Vg2020 20210212 lediraison finishob 7890b basse dfinition vi

Ce jeudi 11 février à 22 heures 36 minutes (heure française), Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) a franchi la ligne d’arrivée des Sables d’Olonne à la 18e place après 95 jours, 08 heures, 16 minutes de course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.

Une ligne d’arrivée qui résonne comme une délivrance pour le marin de 44 ans qui a connu de nombreuses avaries et frôlé l’abandon. En terminant 18e, Stéphane réalise son rêve vieux de 30 ans de boucler le Vendée Globe, lui qui avait connu un démâtage dans le sud de la Tasmanie en 2016. Et malgré la dureté de la course, Stéphane a toujours su partager avec justesse et philosophie son Vendée Globe.

LA COURSE DE STÉPHANE

Stéphane Le Diraison aura fait preuve d’une détermination sans faille, acceptant les avaries, subissant une météo souvent peu favorable, vivant son rêve de gosse, heureux de s’être aligné sur cette 9e édition du Vendée Globe avec peu de moyens mais une immense envie cette fois de terminer. Cette énergie positive malgré les coups durs, lui vient sans aucun doute d’un gros pépin qu’il a connu à 16 ans, un accident de deux roues : « Il y a eu un avant et un après cet accident. J’ai gagné 10 ans de maturité d’un coup. C’est presque une chance que j’ai eue dans la vie. Ça m’a rendu déterminé dans tout ce que je fais. Parce que justement, je sais pourquoi je le fais.  Ça a été fondateur dans ma vie, dans mon parcours. » confiait le Breton avant le départ le 8 novembre dernier. Sur le même bateau qu’en 2016 mais allégé et cette fois doté de foils, le natif d’Hennebont, ingénieur en mécanique et matériaux composites, a également un message à faire passer à bord de son Time for Oceans : « Il est temps d’agir pour préserver la planète ! ». Peu avare de bons mots, Stéphane a écrit des messages poignants depuis le bord de son IMOCA, dont cet extrait au grand large des côtes de l’Uruguay lors de la remontée de l’Atlantique : « J'ai croisé à plusieurs reprises des navires de pêches usines. Ces monstres des mers opèrent en flottilles et raflent tout ce qui vit sous la surface à grands coups de filets. Nous connaissons tous l’existence de ces bateaux génocidaires, les voir en opération est choquant et souligne la propension des hommes à détruire leur environnement. Que pouvons-nous faire ? En tant que consommateur notre pouvoir est immense, nous avons le choix des espèces que nous achetons. »

Un tour du monde au contact

Jamais loin d’Alan Roura, ni d’Arnaud Boissières ou encore de Kojiro Shiraishi, Pip Hare et Didac Costa, Stéphane Le Diraison aura vécu le jeu de la régate avec la même intensité que les dix premiers du Vendée Globe. Une confrontation diablement exigeante qui lui a permis de naviguer au mieux, rechercher sans cesse la performance, puiser au plus profond de lui-même et créer des liens forts. « Tous les six, on n’aura pas besoin de beaucoup se parler, les regards suffiront, on sait ce qu’on a vécu et ce qu’on a partagé. On a hâte de passer du temps ensemble et on l’aura bien mérité. » exprimait il y a deux jours le skipper de Time for Oceans à la vacation. Une course dans la course jusqu’à la ligne d’arrivée à bord d’un IMOCA usé : « Le bateau est abîmé, hier j’ai une voile qui s’est déchirée. J’ai mes vérins de quille qui fuient, j’ai le gréement complètement détendu sans possibilité d’action avec le mât qui fait des figures de style pas possible, j’ai cassé mon hook de tête donc je ne peux plus mettre ma grand-voile haute… La liste est longue ! Le bateau me dit ramène moi… »C’est un marin heureux d’avoir réussi le challenge et sans aucun regret car il ramène avec lui ce qu’il était venu chercher : « Trouver en moi dans des énergies insoupçonnées ».

Vg2020 20210212 lediraison finishjlc 8019b basse dfinition vi

PREMIERS MOTS

"Le mot qui me vient est intensité. C’est fort, cette course est l’épreuve de tous les superlatifs. Je suis monté parfois très haut et parfois, j’ai dû faire appel à ma préparation mentale pour me remotiver. C’est fidèle à ce que je venais chercher : le défi, le dépassement de soi. Je me suis surpris à avoir une force physique et mentale que je ne pensais pas. C’est vraiment particulier, c’est propre au solitaire et au tour du monde. C’est tellement long, tellement exigeant. Il faut toujours trouver des ressources, c'est passionnant. Il faut trouver les bonnes stratégies pour y faire face. Et puis en arrivant, on retrouve tout le monde, on partage de belles émotions, c'est très fort. L'absence de transition est particulière. On est dans une sorte de dimension parallèle pendant 95 jours, dans une grande boîte en carbone. On coupe la ligne et cette boîte se remplit avec des amis, des caméras, c’est très particulier à vivre. C’est beaucoup d'émotions à gérer. C'est à l'image du Vendée Globe, les montagnes russes !"

LES STATS 

Il a parcouru les 24 365,74 milles du parcours théorique à la vitesse moyenne de 10,65 nœuds.
Distance réellement parcourue sur l’eau : 28 663,55 milles à 12,53 nœuds de moyenne.

LES GRANDS PASSAGES

Equateur (aller)

19e le 21/11/20 à 12h37 UTC, 2 jours 23 h 17min après le leader

Cap de Bonne-Espérance

18e le 06/12/20 à 17h41 UTC, 5 jours 18h 30 min après le leader

Cap Leeuwin

18e le 22/12/20 à 13h47 UTC, 9 jours 02h 21 min après le leader

Cap Horn

19e le 13/01/21 à 13h03 UTC, 10 jours 23h 21 min après le leader

Equateur (retour)

17e le 27/01/21 à 20h00 UTC, 11 jours 00h 48 min après le leader

Son bateau

Architecte : Finot-Conq
Mise à l'eau : juin 2007 (conçu pour Alex Thomson)

Même bateau qu’en 2016 pour Stéphane Le Diraison mais allégé et doté de foils