L'arrivée du 16ème, 17ème et 18ème du Retour à La Base
Arnaud Boissières (La Mie Câline), Thomas Ruyant (For People) et Kojiro Shiraishi (DMG MORI GLOBAL ONE) ont rejoint La Base de Lorient ce matin aux aurores. Voici leurs réactions à l'arrivée.
Arnaud Boissières (LA MIE CÂLINE) - 16ème
À quelques jours du départ du Retour à La Base, il s’était offert une répétition générale en short et t-shirt, casquette « no risk no fun » sur la tête, entouré de toute sa précieuse équipe qui avait soigné aux petits oignons son joli bateau jaune. Détendu et « réellement reposé que depuis hier », Arnaud Boissières y témoignait de sa joie de s’offrir un nouveau tête-à-tête avec La Mie Câline. « C’est ça qu’on aime les challenges, pour moi, pour l’équipe, et pour tous les partenaires », disait-il avec sa constante « envie de se faire plaisir, et de faire plaisir aux autres ».
Et ça s’est senti dès les premiers bords, avec un départ canon et une descente de la Martinique dans le top 5 ! Mais quelle brioche avait-il mangé ? Les premiers jours au près sont un peu plus durs, mais progressivement, « Cali » retrouve son rythme de solitaire, en vieux routier de la flotte, dans le match des quinze premiers foilers. La pétole ne l’épargne pas avant le contournement de l’anticyclone des Açores, et à l’heure de mettre le clignotant vers la maison, le voilà 19e.
Un océan à traverser, voilà qui ne va pas effrayer celui qui espère prendre le départ l’hiver prochain de son cinquième Vendée Globe consécutif, rien que ça… Sur ses vidéos du bord, le skipper de La Mie Câline est fidèle à lui-même : calme et jovial, comme si les éléments, même déchaînés, n’avaient pas de prise sur son physique et son moral. Ça tire pourtant dans le gros temps, et un premier problème de bosse de ris l’empêche de hisser sa grand-voile en tête de mât. Ça ne l’empêche pas de tracer sa route, signant à l’approche des Açores une belle pointe à 32 nœuds qui l’impressionne lui-même ! Ça valait bien un bon gueuleton, tradition de la maison au passage d’une étape-clé sur le parcours… « Cassoulet à la créole » pour ce Retour à La Base !
Remonté à la 16e place à la hauteur des îles, il prend plaisir à « ce petit match constant à 4 ou 5 bateaux », notamment avec Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One), ou encore Conrad Colman (Mail Boxes Etc.) A moins de 36 heures de l’arrivée, son gennaker de capelage le lâche, l’obligeant à deux heures de bricolage dans des conditions rocambolesques. Jamais défaitiste, il commente la mésaventure : « On va faire avec, c’est pas la fin du monde. L’objectif c’est de finir la course et rentrer plein d’enseignements. Et puis de toutes façons, on devait la changer en 2024, on a juste pris de l’avance ! »
Derrière, au fond de son cockpit, on peut lire ces quelques mots : « Le bonheur est là ». Pour « Cali », assurément, le bonheur est partout quand il est en mer, mais aussi quand il rentre au port, bien accueilli par les siens.
SA COURSE EN CHIFFRES
Heure d’arrivée : 07 h 59 min 02 sec
Temps de course : 11 jours 14 heures 59 min 02 sec
Milles parcourus : 4 423,75 milles
Vitesse moyenne réelle : 15,86 nœuds
Vitesse moyenne sur l’orthodromie : 12,54 nœuds
Thomas Ruyant (FOR PEOPLE) - 17ème
Il a gagné la Route du Rhum, les deux dernières éditions de la Transat Jacques Vabre (2021, 2023) mais le Retour à La Base lui aura résisté. Thomas Ruyant, qui a terminé toutes ses courses sur le podium depuis le dernier Vendée Globe (hormis un abandon à la Guyader Bermudes 1000 Race l’an dernier), en a terminé ce mardi seulement au cœur du peloton.
LE RECORD ET LES GALÈRES
Pourtant, comme souvent avec Thomas Ruyant, tout avait (très) bien commencé. Il avait bénéficié de douze jours de repos en Martinique et se disait « plutôt impatient de prendre le départ ». « S’il y a une opportunité d’aller la gagner, je la saisirai », confiait-il sur les pontons. Après un contournement de la Martinique délicat – « ce n’était pas les allures favorites du bateau » a-t-il reconnu – le Nordiste est revenu sur le « top 5 » dans le long bord vers le Nord. Dès qu’il a pointé l’étrave vers l’Est, For People a ensuite affolé les compteurs. Entre le dimanche 3 et le lundi 4 décembre, il avalé 539,94 milles marins à 22,49 nœuds, battant le précédent record d’Alex Thomson (536,81 milles).
