L’équipe américaine de 11th Hour Racing Team se rapproche de son ambition de remporter The Ocean Race 2022-23 avec l'annonce de la conception et de la construction d'un tout nouvel IMOCA en Bretagne.

Pour concevoir, dessiner et construire ce bateau, ils ont réuni trois des équipes d'experts en course au large les plus expérimentées et les plus performantes.

Guillaume Verdier est l'un des architectes navals les plus prolifiques dans le domaine, avec une victoire dans l’America’s Cup et des records en Ultime, et il a participé à la conception de quatre des cinq derniers vainqueurs du Vendée Globe. Verdier réunit les meilleurs esprits du monde de la voile hauturière pour travailler en collaboration dans tous les domaines, de la conception structurelle, au routage, et de l'ingénierie à la dynamique des fluides numérique.

Le partenaire stratégique pour les aspects techniques et performances est MerConcept, la société dirigée par François Gabart qui a remporté le Vendée Globe en 2012 et le record du tour du monde en solitaire. MerConcept, une entreprise à mission, a récemment dirigé la construction de l’IMOCA de dernière génération, APIVIA, qui est l'un des favoris du Vendée Globe cette année. Un groupe de près d'une douzaine d'ingénieurs, de concepteurs et d'analystes travaillent sur les données nécessaires à la prédiction de performances du futur bateau.

Enfin, le bateau est construit par CDK Technologies, basé à Lorient et Port-la-Forêt. Le chantier qui a réalisé de nombreux bateaux de premier plan et notamment les trois derniers vainqueurs du Vendée Globe ainsi que le plus grand trimaran de course jamais construit, le Maxi Banque Populaire V (40m).

Charlie nous confie de ce qui a inspiré cette nouvelle étape pour l’équipe : « Lorsque nous avons appris que la Ocean Race allait être ouverte à l’IMOCA, une classe de développement, nous avons sauté sur l'occasion. Nous avons maintenant fait deux tours du monde en Volvo Ocean 65 monotype et nous sommes très enthousiastes à l'idée de franchir de nouveau step avec un processus de conception et de construction sur mesure. »

Le CEO de l'équipe, Mark Towill, complète : « Le défi que nous avons devant nous maintenant est de prendre un IMOCA et de le transformer en un bateau de course océanique pour un équipage complet et d'intégrer le Développement Durable à chaque étape du processus. C'est quelque chose que personne n'a jamais fait auparavant et c'est pour moi la partie la plus passionnante de notre campagne. »

Le copropriétaire de The Ocean Race, Johan Salen, s'est exprimé en juillet 2018 sur sa vision des équipes pour ce nouveau challenge en termes de design. "En ouvrant la prochaine course aux IMOCA et aux VO65, nous avons l'intention d'attirer les meilleurs marins, designers et équipes du monde pour relever le défi de participer au tour du monde en équipage. L'introduction des IMOCA apporte à la course un élément de conception et d'ingénierie qui nous permet de rester à la pointe de la technologie et de la performance et qui séduira les plus experts les compétitifs de notre sport. »

Le bateau est construit pour s'adapter au parcours unique de The Ocean Race qui compte jusqu'à 10 escales (dont deux traversées supplémentaires de l'équateur avec une étape vers l'Asie), ce qui inclut plus de vent et des angles de navigation plus serrés. En outre, il a été conçu pour répondre aux règles strictes qui prévoient un équipage de cinq personnes (quatre hommes, une femme) et un reporter embarqué (OBR), ainsi qu'un pilote automatique simple, uniquement en mode compas. Le nouvel IMOCA de 11th Hour Racing Team sera le premier du genre dans la Classe.

Cela semble relativement facile ? Pas vraiment ! La conception de ce bateau représente un véritable défi. Charlie explique que « Les IMOCA sont généralement construits pour les courses en solitaire. Les équipes ont donc droit à un pilote automatique intelligent qui utilise des données supplémentaires, notamment l'angle du vent et la gîte du bateau, pour aider les solitaires à rester dans la bonne direction. Ces bateaux sont construits avec un système de barre franche et les navigateurs barrent moins de 5% du temps et dépendent du pilote automatique pour le reste. Sur  The Ocean Race nous sommes limités à un pilote automatique en mode compas qui n'est pas aussi précis donc il est plus efficace de barrer 100% du temps. C'est pourquoi nous avons dû concevoir notre bateau avec deux barres à roue. Nous avons beaucoup réfléchi et passé beaucoup de temps à concevoir le cockpit et le pont pour que nos barreurs aient une ligne de vue vers l'avant du bateau et puissent voir les voiles, l'état du vent et l'état de la mer. Tout cela fait partie de l'excitant défi de conception. Cela permet à la course de rester fidèle à son ADN, à savoir que des marins barrent leur bateau dans le monde entier. »

Ils ont commencé ce nouveau processus de conception en juin 2019 et sont maintenant au stade de la réalisation d'une coque complète avec la structure du pont actuellement en cours chez CDK Technologies.

Armand de Jacquelot, l'ingénieur projet de cette nouvelle construction, chez MerConcept, « L’un des défis intéressants pour nous était de fusionner les deux cultures : celle de la France en solitaire et celle de The Ocean Race. Le bateau du 11th Hour Racing Team sera le premier IMOCA de cette génération ; c'est une position passionnante mais qui soulève aussi beaucoup de questions. »

« Nous avons passé peut-être trois fois plus de temps que d'habitude à travailler sur la réponse à certaines de ces questions, comme la configuration du cockpit. Nous avons construit une maquette grandeur nature dans le chantier pour que l'équipe puisse venir "jouer" à l'intérieur du bateau. Nous l'avons modifiée trois fois et nous sommes passés d'un concept à l'autre. Il a été assez difficile de trouver des réponses et de trouver une solution pour ce cockpit, l'habitabilité et l'obligation de barrer presque tout le temps mais je crois que nous avons réussi. »

Au cours de la construction, l'équipe en charge du Développement Durable, dont un membre est basé sur place en France, mesure et évalue l'impact environnemental de l'ensemble du processus de construction, tout en recherchant des matériaux et des techniques de remplacement, notamment l'utilisation du lin dans les éléments non structurels du bateau. Cela fait partie de l'ambition globale de laisser un impact positif sur l'environnement à la fin de la campagne.

Tous ces enseignements en matière de durabilité, menés par Damian Foxall et Amy Munro, permettront d'identifier les principaux points d'impact grâce à l'analyse du cycle de vie. L'équipe travaille avec la Classe IMOCA afin de développer et établir des normes de durabilité pour les constructions futures et partagera des ressources avec l'industrie maritime et la communauté de la voile pour encourager la mise en œuvre de plans de durabilité.

« Dès le départ, en tant qu'équipe, nous avons décidé que nous voulions avoir un impact neutre sur l'environnement mais faire moins de mal n'est pas suffisant. Nous voulons rendre tous nos domaines d'opération et d'influence nets positifs et régénérateurs, » explique Damian Foxall.