Vg2020 20210211 shiraishi finishob 7091b basse dfinition vi

Ce jeudi 11 février à 11 heures 52 minutes et 56 secondes (heure française), Kojiro Shiraishi a franchi la ligne d’arrivée des Sables-d’Olonne après 94 jours, 21 heures, 32 minutes et 56 secondes de course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance, en 16e position.

Le Japonais devient ainsi le premier skipper asiatique à boucler le Vendée Globe.

L’AMBIANCE

14 jours, 17 heures, 48 minutes et 10 secondes après le vainqueur, Kojiro Shiraishi a coupé la longue ligne d’arrivée ce jeudi 11 février, à l’heure du déjeuner. Après une nuit le long des côtes de l’Hexagone, à chercher comment passer devant Arnaud Boissières, à qui il succède sur la ligne pour seulement 02h 56min 50s, le Japonais a célébré dans une température glaciale, mais sur une mer maniable, l’ouverture d’une nouvelle page de l’histoire du Vendée Globe en devenant le premier navigateur asiatique à terminer l’Everest des Mers sous les caméras de la chaîne nationale japonaise NHK !

LA COURSE DE KOJIRO SHIRAISHI

La mondialisation a aussi du bon, surtout quand elle concerne les hommes de mer. Kojiro, c’est d’abord l’histoire d’une curiosité. Comment un homme né à plus de 9 800 km des côtes vendéennes a-t-il pu embarquer dans une telle aventure ? La réponse est digne d’un roman. Le jeune Kojiro Shiraishi avait une idole : Yukoh Tada (207 jours au BOC Challenge entre 1982 et 1983), marin estimé devenu chauffeur de taxi pour éponger ses dettes. Kojiro l’avait retrouvé en fouillant l’annuaire, en multipliant les coups de fil avant de débarquer sur son palier à 4 heures du matin. Il avait été reçu, s’était excusé, puis avait dégusté deux bouteilles de saké en bonne compagnie. De quoi avoir, à son tour, des envies de s’élancer sur les océans.

Dans les pas de Yukoh Tada

Le Vendée Globe, Yukoh Tada avait envisagé d’y participer à la suite d’un coup de fil de Philippe Jeantot. L’impossibilité de réunir les fonds nécessaires avait eu raison de son ambition. Ce ne sera pas le cas de Kojiro, qui s’aguerrit à la Velux 5 Oceans (2 fois deuxième) et bénéficie des conseils de Bernard Stamm et Roland Jourdain. « Bilou » sera toujours là quand Kojiro débarquera en Bretagne il y a quelques années, et il sera de toutes ses aventures. Kojiro le lui rend bien, il affirme « se sentir comme chez lui en France » et s’élance, il y a quatre ans, pour son premier tour du monde.

Un 2e Vendée Globe, comme « une évidence »

Le grand public découvre en 2016 Kojiro Shiraishi et son duo complice formé avec Shota Kanta, qui s’évertue à traduire chacune de ses prises de parole. Son Vendée Globe, au cœur de « la nature brute et sauvage » qui le subjugue, s’arrête net au large de l’Afrique du Sud. Une avarie en haut du mât, l’émotion de devoir s’arrêter là et des larmes terminent trop vite cette édition.

Si cruelle descente de l’Atlantique

Le skipper a des arguments pour jouer une place dans le ‘top 10’. Le bateau a été fait à sa mesure, compromis entre technique, rapidité et robustesse. L’été dernier, Kojiro réussit sa Vendée - Arctique - Les Sables-d’Olonne (10e à 6 h du vainqueur, Jérémie Beyou). Cette course lui permet de se qualifier pour le Vendée Globe.

Armé de cet enthousiasme intarissable qui a valeur de moteur en toute circonstance, le Japonais entame alors le 8 novembre sa deuxième tentative de tour du monde. Les faits de course se révèlent cruels, surtout au cœur d’une descente de l’Atlantique qui n’épargne personne.

Au cœur de Thêta, la dépression intertropicale, des problèmes de pilote automatique qui ont provoqué des empannages imprévus entraînent la casse de quatre lattes de grand-voile et une déchirure sur la partie haute de celle-ci. La course n’est plus. Il faut contacter le team, réparer, lutter contre les doutes, bricoler pendant des jours, et enfin repartir. « C’était un petit exploit d’avoir réussi à réparer cette voile », confie Kojiro. Les jours passent, la progression continue, certes en 2e partie de flotte, mais elle continue.

Une place dans la grande histoire de la course au large

« Je suis content que les réparations tiennent. C’est presque un miracle ». À bord de DMG-Mori Global One, le miracle devient quotidien. Il tient bon face aux grains, face aux tempêtes, face aux aléas... Et l’exploit ne fait que réjouir Kojiro. « Tous les jours à être sur l’eau à naviguer, je suis le plus heureux du monde », confiait-il fin janvier. Ces quinze derniers jours, le scénario du Vendée Globe lui a même offert le luxe de disputer une dernière régate.

Un match à cinq avec Arnaud Boissières, Alan Roura, Stéphane Le Diraison et Pipe Hare. Un match pour savourer jusqu’à la fin avant de franchir la ligne des Sables-d’Olonne. En y parvenant, l’élève Kojiro vient de dépasser le maître Tada. Premier Japonais à terminer le Vendée Globe, il est aussi le premier Japonais à conclure un tour du monde sans escale et sans assistance en solitaire. De quoi lui assurer une place au chaud, aux côtés de son mentor, dans la grande histoire de la course au large.

LES STATS DE KOJIRO SHIRAISHI (DMG MORI GLOBAL ONE)

Il a parcouru les 24 365 milles du parcours théorique à la vitesse moyenne de 10,70 nœuds.
Distance réellement parcourue sur l’eau : 29. 067,67 milles à 12,76 nœuds de moyenne.

LES GRANDS PASSAGES

Equateur (aller)

31e le 27/11/2020 à 05h43 UTC, après 18j 16h 23min de course, 8j 16h 24min après le leader Alex Thomson (HUGO BOSS)

Cap de Bonne-Espérance

25e le 11/12/2020 à 10h53 UTC, après 32j 21h 33min de course, 10j 11h 42min après le leader Charlie Dalin (Apivia)

Cap Leeuwin

22e le 24/12/2020 04h43 UTC, après 45j 15h 23min de course, 10j 17h 17min après le leader Charlie Dalin (Apivia)

Cap Horn
21e le 13/01/2021 17h03 UTC, après 66j 03h 43min de course, 11j 03h 20min après le leader Yannick Bestaven (Maître CoQ IV)

Equateur (retour)
18e le 27/01/2021 21h48 UTC, après 80j 08h 28min, 11j 02h 36min après le leader Louis Burton (Bureau Vallée 2)

Son bateau
Architecte : VPLP
Chantier : Multiplast, Vannes
Mise à l'eau : 2019