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Pour la deuxième fois consécutive, et après 11 jours, 21 heures, 32 minutes et 31 secondes de course, Thomas Ruyant et Morgan Lagravière, ont franchi en première position la ligne d’arrivée de la 16ème édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre.

Le plan Koch-Finot Conq, For People, a effectué les 3750 milles du parcours entre Le Havre et Fort-de-France à la vitesse de 13,17 nœuds sur l’orthodromie (route directe).

Il a en réalité parcouru 5425 milles à la vitesse moyenne de 19 nœuds (sur l’eau) !

HD TJV23 Imoca ForPeople 1911JML5595© © Jean-Marie Liot / Alea

Le duo en conférence de presse en Martinique

Le vacarme du bord

Morgan : "C’est extrêmement inconfortable. On avait les boules quies en permanence et il fallait se crier dessus pour se parler."

Thomas : "J'ai la voix cassée d'ailleurs ! Ça siffle encore beaucoup dans les oreilles et ça va siffler encore longtemps je pense. A bord, ça sifflait plus d’un côté que de l’autre. Ce sont les appendices qui sifflent. Alors c'est quelque chose qui se règle et il va falloir faire ce qu’il faut. Ce n’est pas un si gros problème, mais la transat a été difficile en partie pour cela, c'est vrai. C’était assez violent tout le temps."

Un bateau révolutionnaire

Morgan : "C’est un bateau exceptionnel, qui procure un plaisir que j’ai peu connu. C’est un bateau vivant. Au-delà d’être performant, il parle beaucoup, il est joueur, il nous a procuré beaucoup de plaisir, jour après jour, pour trouver ses différentes qualités. Il y a vraiment un gros travail réalisé par les architectes et l’équipe pour faire un bateau qui, pour moi, est révolutionnaire. L’illustration c’est que potentiellement, ils vont terminer premier et deuxième sur la course (Paprec Arkéa est un sistership). Je n’aurais pas aimé être à la place des autres (rires)!"

HD TJV23 Imoca ForPeople 1911JML5473© © Jean-Marie Liot / Alea

Des moments qui resteront longtemps en tête

Thomas : "Il y a notamment un moment que je vais garder longtemps en tête. Cinq jours après le départ, on commençait à être bien cramés. Un passage de front, une dorsale, un début d’alizés et là, on se retrouve au milieu des îles Atlantiques dans les Canaries avec tout le talent de Momo la barre, moi à la trajectoire. Là, on se regarde et on se dit qu’on faisait marcher l’un des monocoques les plus rapides du monde, qu'on avait cette chance. C’était un pur kiff. Je pense que notre transat a commencé là. Pour moi, ça s’est débloqué là, lorsque Morgan a commencé à prendre la barre. C’était vraiment un moment magique."

Le tournant

Morgan : "Il y a eu un vrai tournant. On s’est retrouvés à vue avec Paprec Arkea. On allait un petit peu plus vite. Jusqu’à présent, on était plutôt sous pilote automatique, même si on barrait déjà un peu. On s’est dit, c’est là qu’il faut qu’on marque des points. En fait, à la barre, on allait encore un peu plus vite que ce qu’on allait déjà. Mentalement, ils ont dû finir par craquer car ils ont fait une erreur de trajectoire assez marquée. L’intensité, on l’a mise dans les temps de barre. A la barre, on arrivait à passer vraiment des crans en termes de performances. A partir de là, on barrait 24/24."

La barre, la connexion avec l’avatar

Thomas : "Momo a barré plus que moi. Je ne sais pas s’il y a beaucoup d’IMOCA qui ont été autant barrés sur l’Atlantique."

Morgan : "Déjà, le bateau permet de barrer. Il y a plein de bateaux où tu ne peux pas barrer, parce que l’ergonomie ne le permet pas ou parce que la barre est trop dure. Au-delà d’être vivant, For People peut vraiment se piloter, transmettre ses sensations, c’est un peu la connexion avec l’avatar. On apprend énormément de choses quand on communique avec lui."

Thomas, à propos de la casse de cet été

"Pour nous, la Transat Jacques Vabre n’a pas démarré au Havre. Quand on casse le bateau en juillet sur la Rolex Fastnet Race, on se demande si on pourra être au départ. Toute l’équipe a su se mobiliser pour avoir le bateau prêt pour cette transat. Sans l’équipe derrière, on n’aurait pas fait ce qu’on a fait là et avoir aussi confiance dans la machine. On commençait déjà avant à bien cerner son potentiel et qu’il fallait maintenant le consolider."

HD TJV23 Imoca ForPeople 1911JLC5476© © Jean-Louis Carli / Alea

Thomas et ses trois victoires de transats consécutives

"Clairement, je ne suis pas tout seul. Il y a Morgan déjà. Clairement, il était là avec moi sur la Transat Jacques Vabre (2021), mais aussi sur toute la préparation de la Route du Rhum (2022). Et il y a tout un groupe bien sûr dans le projet et je prends aussi toujours autant de plaisir sur l’eau, j’aime ça."

Thomas, à propos du Vendée Globe

"J’ai pensé au tour du monde, mais surtout à la partie solo qui va commencer très vite avec le Retour à la Base (départ le 30 novembre). On parlait d’avatar, c’est exactement ça. On apprend à régler le pilote en barrant. J’étais concentré sur le réglage du pilote. Et il y a des modes de fonctionnement qu’on arrive à mettre en place en double, que je ne pourrai pas faire en solitaire. Donc on travaillait sur les réglages à mettre en place pour le solitaire. Il y a des leviers, le bateau a beaucoup de façons de fonctionner. Il y a un 'range' de nœuds plus importants que l’ancien.

On travaille pour gagner. Je sais que j’ai gagné les trois dernières transats, mais le Vendée Globe n’est pas une transat. C’est l’objectif et tout le groupe travaille pour cela. Dans un coin de notre tête, on fiabilise notre bateau pour le Vendée Globe. Les histoires de Vendée Globe ne s’écrivent pas en avance, mais c’est notre grand objectif."

HD TJV23 Imoca ForPeople 1911JLC5479© © Jean-Louis Carli / Alea

Thomas à propos de son émotion sur le ponton quand il a rendu hommage à Morgan

« Même si on se connait bien, cela n’empêche pas d’être ému. Les douze jours que l’on vient de passer avec Morgan, ce n’est pas du tout anodin. Ce sont des moments forts, où on se fait mal aussi pour arriver devant. C’est tout cela qui remonte à l'arrivée. »

La route nord

"Une fois qu’ils étaient au nord (Teamwork), on était concentrés sur notre route, on donnait tout sur notre trajectoire. Ils ont joué leur chance et ils l’ont bien fait car ils vont arriver bien placés. Cela nous a fait un peu peur car on voyait leur route longtemps gagnante. Finalement, on a eu plus de vent que prévu et on est allés aussi un peu plus vite que prévu."