Sam Goodchild face au défi du "FOMO" dès son premier Vendée Globe
À quelques jours du départ de son premier Vendée Globe, Sam Goodchild se questionne sur l’art de gérer son rythme. Les experts l’imaginent déjà sur le podium de cette mythique course autour du monde en solitaire, qui s’élancera des Sables d’Olonne ce dimanche, et ce, malgré le fait qu’il soit à la barre d’un IMOCA de seconde génération.
À 34 ans, le skipper britannique de l'IMOCA Vulnerable — anciennement LinkedOut, un bateau de l’écurie Thomas Ruyant Racing — doit cependant équilibrer ces attentes avec la nécessité de boucler le parcours. « Terminer la course, c’est déjà un premier objectif », avoue-t-il, conscient des défis à venir.
Pourtant, Sam Goodchild a un tempérament de compétiteur. Dès qu’il se retrouve en mer, il ne connaît qu’une seule manière de naviguer : à fond. Cette attitude pourrait poser problème lorsqu’il affrontera les conditions extrêmes, notamment dans le redoutable océan Austral. « Honnêtement, c’est l’un des grands inconnus pour moi dans ce Vendée Globe — comment trouver le bon équilibre entre l’endurance et la performance pure », confie-t-il. « Quand on traverse l’Atlantique en 10 ou 14 jours, on y va à fond tout le long. Mais le Vendée Globe, c’est différent. D’après ce que j’ai entendu, on pousse fort en descendant l’Atlantique puis, dès qu’un premier concurrent abandonne, le rythme se relâche un peu. »
Résister à la pression des favoris
Goodchild devra-t-il résister à la tentation de se mesurer aux favoris, tels que Thomas Ruyant, Charlie Dalin, Jérémie Beyou, Yoann Richomme ou Boris Herrmann, tous équipés de bateaux plus récents et performants ? « J’essaie de ne pas céder à cette pression », répond-il avec un sourire. « J’aimerais avant tout finir cette course, c’est mon objectif principal. Mais vous riez, car vous savez qu’une fois la ligne de départ franchie, ce sera sans doute une autre histoire. Je vais néanmoins essayer de trouver ce fameux équilibre… »
Malgré une préparation perturbée par un démâtage lors de la New York Vendée-Les Sables d’Olonne, Goodchild et son équipe ont su rebondir, en installant un nouveau mât et en optimisant leur bateau pour le grand départ. Un léger contretemps est venu troubler cette sérénité : une chute de vélo cinq jours avant le début de la course lui a causé une plaie à la main droite. « Ce n’est pas idéal juste avant deux mois en solitaire », concède-t-il. « Mais j’ai ce qu’il faut pour gérer ça, il suffit que ça ne s’infecte pas. »
Côté météo, le skipper se prépare à un départ relativement clément depuis les Sables d’Olonne. « Cela s’annonce comme un départ dans des conditions très légères, puis au portant », explique-t-il. « La suite est encore incertaine : soit le vent reste favorable jusqu’aux Doldrums, soit nous devrons partir à l’ouest pour contourner des vents faibles au large du Portugal et aller chercher un front. »
Boris Herrmann en embuscade
Non loin de Goodchild, sur les pontons du village de course, l’IMOCA au design unique de Boris Herrmann, le Malizia-Seaexplorer conçu par VPLP, attire tous les regards. Avec une préparation sans fausse note, l’équipe semble confiante. Après deux deuxièmes places lors des deux courses transatlantiques en solitaire de cette saison, le skipper allemand pourrait bien être le premier non-français à s’imposer dans cette compétition.
Holly Cova, manager de l’équipe, souligne l'importance du travail accompli lors de la dernière The Ocean Race. « Ces deux dernières performances dans l’Atlantique ont démontré tout le potentiel de Boris », assure-t-elle. « The Ocean Race a été un banc d’essai incroyable pour le bateau. Il n’y a rien de tel que de naviguer dans l’océan Austral avec un équipage de quatre pour pousser le bateau à ses limites. »
Will Harris, co-skipper de Malizia, partage cet enthousiasme tout en notant que les récents succès de Herrmann ont changé la perception de ses concurrents à son égard. « Personne ne s’attendait à deux podiums sur les transatlantiques. Ces résultats ont boosté notre confiance, et ont surpris les autres skippers qui ne considéraient pas Boris comme un sérieux prétendant auparavant. Maintenant, il a prouvé que notre approche est redoutablement efficace. »
Harris identifie Yoann Richomme comme une des plus grandes menaces pour Herrmann, aux côtés de Ruyant, dont les bateaux jumeaux, conçus par Antoine Koch/Finot Conq, sont d’une redoutable intelligence de conception. « Beyou et Dalin sont aussi à surveiller, mais leur style de course, inspiré du Figaro, les pousse à prendre des risques. S’ils parviennent à préserver leurs bateaux, ils seront redoutables, mais le Vendée Globe exige parfois de lever le pied. En tout cas, il y a une dizaine de bateaux capables de remporter cette édition », conclut Harris.
Ed Gorman (traduit de l'anglais)
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