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C’était la candidature surprise apparue à la clôture des inscriptions au 1er novembre. Yann Eliès annonçait son intention de s’engager et d’entamer la construction d’un bateau neuf pour être sur la ligne de départ en novembre 2020. Tout un chacun savait que le planning serait extrêmement serré, mais avec ce diable d’homme, tout était possible.

Un mois plus tard, Yann Eliès a décidé de jeter l’éponge. Pour être prêt à temps, c’est à dire avec un bateau qualifié au 1er juillet, il fallait pouvoir démarrer le chantier immédiatement. Mais comme souvent, les dossiers n’ont pas pu avancer aussi vite que le navigateur briochin le souhaitait. L’objectif initial de construire une nouvelle unité en huit mois ne tenait plus.

VG : Yann, tu t’es finalement résolu à renoncer. J’imagine que ce n’est pas une décision facile à prendre ?

YE : "Évidemment. D’autant qu’on aura tout essayé pour y parvenir. On avait trouvé un partenaire, mais le temps de finaliser les dossiers, il est apparu que les délais de construction étaient devenus trop courts. On savait d’emblée qu’on était dans un timing extrêmement serré." 


VG : Pourquoi avoir décidé de construire un bateau neuf ?

YE : "D’une certaine manière, on était le dos au mur. Quand cette opportunité est arrivée, il n’y avait plus d’IMOCA disponible qui fut un peu compétitif. Compte tenu de mes Vendée Globe précédents, je ne me voyais pas partir sur un projet avec des ambitions sportives au rabais. La solution du bateau neuf était à haut risque, mais elle était cohérente." 


VG : Cela suppose d’avoir pris quelques garanties…

YE : "Sur le plan technique, on les avait. Damien Grimont et Liliane Fretté géraient tout l’aspect communication et marketing. Le chantier Multiplast était prêt à me faire une place et tenter l’aventure et Jérémie Beyou et son équipe était partants pour mettre à disposition le moule de Charal. Je n’étais pas seul, loin de là. De toute façon, sans eux, l’idée même de construire un bateau dans de tels délais n’était pas concevable."


VG : Du coup, quelles sont tes perspectives pour les années à venir ?

YE : "Je n’ai que l’embarras du choix. En avril, ce sera le départ de la Transat AG2R, en Figaro, une des rares épreuves qui manquent à mon palmarès. La Solitaire est aussi une course à laquelle je reste particulièrement attaché et ce serait l’occasion d’aller y chercher un quatrième titre. Je pourrais aussi être tenté par la Transat CIC en Class40 ou en Multi50. Je garde de très bons souvenirs de la Transat Jacques Vabre 2013 que j’avais gagnée avec Erwan Le Roux sur son trimaran. Mais si c’est en Multi50, ça supposera d’abord l’accord de mes proches : l’Atlantique Nord en multicoque en solitaire, c’est forcément très engagé !"


VG : Et l’IMOCA ? Quelles perspectives ?

YE : "J’ai plusieurs pistes. Si jamais il a besoin de moi, je serais ravi de continuer de travailler avec Charlie Dalin. On s’est formidablement entendu et je pense qu’il y a beaucoup à apprendre à fréquenter l’équipe de MerConcept. C’est une première hypothèse. Je serais assez partant pour un embarquement sur la prochaine Volvo maintenant qu’elle se court sur des IMOCA. Ce serait une belle opportunité d’engranger des milles. Les idées ne manquent pas…


VG : On connaît ta capacité de résilience. En 2009, juste après ton accident dans le Vendée Globe 2008 - victime d’une fracture du fémur en plein océan Indien, Yann avait dû attendre plusieurs jours avant d’être secouru par une frégate de la Marine australienne – , tu avais immédiatement rebondi par une victoire sur la Solo Concarneau avant de terminer 2e de la Solitaire ?

YE : "Oui, je m'en souviens, je marchais encore avec une canne. Bien sûr qu’il va falloir aller de l’avant. Ce n’est pas la première fois que la chance ne tourne pas en ma faveur. Mais ceux qui me connaissent savent que je ne vais pas rester longtemps les deux pieds dans le même sabot. En 2024, j’aurai encore l’âge pour jouer la gagne sur un Vendée Globe, ce n’est que partie remise."