Les IMOCA sur la Rolex Fastnet : la course au large à son plus haut niveau

L’une des classes de voiliers de course au large les plus historiques et constamment à la pointe de l’innovation est l’IMOCA. Ces monocoques de 60 pieds sont les voiliers de course au large les plus avancés au monde. La classe est utilisée depuis les débuts du Vendée Globe en 1989/1990, et plus récemment dans The Ocean Race en équipage.
Aujourd’hui, la classe IMOCA intègre régulièrement la Rolex Fastnet Race dans son championnat annuel.
L’histoire des IMOCA remonte à 1980, lorsque le Royal Western Yacht Club imposa une longueur maximale de 56 pieds pour sa course transatlantique en solitaire, l’OSTAR. Cette limite fut adoptée pour la première édition du BOC Challenge en 1982-83, avant d’être portée à 60 pieds dès 1984. C’est ainsi qu’est née la classe des « Open 60 », alors très libre, uniquement contrainte par la longueur. Très vite, des règles de sécurité furent introduites, comme la fameuse « règle des 10° » (interdisant à un bateau de gîter de plus de 10° avec ses ballasts) ou l’obligation de compartiments étanches.
La classe IMOCA est officiellement fondée en 1991. À la fin des années 1990, de nouvelles règles de stabilité sont mises en place pour prévenir les chavirages sans redressement automatique, comme ceux tristement célèbres du Vendée Globe 1996. Depuis, la jauge a considérablement évolué : certains éléments sont désormais standardisés, tels que le mât, la bôme, le système de quille basculante ou encore le fût de quille.
Depuis une dizaine d’années, les IMOCA connaissent une révolution technologique. Les foils leur permettent désormais de « voler » au-dessus de l’eau. Ces appendices ont évolué, rendant le décollage plus facile et la stabilité en vol bien meilleure. Loin de freiner l’engouement, cette sophistication attire toujours plus de marins : ils étaient 40 sur la ligne de départ du dernier Vendée Globe, un record.
À leurs débuts, les Open 60 faisaient figure d’outsiders face aux bateaux construits selon les règles strictes de l’IOR, chères au RORC. Mais l’introduction de la jauge IRC à la fin des années 1990 a changé la donne. En 1999, Catherine Chabaud marque les esprits en remportant la Fastnet Race toutes classes confondues en temps compensé IRC avec son Whirlpool-Europe 2. Depuis 2005, les IMOCA courent en flotte propre dans la Rolex Fastnet Race. Le plus titré reste Vincent Riou, vainqueur à trois reprises avec différents PRB (2007, 2011, 2015).
Les performances des derniers IMOCA sont tout simplement bluffantes. Lors de la dernière édition de la Fastnet, Charlie Dalin (MACIF) a dominé la course : il s’impose en IMOCA, décroche les honneurs en temps réel chez les monocoques, et établit un nouveau record avec un temps de 2 jours, 7 heures, 16 minutes et 26 secondes. Une moyenne de 12,57 nœuds — certes inférieure aux 15,37 nœuds de moyenne sur les 23 905 milles théoriques de son Vendée Globe, mais remarquable face à des unités bien plus imposantes.
Malheureusement, Charlie Dalin a été contraint de suspendre sa campagne IMOCA cette année pour raisons de santé, laissant le champ libre à ses rivaux.
Parmi eux, un nom se détache : Yoann Richomme. Double vainqueur de la Solitaire du Figaro et de la Route du Rhum, il a terminé deuxième derrière Charlie Dalin lors du dernier Vendée Globe comme de la Rolex Fastnet Race 2023 — avec moins de quatre minutes d’écart à l’arrivée. Il poursuit sa route à bord de Paprec Arkéa, un plan Antoine Koch / Finot-Conq lancé en 2023, bien décidé à inscrire son nom au palmarès.

