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Toute nouvelle épreuve du calendrier IMOCA, cette course en équipage avec escales, au départ de Lorient le samedi 29 mai (13h45), propose un exercice totalement inédit.

De la Bretagne à Cascais, puis du Portugal à Alicante, avant le grand final à Gênes, The Ocean Race Europe réunit douze bateaux de deux catégories différentes : cinq prototypes IMOCA (18,28m) et sept monotypes VO65 (20m).

Pour la Classe IMOCA, l’épreuve offre aux skippers spécialistes du solitaire l’opportunité de se familiariser avec la navigation en équipage sur ce bateau tandis que les experts de l’équipage devront eux s’adapter à ce nouveau support. Les équipages sont également tous mixtes et nous avons donc demandé à deux navigatrices, aux parcours opposés, de se confier sur ce nouveau challenge.
 
Annie Lush, Britannique de 41 ans, une légende de The Ocean Race (ex-Volvo Ocean Race – Team SCA en 2014-15 et Team Brunel en 2017-18) et ancienne navigatrice olympique (Londres 2012), prendra part à la course avec Offshore Team Germany, dont l'équipage comprend également Benjamin Dutreux, l’une des révélations du Vendée Globe 2020. « The Ocean Race Europe s’annonce comme une expérience nouvelle car les marins solitaires et ceux habitués à naviguer en équipage vont apprendre à travailler ensemble, » confie-t-elle.

L’équipage a effectué les premiers entraînements à bord d'"Einstein", un plan Owen Clarke de 2011, ex-Acciona de Javier Sansó, qui a été totalement remis au goût du jour pour l’occasion. Annie Lush explique que l’équipe apprend à tirer le meilleur du bateau. Ensemble, ils travaillent les manœuvres en essayant d'être aussi efficaces que possible à bord de cet IMOCA qui a été conçu au départ pour la navigation en équipage très réduit, et donc limité en nombre de winchs, de drisses, etc…

OTG LES SABLES FD lowres 0147© Felix Diemer

 « Nous essayons de tirer le meilleur des expériences du Vendée Globe et de celles de The Ocean Race pour avancer vers un objectif commun. » déclare-t-elle à la Classe IMOCA depuis la base du team aux Sables d'Olonne.
 
« Avec seulement quatre équipiers et un pilote automatique, cela va être intéressant de trouver le bon compromis. » ajoute-t-elle. « C'est difficile de manœuvrer le bateau rapidement car on doit faire de nombreux changements de voiles sur un bateau qui est pensé pour la navigation en solitaire ou en double. »
 
« J'espère que les gens réalisent que c'est un exercice vraiment passionnant », poursuit-elle, « parce que personnellement, je trouve que c'est un très gros défi. Il n'y a pas que les manœuvres, c'est toute la façon de naviguer qui est différente de celle à laquelle je suis habituée dans les courses en équipage. Pour Benjamin aussi c'est complètement différent et j'apprécie vraiment de travailler avec lui pour essayer de trouver le juste milieu. »

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L’homologue d’Annie sur LinkedOut est la française Clarisse Crémer, première femme à avoir bouclé le Vendée Globe 2020 (Banque Populaire X) et nouvelle record woman de l’épreuve après Ellen MacArthur.
 
Pour Clarisse, le processus d'apprentissage de The Ocean Race Europe est à l’opposé de celui d’Annie puisqu’elle passe ici du solitaire à la course en équipage. « Vous savez, on n'apprend jamais autant que lorsque l'on fait une course », confie-t-elle. « Ce mode équipage sera très différent de ce que j'ai fait sur le Vendée Globe et c'est la meilleure façon d'apprendre. »
 
« Ce sera étrange d'être à bord d'un IMOCA avec quatre autres personnes, » poursuit-elle. « Après le Vendée Globe et le défi de courir en solitaire pendant des mois, tout semble plus facile, y compris The Ocean Race Europe. Avec d'autres personnes, on se sent beaucoup plus en sécurité donc on peut être plus détendue même si c'est vrai que le rythme va être très intense. »
 
L'intensité est un mot que l'on entend régulièrement lorsqu'on parle de The Ocean Race Europe avec les marins car ils se préparent à pousser leur bateau à fond sur un parcours où la terre ne sera jamais très loin. Pour performer, les décisions et les manœuvres sur les départs d’étapes seront très importantes, autant que sur les arrivées, notamment dans les petits airs.   

 B9A2501© Pierre Bouras

« Nous partons sur des étapes très courtes donc nous allons nous rapprocher et nous éloigner de la terre en permanence. Nous savons tous que cela signifie beaucoup de manœuvres et donc peu de sommeil ». Selon elle, la façon dont les marins gèreront leur sommeil sur ce bateau exigu et bruyant sera déterminante pour la réussite.

« Je pense que l'erreur dans cette course serait de se dire « Oh… ce ne sont que des étapes de trois jours alors je vais rester éveillée aussi longtemps que possible et vivre de barres énergétiques pour voir ce qu'il se passe »… parce qu'en fait, nous allons naviguer pendant un mois en tout et les capacités de celui qui essaye de fonctionner de cette manière se dégraderont très vite. Ce serait possible de tenter cela sur une étape mais impossible de récupérer vraiment …, »explique-t-elle.
 
Clarisse Crémer s'attend à des vents légers en juin, surtout lorsque la flotte entrera en Méditerranée, ce qui signifie que les changements de voiles seront nombreux et qu'il y aura peu de temps pour se reposer. « Les étapes vont durer trois ou quatre jours et nous serons quatre ou cinq à bord. On ne ralentira jamais et il faudra changer de voiles en permanence, ça va être assez intéressant. »
 
Pour Offshore Team Germany, The Ocean Race Europe servira de banc d'essai pour les techniques que l'équipe utilisera sur le tour du monde qui partira l'année prochaine. Annie Lush affirme que la façon dont ils naviguent sur le bateau changera radicalement à mesure qu’ils progresseront et qu’ils comprendront comment s’organiser à bord. « The Ocean Race Europe va être un test de gestion de l’énergie humaine à bord, de la façon de mener sur le bateau et de l’efficacité de l’équipage dans les manœuvres. »
 
Pour Clarisse, une partie du défi sera de faire partie d'un équipage sur un IMOCA et de recevoir des ordres de son skipper, Thomas Ruyant, qui travaillera étroitement sur la stratégie et la tactique de LinkedOut avec Morgan Lagravière. « Oui, je devrai faire ce qu'ils me disent », dit-elle en riant, « mais je suis sûre que je serai d'accord avec ce qu'ils décideront ! »

Propos recueillis par Ed Gorman (Traduit de l’Anglais)