Image du bord newrest art fenetres team newrest r 1600 1200

Pour la première fois depuis le départ, aucune des trois classes de cette 14ème Transat Jacques Vabre Normandie le Havre n’a connu de changement de leader au premier pointage du matin.

L’alizé n’est pas un terrain où prévalent les grandes options. Chacun privilégie le pilotage et cherche le meilleur couloir au bout duquel se trouve la porte du Pot-au-noir, porte que le premier Multi50 atteindra en fin de soirée. Bénéficiant d’un meilleur angle par rapport au vent au fur et mesure qu’ils gagnent en latitude, les leaders creusent l’écart en Class40 et Multi50 alors qu’ils sont stables en IMOCA.

Match à tous les étages

Maintenant qu’en tête de flotte tous les IMOCA naviguent bâbord amures, la lecture du classement est plus simple et les positions se clarifient. Charal est toujours le patron et grappille mètre par mètre sur ses poursuivants. Son matelas est de 53 milles sur Apivia, le plus important depuis le départ. Derrière, un petit paquet de trois bateaux joue collé serré. 11th Hour a soufflé la troisième place à Banque Populaire par son petit décalage ouest et PRB est juste derrière aux aguets. Cinquante milles en retrait, Initiatives-Coeur, Corum L’Epargne, Groupe Apicil et Arkéa Paprec sont alignés comme sur une ligne de départ à 2000 milles de l’arrivée. Sur ce long bord où il est armé de son foil, le plan Kouyoumdjian du tandem Simon-Riou a repris deux places hier et peut encore rêver de podium.

Voilà qui promet de belles empoignades dans le Pot-au-noir que les leaders atteindront dans 36 heures environ, avant le dernier tronçon dans l’hémisphère sud  « Je t’avoue que pour l’instant, on ne regarde pas trop l’entrée dans le Pot. On surveille surtout le dévent des îles du Cap Vert. Le vent a pas mal tourné à gauche et j’espère qu’on ne va pas être obligé de se recaler. La bonne nouvelle, c’est que la mer s’est bien calmée. Il fait toujours chaud, mais ça mouille moins et c’est plus agréable d’être sur le pont. » se félicitait Christopher Pratt ce matin.

Encore derrière, il y aura du jeu jusqu’au bout autour de la onzième place avec cinq bateaux qui se tiennent en 100 milles et beaucoup d’écart en latéral. A noter aussi le bon retour dans le jeu de VandB Mayenne. Maxime Sorel et Guillaume Lebrec cravachent depuis leur arrêt à Brest lundi dernier. Après avoir doublé Time for Oceans, La Mie Câline Artisans Artipôle et La Fabrique, ils se hissent ce matin à la hauteur de Groupe Sétin et Water Family à la 19ème place…

Quant à Hugo Boss, après son accident d’hier, il navigue à toute petite vitesse pour essayer de rejoindre par ses propres moyens l’archipel des Canaries. L’équipage semble maîtriser la situation.

Les mots des skippers 

- Christopher Pratt - Charal 

La nuit est calme, ça faisait longtemps, ça glisse doucement avec moins de manœuvres et on est moins trempés. Ça reste quand même compliqué, il faut régler sans cesse tant que l’on n’est pas sorti du dévent du Cap Vert. Le vent a pris beaucoup de gauche (il prend une composante Nord NDLR). J’espère qu’il ne va pas falloir réajuster la trajectoire pour le Pot-au-noir. L’alizé bouge pas mal, ce qui fait pas mal de boulot en réglage ou à la barre

Il n’y aura pas d’écart décisif à l’entrée du Pot. On espère tenir le rythme, c’est toujours un passage compliqué, quand tu sors en tête tu as des chances de remporter la course, mais c’est impossible à dire maintenant

On est à 100% du potentiel du bateau, on n’a pas ouvert la caisse à outils depuis le départ et on est content du travail de l’équipe. Il fait chaud depuis un bon moment déjà, Charal est un bateau assez protégé donc il fait vite chaud sous la casquette et à l’intérieur, c’est dur de dormir

Il n’y a pas trop de soleil depuis le début, à part hier. Là on voit bien les étoiles, on a eu un petit peu de lune en début de nuit, mais c’est noir noir comme le bateau !

