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Après quatre jours de navigation dans des conditions météorologiques difficiles, la New York Vendée-Les Sables d’Olonne se révèle être une régate passionnante à suivre. Les skippers IMOCA tentent de déchiffrer une météo imprévisible, rendant la course encore plus haletante.

La course est actuellement dominée par un front météorologique lent qui avance vers l'est à la même vitesse que la flotte. Les deux leaders, Charlie Dalin sur Macif Santé Prévoyance et Boris Herrmann sur Malizia SeaExplorer, ont réussi à progresser suffisamment vers l'est ce week-end pour devancer ce front.

Naviguant dans des conditions météorologiques radicalement différentes de celles des bateaux derrière eux, ils ont déjà creusé un écart d'environ 300 milles nautiques avec le peloton. À présent, Charlie Dalin au sud et Boris Herrmann plus au nord sont séparés par environ 230 milles nautiques, mais les deux skippers se disputent la première place, étant presque à égale distance du but, encore à plus de 1 600 milles devant eux.

Le reste de la flotte, composée de 28 bateaux, est piégé derrière le front, avec un groupe important mené par le Britannique Sam Goodchild (Vulnerable) et le Français Jérémie Beyou (Charal). Ce groupe a opté pour une route sud en direction des Açores, les emmenant bien plus au sud que les deux leaders actuels.

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Dans tous les messages reçus de ces skippers, se dessine un tableau de marins contraints de manœuvrer sans relâche et de peiner à élaborer une stratégie météorologique cohérente. Les routages changent constamment et, pire encore, les prévisions divergent souvent considérablement des conditions réelles.

La jeune française Violette Dorange, à bord de DeVenir, brille dans cette course exigeante. Elle est actuellement en tête du classement des bateaux à dérive, devançant le Stand As One d'Éric Bellion. Elle semble trouver son compte dans l'imprévisibilité de ce défi.

« Le premier groupe a réussi à passer le front et je suis vraiment entre les deux groupes de la flotte maintenant », déclare la jeune skipper. « Chaque nouveau fichier de routage est différent. Aujourd'hui, ça me donne une route sud, alors qu'hier je me dirigeais vers le Groenland. C'est très incertain, donc il faut aussi se fier à son instinct et à la réalité de ce qui se passe en mer. »

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Parmi les compétiteurs se trouve Louis Burton, neuf places derrière Violette. Il partage les mêmes défis et incertitudes. « Le problème est que depuis le départ, les prévisions sont inexactes, même à court terme », rapporte le skipper de Bureau Vallée. « Nous attendons des angles de vent, des systèmes, etc., et il y a des écarts importants. Il y a des endroits où il devrait y avoir du vent, mais il n’y en a pas ; des endroits où il ne devrait pas y en avoir, mais il y en a. »

Louis mentionne également avoir heurté un objet métallique avant le début de la course, ce qui l'a contraint à effectuer d'importantes réparations à bord. Ces quatre derniers jours n'ont pas été faciles pour lui et il avoue ne pas avoir la moindre idée de quand il franchira la ligne d'arrivée, étant donné les incertitudes météorologiques, notamment la perspective de nombreux milles au près pour la plupart des concurrents.

« Je me projette trois jours à l'avance. Nous anticipons la présence des systèmes météorologiques, car nous avons une idée générale de la localisation des anticyclones et des dépressions. Gérer les transitions est crucial, mais nous sommes dans l'incertitude quant au moment précis où celles attendues dans les 12 prochaines heures se manifesteront : dans 12, deux ou 24 heures ? Ainsi, la planification à long terme n'est pas simple, surtout sachant que nous serons probablement contraints d'adopter une trajectoire médiane près d'un anticyclone, où les vents seront faibles », explique Burton.

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Parmi les skippers féminines, Justine Mettraux (Teamwork-Team SNEF) se classe actuellement cinquième, tandis que Pip Hare (Medallia) est neuvième. Clarisse Crémer sur L’Occitane En Provence occupe la 12e place, juste derrière Dorange. Crémer plaisantait en déclarant qu'elle poursuivait le même front météorologique éternellement.

Elle a connu une grosse frayeur en début de course lorsque ses pilotes automatiques ont lâché. « C’était vraiment un mauvais moment », confie-t-elle à la Classe. « Je ne sais toujours pas ce qui s'est passé, surtout que cela a affecté les deux pilotes. C'était un peu stressant et dangereux surtout. Chaque fois où je pense que ça va se reproduire, cela provoque un pic de stress. Je dois vivre avec et ce n'est pas facile. J'aurais aimé comprendre ce qui s'est passé… »

L’objectif pour Clarisse Crémer sur cette course est de reprendre confiance. Mis à part le problème de son pilote automatique, cette course s'avère jusqu'à présent être une expérience heureuse pour elle, après sa fin de course retardée lors de The Transat CIC, suite à de graves dommages structurels réparés aux Açores.

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« Je ne cherche pas vraiment à me démarquer dans cette course – mon objectif principal est de terminer », dit-elle dans un fichier audio bruyant envoyé depuis la mer. « Je veux naviguer aussi bien que possible, mais je veille à rester en sécurité. Je suis vraiment contente du début de la course... et c'est particulièrement agréable d'avoir des bateaux autour de moi pour naviguer - tellement mieux que d'être seule. »

Pour Crémer, comme pour tous les skippers de la course, il s'agit du dernier grand défi avant le Vendée Globe. Elle a déclaré que son attention était tellement concentrée sur cette transatlantique, et sur les trois qui l'ont précédée, qu'elle ne peut presque pas penser à la course autour du monde pour le moment.

Ed Gorman (traduit de l’anglais)