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Nombreux sont les marins IMOCA participant à The Transat CIC qui ont longtemps rêvé de franchir la ligne d'arrivée et de glisser majestueusement devant la Statue de la Liberté. Aujourd'hui, ce rêve est devenu réalité pour Yoann Richomme, vainqueur de la 15ème édition de cette transat mythique.

Alors que son IMOCA Paprec Arkéa arrivait en baie de New York City ce matin, son skipper savourait chaque instant de l'une des arrivées les plus symboliques de la course au large.

"C'est presque irréel d'être ici, surtout lorsque l'on considère que nous avons quitté Lorient il y a à peine quelques jours", confie Yoann Richomme, double vainqueur de la Solitaire du Figaro, qui remporte ce jour sa deuxième course en solitaire en IMOCA d'affilée.

Cette performance remarquable témoigne de l'impact indéniable de Yoann Richomme sur cette flotte, un marin qui a déjà brillé en Class40 et qui applique désormais la même stratégie en IMOCA : un bateau rapide et méticuleusement préparé, associé à une approche compétitive incarnant ainsi l’expérience et la sérénité dans toutes ses actions.

"Il faudra un certain temps pour que je réalise", confie-t-il à propos de cette victoire, "Cela prouve que nous avons fait du bon travail et nous sommes satisfaits de ce que nous avons fait. Ce qui est rassurant, c'est que cette course présentait des similitudes avec le Vendée Globe en termes de conditions météorologiques. Je ne m'y attendais pas, car ce n'est pas ce qui se produit habituellement sur ce parcours.”

240507 PAPRECARKEA GLC 08919© Guillaume Le Corre / polaRYSE / Paprec Arkea

On dirait presque que Yoann Richomme doit se pincer pour réaliser son exploit. "En voyant le niveau de la compétition, on a l'impression que la victoire est presque hors d'atteinte et avec le niveau de préparation requis, la fiabilité des bateaux, il est très facile de rencontrer des problèmes et d'être hors jeu."

Ygj© Guillaume Le Corre / polaRYSE / Paprec Arkea

Pour le skipper, cette course a prouvé que son bateau est parfaitement adapté aux conditions musclées, comme l’ont aussi montré Malizia-Seaexplorer de Boris Herrmann et Initiatives-Cœur de Sam Davies, qui complètent le podium.

"Le bateau est comme un 4x4, il passe bien la mer, il n’y a pas d’arrêts brutaux donc la vie à bord est plus agréable. Le design du bateau est fait pour cela. Je ne pense pas vivre la même expérience que les autres.", affirme-t-il.

Boris Herrmann, derrière lui, a mené une course impressionnante et a franchi la ligne d'arrivée seulement deux heures et 20 minutes après le vainqueur. Cette performance est à ce jour la meilleure du skipper allemand en solitaire, mais pour lui, sa meilleure performance reste le Vendée Globe.

070524 Malizia ML 23© Marie Le Floch / Team MALIZIA

Les deux skippers n’ont pas omis de mentionner le rythme soutenu de cette course à travers l'Atlantique Nord. Du vent de près au portant musclé, les équipages n’ont pas été ménagés.

"Cette course d'une semaine a été très intense et nous a donné un aperçu de ce à quoi nous pourrions nous attendre cet hiver", déclare Boris.

Il est arrivé à New York heureux de voir son IMOCA optimisé, notamment grâce à sa participation à The Ocean Race l’an dernier.

"Je pense que mon bateau est plutôt bon, il se comporte très bien dans ces conditions où il y a un peu de brise. Maintenant, je vais devoir convaincre mon équipe de ne rien changer d'autre dessus ! Nous devons faire avec ce que nous avons et nous assurer qu'il est aussi fiable que possible ! Il sera tel quel aux Sables d'Olonne le 10 novembre", conclut-il.

Boris Herrmann était ravi de voir un podium international et un mélange d'architectes représentés par les trois premiers de cette course historique, allant de VPLP pour son bateau, à Sam Manuard pour celui de Sam Davies et Koch/Finot-Conq pour le foiler de Yoann Richomme.

VO CIC 4643© Vincent Olivaud / The Transat CIC

Sam Davies signe également une performance remarquable sur cette course. Après une solide saison en 2023, la skipper d’Initiatives-Cœur prouve une belle connaissance de son monocoque alors qu'elle prépare sa quatrième participation au Vendée Globe.

Pour elle, cette course n’était pas de tout repos. "J'essayais de trouver le mot pour le décrire en français et je pense que c’est : acharnée. Il n'y avait littéralement aucun moment pour souffler. Je faisais juste le tour du bateau en pensant 'Je n'ai pas utilisé cela, ou cela, ou cela.' Mais ce n'était pas que je ne voulais pas, juste que je n’avais tout simplement pas le temps. C'était vraiment épuisant car tout changeait beaucoup."

Sa course a commencé sur les chapeaux de roue avec un départ ultra rapide. "Le bateau était un véritable vaisseau spatial", explique-t-elle. "Ce n'étaient pas vraiment des conditions classiques pour ce bateau, mais depuis que nous avons changé les foils, cela a fait une énorme différence."

La skipper anglaise de 49 ans était tellement stupéfaite par la vitesse de son bateau qu'elle en a plaisanté avec son équipe à terre. "J'ai envoyé un message à mon équipe en leur demandant s’ils n’avaient pas installé un turbo sans m'en parler ! (rires) J'ai bien fait quelques choses, mais avec un bateau aussi rapide, cela m'a grandement facilité la tâche."

 

Sam Davies à l'arrivée de The Transat CIC

Il est évident que l'expérience de Sam est inestimable dans ce type de course, où elle a à peine commis d'erreurs en termes de stratégie et de navigation. À l'arrivée, elle a souligné son engagement à suivre sa propre voie, une approche qui s'est avérée payante.

"Tout au long de la course, j'ai été déterminée à ne pas me laisser perturber par mes concurrents, à ne pas me soucier de la performance, des décisions à prendre ou de la meilleure route à suivre", explique-t-elle. "Je ne voulais pas simplement suivre le mouvement, mais plutôt suivre mon intuition. Bien sûr, je ne pouvais pas totalement ignorer les autres, car c'était une course, mais parfois, le stress de se demander si on était bien positionné par rapport aux autres, et si on avait pris les bonnes décisions, peut être épuisant. Et c'est lorsque vous êtes fatigué que vous commettez des erreurs."

Elle affirme que sans un problème de l'enrouleur de gennaker et un souci de barre, elle aurait pu terminer plus près de son concurrent Boris. Néanmoins, cela reste une performance remarquable d'une navigatrice désormais pleine de confiance pour le Vendée Globe !

"J'ai dit avant cette course - et j'espère ne pas me porter malheur - que si mon bateau et moi arrivons à New York, et si je navigue comme je le souhaite et arrive là-bas avec un bateau en bon état, alors c’est de bon augure pour le Vendée Globe - je me sens prête."

 

Ed Gorman (traduit de l’anglais)