- Maxime Sorel - VandB Mayenne

Les dernières 24h font parties des journées de navigation que l’on ne rencontre vraiment pas souvent en plein atlantique. Mer plate, mi-soleil, mi-nuage, température de 25 degrés Celsius, 15/20 nd de vent avec un bateau à la vitesse du vent. C’était paisible à l’intérieur du bateau avec quand même des vitesses soutenues mais pas de saut de vagues, vraiment appréciable. La nuit dernière, nous avons empanné (changer de direction par rapport au vent qui vient de derrière) vers le sud après avoir contourné la dorsale de l’anticyclone. C’était le début des alizés et des grandes glissades.

Nous sommes toujours dans l’exercice de tirer le 100% des capacités de notre machine afin de remonter au classement. On arrive à tenir les vitesses des bateaux à foils autour de nous (La Mie Câline, La Fabrique,...) et à rattraper nos concurrents directs à dérives droites. C’est génial d’avoir réduit notre retard avant l’arrivée du Pot-au-noir mais il reste encore 2500 milles à parcourir et ça va être truffé d’embûches.

Cet après-midi, nous avons doublé l’IMOCA Time for Océans  à moins de 5 nm de distance. On l’apercevait au loin alors on a échangé quelques mots par radio VHF. C’était plutôt sympa d’avoir un contact extérieur. On a abordé le sujet d’HUGO BOSS qui semble vraiment être dans la panade pour se sortir de la situation. Courage à Alex et Neal à bord et à toute l’équipe afin de ramener le bateau à bon port.

Nous pratiquons un sport mécanique qui en plus est soumis à des risques extérieurs liés au milieu dans lequel il est pratiqué. C’est toujours la crainte la casse mécanique. Peu importe comment cela arrive mais il est certain qu’il faut être conscient que cela existe car c’est parfois dur à digérer. Il faut plusieurs mois ou année de préparation à une course et puis tout s’arrête brutalement !!
C’est un peu comme si à la finale du 100m d’athlétisme un coureur était amené à trébucher parce qu’un chien traverse devant lui ou qu’il marche sur un objet qui n’a rien à faire là. La sanction est immédiate mais inévitable.

Il reste encore environs 2,5 jours avant d’atteindre les portes du Pot-au-noir qui semble être assez costaud à traverser. On aura un petit aperçu de ce qu’il en est quand les premiers concurrents seront dedans.

Sinon la vie à bord n’est pas trop mal, les températures commencent à être très agréables. On a encore un peu de frais genre viande séché/ fromages/ pain et fruits donc on profite des derniers instants avant de faire du 100% sous vide ou déshydraté.J’espère que vous avez tous passé à bon week-end, maintenant place à une nouvelle semaine de travail ou votre rendement ne sera pas encore maximal car vous allez passer votre temps à actualiser la cartographie de la course, ahahaha ;-)

Bon début de semaine à tous et à très vite à bord du Dragon’ Boat VandB - Mayenne qui est à 21,53 nd de vitesse au moment où je termine de vous écrire.

- Fabrice Amedeo - Newrest-Art&Fenêtres 

Newrest - Art & Fenêtres évolue sous grand spi dans les Alizés. Le sujet du jour va être de passer les îles du Cap Vert et d’éviter leur dévent avant de poursuivre notre route vers le sud et le Pot au Noir. Toute la question va donc être de savoir si nous parvenons à nous décaler naturellement dans l’Ouest aujourd’hui ou si un empannage de recalage s’impose.
Ensuite c’est tout droit jusqu’au Brésil !

- Stéphane Le Diraison & François Guiffant - Time For Oceans 

Nous sommes à l'ouest des canaries, une petite houle d’Alizée, un vent de 18 à 23 nœuds, le bateau continu d’accélérer sans buter dans les vagues.Tout cela sous une demi-lune qui éclaire notre route, ça défile au compteur, les chiffres d’angle et de direction du vent... Les vitesses 16, 17, 18, 20 nœuds s'agitent sous nos yeux.Cette nuit, c'est le genre de nuit que nous aimons, tout y est réuni, la sensation de plénitude, le côté magique de la navigation...Vous allez vous dire que nous délirons, mais non, nous sommes juste heureux d’être mer ...

 Allez, nous y retournons.