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Entre performance au près et coup de théâtre au départ, la première étape de The Ocean Race Europe a déjà offert son lot d’images fortes. Dès les premiers milles, Paul Meilhat sur Biotherm a pris deux points en franchissant le scoring gate en tête, avant de démontrer qu’il savait tirer parti d’une allure rarement mise en avant en IMOCA, le près, pour prendre l’ascendant sur ses concurrents.

Au même moment, le départ donné à Kiel, devant des milliers de spectateurs, a été marqué par une collision spectaculaire entre Allagrande Mapei Racing et Holcim-PRB, qui évaluent encore l’ampleur des dégâts à bord.

Le près n’est pas l’allure favorite des IMOCA, mais sur The Ocean Race Europe, elle devait être déterminante. Dès la première étape, Paul Meilhat et son équipage sur Biotherm ont prouvé qu’ils savaient en jouer : parfaitement réglé, le bateau a trouvé le mode idéal pour prendre l’ascendant et s’installer en tête de flotte.

Après près de deux jours de mer sur cette première étape entre Kiel, en Allemagne, et Portsmouth, sur la côte sud de l’Angleterre, Biotherm impose son rythme. Le plan Verdier mené par Paul Meilhat s’est montré redoutable au près, une allure pourtant exigeante pour un IMOCA, et a su creuser l’écart sur Paprec Arkéa de Yoann Richomme, actuel dauphin.

Le peloton s’est depuis resserré, comprimé par une zone de vents faibles en mer du Nord. Un passage qui a permis à Richomme de réduire de moitié son retard, à moins de huit milles. Mais l’avance de Biotherm avait déjà été forgée plus tôt, lors d’une longue séquence de virements de bord musclés le long de la côte nord du Danemark.

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« On tenait leur rythme au reaching le long du Danemark, mais au moment où le vent est passé au près, on a réussi à passer devant. Et une fois devant, on a continué à creuser l'écart », raconte l’Anglo-Australien Jack Bouttell. Aux côtés de Paul Meilhat, il s’aligne avec un équipage international composé du Britannique Sam Goodchild et la Française Amélie Grassi.« Au près, on avait un meilleur mode qu’eux, un petit plus de vitesse. Et avec quelques virements bien placés, on a pris une belle avance. »

« Le bateau était bien réglé, » poursuit-il. « On a enchaîné les virements au large du nord du Danemark, dans une mer formée. Physiquement, c’était dur, et pas vraiment la partie la plus “fun” de la course. Mais tactiquement et en navigation, on a mis le bateau au bon endroit et on l’a fait marcher. »

À bord de Biotherm, tout va bien. Paul Meilhat mène une équipe soudée et heureuse, sur un bateau sans problème technique. L’équipage a pu retrouver un peu de sommeil après une première nuit difficile où le bruit, les mouvements et l’intensité des manœuvres rendaient le repos impossible. Jack Bouttell explique : « Le bateau est en pleine forme, tout fonctionne parfaitement et l’équipage est vraiment agréable. Tout le monde s’entend bien, plaisante et passe de bons moments. » Il ajoute que lui et Sam Goodchild continuent de découvrir le bateau de Paul Meilhat, chaque IMOCA ayant sa propre manière de naviguer et de se régler : « À chaque quart, on apprend beaucoup. On essaye des choses, tout le monde est impliqué, et on découvre plein d’éléments sur le bateau. »

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Ce matin, Biotherm avançait à environ neuf nœuds dans un vent léger d’est-sud-est, approchant de la mi-parcours vers Portsmouth, encore à 653 milles nautiques, avec un vent faible prévu jusqu’à l’arrivée. Derrière, Paprec Arkéa (+8,8 nm) est deuxième, suivi par Team Malizia de Boris Herrmann (+12,7 nm). Be Water Positive de Scott Shawyer est quatrième (+37,6 nm) et Team Amaala, mené par Alan Roura, cinquième.

Accompagné de Simon Koster, Félix Oberle et Lucie de Gennes, Alan Roura explique que cette étape très technique est devenue de plus en plus intéressante : « On a eu un départ rapide, puis tout s’est compliqué. Il y aura des transitions sans vent et une arrivée avec courant et vent contraire. Ce n’est pas ce qu’on préfère, mais on est là pour jouer. En mer, on sait quand on part, mais jamais quand on arrive ni dans quelles conditions. »Sur un bateau plus ancien, il s’attendait à perdre plus de milles face aux foilers récents : « On n’a pas le bateau le plus rapide, mais on navigue bien, on optimise la route et ça nous sauve. Je suis heureux d’être dans cette course et je sais que tout peut arriver jusqu’à la ligne. »

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Comme sur Biotherm, le moral est bon à bord : « L’équipage se porte bien, mais on a dû se reposer aujourd’hui car on n’avait pas dormi la première nuit. L’ambiance est professionnelle et agréable. Tout le monde a adoré le départ, c’est un moment qu’on n’oubliera pas. »

Sur Biotherm, on sait que l’avance peut se réduire dans les vents faibles entre la côte du Yorkshire et le Danemark. Jack Bouttell explique : « Les bateaux derrière sont revenus un peu car nous sommes entrés les premiers dans la molle. Normalement, dans ce genre de situation, on peut reprendre de l’avance, mais ils avancent aussi, donc on verra. On a réussi à rester devant, et maintenant il faut voir comment on va s’en sortir. »

Ed Gorman (traduit de l'anglais)