Mais il n’a pas vraiment eu le temps d’en profiter. Dans la foulée, il enchaîne les galères avec des problèmes à son système de safran et une grand-voile déchirée. Les velléités de victoire s’arrêtent net et une autre course commence, tenir en sachant que les places d’honneur s’envolent. « J’ai bien sécurisé le mât avec les bastaques car il n’est plus soutenu par la grand-voile, toute la traction se fait par mes voiles d’avant, explique-t-il. Je navigue à plat avec les deux foils dans l’eau pour éviter de trop giter ». C’est donc grand-voile affalée qu’il poursuit son chemin vers Lorient non sans cacher une certaine forme d’ennui jusqu’à la fin du parcours. Pas question d’être abattu pour autant : Thomas connaît trop les affres de la course au large pour savoir qu’il aura bien d’autres occasions de briller l’année prochaine.
SA COURSE EN CHIFFRES
Arrivée : 12/12/2023 08:59:46 FR
Temps de course : 11j 15h 59min 46s
Écart au premier : 2j 15h 55min 58s
Écart au précédent : 01h 00min 44s
Sur l'ortho : 3 497.42 nm / 12.49 nds
Sur le fond : 4 471.99 nm / 15.97 nds
KOJIRO SHIRAISHI (DMG MORI GLOBAL ONE) - 18ÈME
Même au plus fort d’une mer désordonnée et au milieu du gris menaçant du golfe de Gascogne, Kojiro Shiraishi prend le temps de nous envoyer une photo d’un arc-en-ciel qui traverse le ciel de part et d’autre de son étrave. Il est comme ça, le skipper de « DMG MORI Global One », qui tout au long de ce Retour à La Base, aura pris le temps de partager son aventure, et raconter combien il essaie, invariablement, de faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Sur cette transatlantique retour en solitaire, le marin japonais n’aura pas été épargné Après une belle entame de match dans le top 15, devant Pip Hare(Medallia) et Romain Attanasio(Fortinet – Best Western) grâce à la puissance de son plan VPLP de 2019, il accumule malheureusement les petits et gros bobos. A commencer par un souci sur son vérin de quille qui entraîne une petite voie d’eau, humidifiant généreusement d’eau salée plusieurs éléments électriques, dont les précieuses batteries… « J’avais bien senti une drôle d’odeur de brûlé », relate, souriant mais le visage marqué, Kojiro Shiraishi. Car même son écran d’ordinateur le lâche ! « C’est un peu comme courir dans le noir avec des œillères », résume-t-il.
Après neuf heures de bricolage, le voilà relancé pour attaquer le gros de la traversée ! Toujours 15e à l’approche des Açores, il se positionne plus au Sud de la flotte pour éviter le vent fort. « Les vagues sont hautes, et le bateau a tendance à enfourner », explique-t-il face caméra, rappelant que son objectif reste « la sécurité avant tout ». C’est donc « en mode conservateur » qu’il chemine vers Lorient, restant toujours optimiste : « J’ai des petits problèmes, mais pas de gros problèmes ».
Pris dans une bulle sans vent derrière le front, le skipper japonais est un peu à la peine pour faire avancer son bateau. Surtout, la fatigue s’accumule et son organisme commence à en pâtir. Douleurs dentaires, intestinales, blocage du dos… le marin de 56 ans avoue souffrir physiquement pour son retour en solitaire !
« J’essaie de faire de mon mieux », conclut-il invariablement ses messages, délivrant au passage une belle épreuve de courage. Jusqu’au bout, il ne s’épargne pas, suivant ses concurrents le long du Cap Finisterre et des côtes espagnoles plutôt que de piquer au large. A l’arrivée, la manière importe plus que le résultat, et c’est éreinté mais « heureux d’avoir fait le travail » que le Japonais a fait son entrée à Lorient.
SA COURSE EN CHIFFRES
Heure d’arrivée : 09 h 11 min 42 sec
Temps de course : 11 jours 16 heures 11 min 42 sec
Milles parcourus : 4 333,20 milles
Vitesse moyenne réelle : 15,46 nœuds
Vitesse moyenne sur l’orthodromie : 12,48 nœuds
Source : Retour à La Base
Info Teams
Problème technique pour Conrad Colman
Vendredi 29 novembre en fin d’après-midi, Conrad Colman a contacté son équipe et la direction de course suite à un black-out total à bord de MS Amlin. Ce samedi matin, après de longues heures de réparation, certains syst…
•••IMOCA Race Report #3 I Jour 18 sur le Vendée Globe
La flotte des IMOCA est désormais divisée en deux groupes distincts à l’approche du cap de Bonne-Espérance. En tête, le premier groupe, composé des leaders, évolue sous l’influence d’une dépression particulièrement inten…
•••