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La pression monte dans les équipes à l’approche du départ de la troisième et ultime étape de The Ocean Race Europe. Cette course a conquis les marins de la Classe IMOCA qui sont ravis de pouvoir se confronter en ce début de saison sur un parcours nouveau et un format très rarement expérimenté avec leur bateau. Ils reviennent sur ces nouveautés très appréciées.

Une question d’adaptation

The Ocean Race Europe regroupe en IMOCA des marins aux expériences bien différentes. De The Ocean Race au Vendée Globe, en passant par l’Olympisme, tous ne cessent de dire que cette course nécessite beaucoup d’adaptation car aucun n’a expérimenté cela auparavant. “C’est très nouveau pour moi,” déclarait Annie Lush, légende de la Volvo Ocean Race, actuellement équipière à bord d'Offshore Team Germany, “C’est une expérience unique de pouvoir naviguer en équipage sur ces bateaux, personne n’avait jamais fait ça en course avant. On apprend tellement de chose à chaque étape que ça en devient une source de motivation !”

Au-delà du format innovant, c’est aussi tout une autre façon de naviguer que les marins ont découvert. En effet, les marins de la Classe IMOCA sont depuis toujours habitués à participer à des courses océaniques, plus ou moins longues, en solitaire ou en double. Les bords sont donc forcément plus longs et les manœuvres limitées, loin des nombreux virements que les marins doivent effectuer sur des courses proches des côtes comme The Ocean Race Europe. Pour Sébastien Josse, plus habitué aux courses classiques en IMOCA, l’équipage demande une façon de penser et d’agir bien différentes. “Nous devons nous adapter à un programme où dans le cahier des charges les manœuvres deviennent presque une priorité.” déclare-t-il. “Cela demande de l’entraînement. Les cultures en VO65 et en IMOCA sont différentes. De base, nos objectifs sont tout d’abord d’aller vite en ligne droite et là nous devons faire des zigzags donc la perte à la manœuvre devient plus importante.” 

Les différentes expériences des uns et des autres font que la cohabitation était un sujet de questionnement pour les équipes. Benjamin Dutreux, finisher du dernier Vendée Globe, appréhendait le passage du solitaire à l’équipage. “Le plus difficile quand on est à 4 ou 5, c’est que tout le monde trouve sa place.” Disait-il, “ C’est vraiment moins pire que ce à quoi je m’attendais car ce ne sont pas des bateaux faits pour accueillir confortablement autant de monde, il y a qu’une banette à l’intérieur et très peu d’endroit ou se poser à l’extérieur. C’est quelque chose de nouveau, on essaye vraiment de s’adapter et de trouver des solutions au fur et à mesure. ” 

OTG LES SABLES FD lowres 0409© Felix Diemer

Des teams complémentaires

Le format de course de The Ocean Race Europe impressionne les cinq équipages engagés en IMOCA du fait de la pression que les étapes impliquent. En effet, les 'finish' sont toujours aussi serrés malgré les milles qui séparent les villes de départ et d’arrivée. Dans ces situations, la complémentarité et la bonne entente sont primordiales et les équipes l’ont bien compris. “A bord de CORUM L’Epargne, cela se passe bien,”disait Sébastien Josse. “Benjamin et Marie sont de grand professionnels, ils ont chacun leur expérience et on voit que le large et les prototypes sont des choses qu’ils maîtrisent. Ben est plutôt à l’aise avec l’électronique et Marie travaille plus au feeling, elle a besoin de sortir la tête du bateau pour observer le plan d’eau. Ce sont deux approches opposées très complémentaires.”

“ Il y a une super ambiance,”poursuit-il, "même quand c’est difficile lorsque notre position n’est pas celle espérée, on reste positif à bord. Je peux vous parler de ce qui nous fait tous rire dans l’équipe ? Ben fait le “yoyo émotionnel” (rires). Mais je suis toujours là pour essayer de le faire rigoler !” 

Et puis même quand cela ne va pas, les marins ont leurs solutions. A bord d’Offshore Team Germany, l'équipage dont la mixité fait leur force, a trouvé une manière plutôt efficace de faire retomber la pression. “C’est assez marrant à bord car lorsque la pression monte, on retombe tous dans nos langages respectifs,”nous explique Benjamin Dutreux, “ à un moment donné tout le monde reprend sa langue natale donc il y a de l'Allemand, l’Anglais d’Annie trop rapide pour que je le comprenne et du Français, donc personne ne se comprend plus ! Ça nous oblige à poser les choses et à répéter doucement pour faire retomber le stress. C’est assez chouette ! "

Marie Launay