À surveiller également : Association Petits Princes–Queguiner, un nouveau sistership de l'IMOCA MACIF Santé Prévoyance, mis à l’eau en février dernier. Ce plan Guillaume Verdier a bénéficié d’une forte implication de l’équipe MerConcept de François Gabart. À la barre, Élodie Bonafous, 29 ans, ancienne championne du monde de J80, qui a terminé dans le top 8 lors des trois dernières éditions de La Solitaire du Figaro. Elle est épaulée par un équipage de classe mondiale, comprenant un ancien vainqueur de la Solitaire, Yann Eliès, qui a ensuite brillé en IMOCA. L'IMOCA Association Petits Princes–Queguiner a déjà signé une prometteuse deuxième place lors de sa toute première course, la Course des Caps autour de la Grande-Bretagne en juin.
À propos de la Rolex Fastnet Race, Bonafous déclare :
« C’est un monument de l’histoire maritime qui nous donne une dimension internationale et l’occasion de nous mesurer aux plus grands marins. C’est aussi un événement emblématique qui rassemble les plus beaux bateaux du monde, des plus petits aux plus grands. Et symboliquement, quand on pense à la Rolex Fastnet Race, on pense à ces images de bateaux dans le Solent et au large des Needles. D’un point de vue sportif, le parcours est classique et bien connu. Le Fastnet, c’est un peu notre Cap Horn de l’hémisphère Nord. Et je suis très heureuse de faire cette course en équipage, car la compétition s’annonce intense, avec un très haut niveau de jeu. »
© romain_marie
Il ne faut jamais sous-estimer Jérémie Beyou, triple vainqueur de la Solitaire du Figaro, de retour avec son Charal dessiné par Manuard. À 49 ans, Beyou navigue en IMOCA depuis plus de vingt ans. Bien qu’il n’ait pas encore remporté le Vendée Globe, il y a décroché son meilleur résultat en 2016-2017 avec une troisième place. Vainqueur de la Rolex Fastnet Race en 2019, il revient avec son plan Manuard de génération 2022, à bord duquel il a terminé quatrième du dernier Vendée Globe. Il est accompagné notamment par Tom Dolan, skipper irlandais spécialiste du Figaro et vainqueur de La Solitaire du Figaro 2024.
La Britannique Sam Davies évolue en IMOCA depuis aussi longtemps que Beyou, après sa quatrième place sur le Vendée Globe 2008-2009. Son bateau Initiatives-Cœur 4 est lui aussi un plan Manuard, d’une génération proche de celui de Beyou. Elle régate avec un équipage majoritairement féminin, comprenant Violette Dorange et l’Italienne Vittoria Ripa di Meana. Véritable source d’inspiration, Dorange est devenue en 2018, à l’âge de 18 ans, la plus jeune participante de l’histoire de la Mini Transat. Elle a ensuite enchaîné trois saisons en Figaro, avant de se lancer dans une campagne à petit budget pour le Vendée Globe 2024-2025. À 23 ans, elle est devenue la plus jeune concurrente de l’histoire de l’épreuve (un an de moins que Ellen MacArthur en 2000-2001), terminant 25e sur 32 arrivants avec son bateau Devenir.
Les huit IMOCA engagés comptent tous des femmes à bord, mais seules trois skippers sont des femmes. En plus d’Élodie Bonafous et Sam Davies, on retrouve Justine Mettraux, ancienne équipière de Davies au sein de Team SCA, aujourd’hui à la barre de Teamwork - Team SNEF, avec lequel elle a terminé huitième et première femme du dernier Vendée Globe. Ce bateau est l’ancien Charal, un plan VPLP de 2018-2019, que Jérémie Beyou avait mené à la victoire lors de la Rolex Fastnet Race 2019 et à une deuxième place en 2021. Depuis la fin du Vendée Globe, Mettraux s’est associée à Xavier Macaire, grand nom du Mini, du Figaro et de la Class40, au sein de Team SNEF. Ensemble, ils construisent un nouveau bateau, Teamwork-Team SNEF II, un plan Verdier dont la mise à l’eau est prévue pour l’an prochain.

Pour le Canadien Scott Shawyer, la Rolex Fastnet Race a un goût d’inachevé : en 2023, il avait dû abandonner suite à la casse d’un hauban.
« J’ai vraiment hâte d’y participer – c’est une course absolument mythique », déclare-t-il. « On a navigué dans le Solent pendant plusieurs fois, et même autour du Rocher du Fastnet à plusieurs reprises, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de faire tout ça dans le cadre d’une course. »
Depuis, Shawyer a acquis un IMOCA plus moderne, doté de foils : l’ancien 11th Hour Racing, vainqueur de The Ocean Race et troisième du dernier Vendée Globe sous les couleurs de Groupe Dubreuil avec Sébastien Simon.
Ancien PDG et fondateur de JMP Solutions, une entreprise canadienne spécialisée dans les technologies industrielles, Shawyer mène aujourd’hui le projet Canada Ocean Racing – Be Water Positive, managé par l’ex-skipper IMOCA Nick Moloney. Il s’entoure d’un nouvel équipage, comprenant la Britannique Pip Hare, ainsi que le Français Sébastien Marsset (Hare et Marsset ont tous deux participé au dernier Vendée Globe).
Shawyer apprend encore à dompter sa monture volante :
« La puissance de ce bateau et son potentiel de vitesse sont incroyables. Une fois qu’il se met sur les foils, ça fuse ! La navigation peut être confortable sur certains angles, et beaucoup plus violente sur d’autres… Il faut donc apprivoiser la bête pour qu’elle reste rapide mais vivable. On ne veut pas tout casser, et ça ne peut pas être brutal en permanence, il faut choisir ses moments. »
Deux bateaux plus anciens seront également au départ : Coup de Pouce de Manuel Cousin et Fives Group–Lantana Environnement de Louis Duc, respectivement 31e et 26e du dernier Vendée Globe. Mis à l’eau en 2010, Coup de Pouce est l’ex-Foncia II de Michel Desjoyeaux, qui avait terminé deuxième du Vendée Globe 2012-2013 sous les couleurs de Banque Populaire. Quant à Fives Group–Lantana Environnement, c’est l’ancien PRB de Vincent Riou, un plan Farr de 2006, qui avait pris la troisième place du Vendée Globe 2008-2009.
Source : Rolex Fastnet Race
Info Teams
Le skipper Sébastien Marsset dévoile un modèle inédit de sponsoring… qui s’autofinance
Devant un public de dirigeant·e·s et de partenaires économiques réunis pour une conférence exceptionnelle, le skipper Sébastien Marsset a présenté ce jeudi une innovation rare dans le sport professionnel : un modèle de s…
•••PODCAST. Pos. Report #236 avec Jérémie Beyou
Ce 236e épisode de Pos. Report reçoit Jérémie Beyou, vainqueur en Imoca de la Transat Café L’Or aux côtés de Morgan Lagravière à bord de Charal.
•••