Shiraishi hopes to honour spirit of Yukoh after qualifying for Vendée Globe

Après 12 jours et 1 heure de course, Kojiro Shiraishi a coupé la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne hier, à 23h01, pour prendre la 7e place de la New York – Vendée (les Sables d’Olonne). Le Japonais est désormais qualifié pour le Vendée Globe. A 4 heures du matin, Fabrice Amedeo (Newrest – Matmut) en terminait également, pour la 8e place. De très honorables performances pour ces marins animés par l’esprit d’aventure.

Kojiro Shiraishi s’est encore rapproché du Vendée Globe, un rêve qu’il poursuit depuis des décennies. En coupant la ligne d’arrivée de la New York – Vendée du bonheur plein les yeux vendredi soir, le Tokyoïte a rempli une étape importante du processus qui mène à la qualification pour l’Everest des Mers, qui s’élancera des Sables d’Olonne le 6 novembre prochain. Il lui reste encore à trouver le complément de budget nécessaire à courir trois mois autour du monde avant de devenir le premier skipper asiatique à partir à la conquête des trois caps. Sa septième place, la propreté de la trace qu’il a dessinée sur le parcours de la transat ouest-est, sont remarquables, d’autant qu’il s’est porté acquéreur du bateau, l’ex- adopteunskipper.net de Nicolas Boidezevi, le 1er avril… soit moins de deux mois avant le départ de New York, le 29 mai dernier.

 

L’esprit de Yukoh Tada

Spirit of Yukoh est le nom de son bateau, hommage permanent à son maître, Yukoh Tada, qu’il a rencontré lorsque ce dernier, chauffeur de taxi et saxophoniste, remportait la première édition du Boc Challenge en 1983, en classe II. Devenu son élève autant que son préparateur technique, Kijori Shiraishi participera à plusieurs courses au large jusqu’à ce jour de 1991 où son maître mettra fin à ses jours. Ils avaient construit ensemble un 50 pieds, Koden VIII pour le BOC Challenge 1990-1991. Las, les problèmes s’enchaînent. Un mât endommagé à sa livraison, à l’aéroport, puis une quille mal fixée qui se désolidarise lors d’une des premières navigations donnent le ton. Durant le BOC, Yukoh Tada chavirera trois fois. L’échec lui sera insupportable et Kojiro Shiraishi aura la charge d’aller chercher ce bateau. Deux ans plus tard, à l’âge de 26 ans, il effectuera sur le même half, rebaptisé Spirit of Yukoh, un tour du monde en solitaire.

« Un immense honneur de régater avec les prétendants au titre du Vendée Globe »

Double détenteur du record de la traversée du Pacifique (une fois avec Bruno Peyron sur Explorer, en 2008 avec Lionel Lemonchois sur Gitana 13), le Japonais est parvenu à résoudre une équation qui a pesé sur ses choix météo de bout en bout : rallier la bouée Nouch Sud pour obtenir sa qualification pour le Vendée Globe, éprouver sa capacité à gérer un IMOCA60, monocoque loin d’être facile à manier, et s’immiscer dans le jeu de la compétition. « J’ai réussi à faire cette transat sans rien casser. C’était ma priorité.

C’était aussi un immense plaisir et un grand honneur de faire la course bord à bord avec tous les prétendants au titre du Vendée Globe. En l’espace de deux mois, toute l’équipe a très bien travaillé et c’est grâce à elle que tout cela a été possible. J’ai pu prendre la mesure de mon bateau, je suis en phase avec lui, je suis presque prêt pour le Vendée Globe. Ce bateau est très rapide et en l’apprivoisant encore plus, en m’entraînant encore plus, je pourrai aller encore plus vite ». Sa qualification sera sans doute saluée par le président de la fédération de voile japonaise qui envisage la présence de son compatriote sur le Vendée Globe comme « la troisième plus grande et bonne nouvelle pour le yachting japonais après l’attribution des jeux Olympiques à Tokyo en 2020 et la présence de SoftBank Japan à la Coupe de l’America’s Cup 2017 ».

« Le Vendée Globe est une aventure, mais je veux être compétitif  »

Globalement satisfait mais exigeant, il pointe le chemin qu’il lui reste à parcourir dans l’optique du tour du monde : « Le petit bémol est sportif : je manque encore d’expérience pour attaquer dans les moments où il y a de l’air. Ça viendra avec les milles et le métier. Je suis encore parfois en deçà de ce que j’aimerais faire, parce que c’est un gros bateau. Je viens du Class40 et la marche est très grande entre les deux. Je m’impose une certaine dose de raison pour naviguer en bon marin. »

Le bateau est quasiment prêt pour le Vendée Globe, il l’affirme. Le chantier d’été sera restreint, la priorité étant donnée aux rendez-vous de relations publiques et à l’entraînement. Histoire de pousser le curseur sportif un peu plus loin : « Je suis à 100% de mon niveau actuel. Quand le vent monte, je vais réduire la toile alors qu’il y en a qui tiennent très longtemps. Je pourrais tenir un peu plus longtemps, mais je manque encore de confiance. Ce sera l’objectif des entraînements à venir : me mettre en situation pour progresser et pouvoir monter le curseur performance.

Parce que le Vendée Globe c’est une aventure, mais je veux aussi être compétitif ». S’il jure n’avoir pas pensé à son projet ultime pendant la transat, « qui est déjà un parcours extraordinaire », le journaliste n’a pu s’empêcher de se projeter en rejoignant Port Olona : « Dans le chenal, j’ai pensé au Vendée Globe : dans quelques mois ce sera dans l’autre sens ». Ce sera alors une toute autre aventure, dans laquelle il compte bien défendre sa place face à des projets similaires au sien.

Des arrivées au petit matin, dimanche

Yann Eliès (Quéguiner – Leucémie Espoir), Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac) et Morgan Lagravière (Safran) en termineront avec leur transat après 13 jours de galères dimanche matin, entre 5 et 8 heures. Ces trois bateaux conçus pour jouer les premiers rôles ont connu des avaries dès le premier jour. Le temps de réparer sur la côte est des Etats-Unis et de repartir, le vent s’était échappé, et l’écart s’était creusé sur la tête de course, portée par une dépression jusqu’à l’entrée du golfe de Gascogne. Les deux derniers, Conrad Colman (100% Natural Energy) et Pieter Heerema (No Way Back) arriveront dans la soirée, entre 20 heures et minuit.