouvoir réparer. Mon objectif est de me tenir prête à repartir en direction des Sables d’Olonne pour boucler la boucle et terminer cette si belle histoire là où elle a démarré. »

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