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Il s'agit d'un tout nouveau bateau et d'un tout nouveau design avec une nouvelle configuration de safrans révolutionnaire. Le nouvel IMOCA de Jérémie Beyou participe à sa première course transocéanique et ne quitte pas souvent le podium....

Sur cette Route du Rhum-Destination Guadeloupe le skipper réalise une performance impressionnante sur son plan Sam Manuard, doté de safrans en V inversé et d'une étrave de scow.

Dans l'histoire de la Classe, très peu de bateaux ont été dessinés après un Vendée Globe, puis construits et mis à l'eau, et ont terminé la Route du Rhum. Jérémie Beyou est donc en passe de réaliser un exploit considérable et, jusqu'à présent, tout s'est déroulé à merveille.

Le skipper finistérien, âgé de 46 ans, avait dû abandonner la Route du Rhum 2018 sur son Charal 1, plan VPLP, en raison de problèmes techniques. Il a ensuite vu ses rêves de victoire dans le Vendée Globe s'envoler, après avoir dû revenir à quai aux Sables d'Olonne pour des réparations. Il avait finalement terminé 13e. Par conséquent, cette course est très importante pour lui.

Actuellement en troisième position, à 38 milles du nouveau leader Thomas Ruyant sur LinkedOut et à 30 milles de Charlie Dalin sur Apivia, Jérémie se bat pour rester au contact dans les alizés et se donner toutes les chances de monter sur le podium.

En vacation radio hier matin, il décrivait des conditions de vent arrière délicates et instables, avec des grains qui peuvent entraîner des pertes énormes. "Ça peut arriver et ça peut encore arriver, donc nous ne sommes à l'abri de rien", déclare-t-il. "Il faut continuer à pousser et à croire en soi".

Jérémie essaie de s'assurer qu'il arrivera bien à Pointe-à-Pitre en un seul morceau. "En ce moment, le vent se renforce et je fais attention au bateau car l'idée est de finir la course", continue-t-il. "Avec un nouveau bateau, être ici, c'est déjà pas mal. Il ne faut pas tout gâcher en faisant des bêtises, en poussant trop sur le bateau ou en réglant mal le mât... Je suis sur le podium depuis le début de la course, donc je serais énervé si je n'étais pas là à la fin."

En réalité, le Charal Sailing Team affirme que pour leur skipper, il est quasi impossible de ne pas repousser ses limites et celles de son bateau, tant le triple vainqueur du Figaro est un compétiteur Jérémie ne connaît pas le mot "conservateur", confie le directeur technique du team, Pierre-François Dargnies."C'est pourquoi nous avons dû préparer un bateau très robuste car nous savons qu'il ne peut pas gérer de manière conservatrice ; il veut gagner. Même quand je dis 'c'est la première course, nous devons finir et nous avons besoin d'expérience à bord', il dit 'oui, mais je vais pousser' parce que chaque course est importante pour lui."

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Pierre-François affirme que l’équipe est satisfaite de la performance du bateau au près, notamment lors les premières jours difficiles de la course. "Nous savons qu'au près, il est impossible d'égaler Apivia. L'objectif est d'être plus rapide que les autres nouveaux bateaux et nous avons pu nous comparer. Nous savons que nous pouvons faire mieux... mais aujourd'hui nous sommes vraiment heureux de nos performances au près", admet-il.

Au portant, il s'agit plutôt d'un travail au long cours, le bateau s'améliorant sans cesse, Jérémie essayant différentes configurations et réglages alors que Charal 2 s'envole vers la Guadeloupe. Cependant, le design unique des safrans - dans une position en "V" inversé - est en passe de réussir un autre de ses premiers grands tests et l'équipe est convaincue que cela est plus efficace que la configuration conventionnelle de Charal 1.

"La conception des safrans est très nouvelle et nous jouons avec le système avec précaution car nous ne voulons pas le casser", poursuit-il. "Nous sommes contents car le système est OK - il fonctionne à 100% sans problème - et nous sommes absolument convaincus que l'assiette du bateau est plus stable que sur Charal 1, même si ce n'est pas encore parfait. Nous devons travailler dessus, mais nous sommes heureux parce que le système fonctionne et nous savons que sur la transat retour un équipage, nous allons jouer avec et essayer beaucoup de choses et je suis sûr que nous pouvons progresser beaucoup avec ces safrans."

Pendant la préparation de cette course, le team Charal a été renforcée par Franck Cammas qui a amélioré les performances avec le zèle qui le caractérise. Selon Pierre-François, Franck Cammas - qui a récemment évoqué son rêve de participer lui-même au Vendée Globe - est le complément idéal d'une équipe qui a besoin de monter d'une ou deux marches de plus sur le podium.

"Ces quatre dernières années, nous avons eu un bon projet, avec beaucoup de deuxièmes et troisièmes places - avec des premières places aussi dans certaines petites courses et dans la Vendée Arctique - mais il nous manquait quelque chose pour gagner et je pense que Franck peut nous montrer comment faire", confie-t-il. "Il pousse beaucoup l'équipe et il va naviguer sur la transat retour de Point-à-Pitre à Lorient, où je suis sûr qu'il trouvera beaucoup d'améliorations encore à apporter au bateau."

L'autre IMOCA dans la même catégorie que Charal - nouvelle conception et construction post-Vendée Globe - est Malizia-Seaexplorer de Boris Herrmann, conçu par VPLP. Le skipper allemand pointe désormais en 25e position, à 750 milles des premiers, et n'est plus en mode course. Boris a découvert un problème structurel au niveau des cales de foil tribord et se contente de prendre soin de son bateau jusqu'à l'arrivée, se déclarant heureux d'avoir découvert ce problème maintenant et pas pendant The Ocean Race.

Alors que les leaders de la flotte IMOCA atteignent les dernières étapes d'une nouvelle traversée épique, l'écart entre les sept premiers - Ruyant, Dalin, Beyou, Kevin Escoffier (Holcim-PRB), Paul Meilhat (Biotherm), Maxime Sorel (V And B-Monbana-Mayenne) et Justine Mettraux (Teamwork) est de l'ordre de 200 milles.

Vient ensuite Benjamin Dutreux et, derrière, il y a eu de grands changements avec Sébastien Marsset qui a réalisé une performance remarquable sur son plan Farr 2006 sans foils, Mon Courtier Energie-Cap Agir Ensemble. Au cours des deux derniers jours, Seb Marsset, talonné par la Britannique Pip Hare sur Medallia dans le nord de la flotte, s'est hissé à une impressionnante 10e place et est désormais le premier bateau à dérive du peloton. Pip, en 11e position, le suit de près malgré une grand-voile déchirée.

Ed Gorman (traduit de l'Anglais)