Fastnet ArmelVrac629 1

Il y a un fort niveau de jeu en IMOCA et cette 50ème édition de la Rolex Fastnet Race s’est révélée particulièrement engagée pour les 29 duos en lice.

 À tous les étages du classement, la lutte a été féroce, offrant d’incroyables bagarres, à l’image de celle qui a opposé en tête de flotte, le tandem de Yoann Richomme - Yann Eliès (Paprec Arkéa) à celui de Charlie Dalin - Pascal Bidégorry (MACIF Santé Prévoyance). Ces derniers l’emportent sur le fil, avec quatre petites minutes d’avance sur la ligne d’arrivée, lundi soir, à Cherbourg-en-Cotentin.

Un départ spectaculaire avec 450 bateaux dans le Solent samedi, une première partie de course avec jusqu’à 40 nœuds de vent, une remontée au près éprouvante jusqu’au célèbre phare du Fastnet, une descente express au portant vers les Scilly puis des derniers milles dans un vent mollissant et quelque peu aléatoire : la mythique Rolex Fastnet Race s’est donc montrée fidèle à sa réputation.

Sur le parcours de 695 milles, entre Cowes et Cherbourg-en-Cotentin via le célèbre phare irlandais, les marins ont connu peu ou pas de temps morts. « Ça a été une course particulièrement intense, avec un niveau incroyable où personne n’a jamais rien lâché ! », résume Pascal Bidégorry, co-skipper de Charlie Dalin, qui a indiscutablement frappé un grand coup, en remportant sa première course à bord de MACIF Santé Prévoyance, un mois jour pour jour seulement après la mise à l’eau du nouveau plan Verdier !

Fn23d2 1995© Paul Wyeth

« Nous sommes vraiment contents. On ne s’attendait pas à ça, surtout au vu des conditions météo. On s’était posé la question de savoir si c’était raisonnable de participer à l’épreuve avec un bateau si neuf. Forcément, on est vraiment heureux que cela se soit si bien passé. On n'a pas sorti la caisse à outils une seule fois ! Je suis bluffé par le travail qui a été réalisé par l’équipe, tant sur la construction que sur la mise au point », commente Charlie Dalin avant de poursuivre. « La fin de parcours a été incroyable, au coude-à-coude avec les gars de Paprec Arkéa. C’est précisément pour se mesurer à de talentueuses équipes et à de supers bureaux d’études que l’on fait de l’IMOCA », commente le skipper qui ne pouvait espérer meilleur scénario pour une première. « En course, c’est clairement là où on apprend le plus car tout le monde est à fond. Nous avons découvert énormément de choses et ce n’est que le début », assure Charlie qui décroche cette année, sa troisième victoire en quatre participations à la Rolex Fastnet Race.

Le skipper signe, en prime, une première place au scratch chez les monocoques toutes catégories confondues. « C’est la cerise sur le gâteau », concède le double Champion IMOCA (2021 et 2022) qui se réjouit surtout du niveau de jeu qui ne cesse de s’élever. « Les bateaux, notamment au niveau des carènes, continuent de progresser. Chacun a ses points forts et ses points faibles que l’on découvre petit à petit. Cela pousse naturellement les marins et leurs teams vers le haut », conclut le skipper de MACIF Santé Prévoyance.

230724 polaRYSE PaprecArkéa ArrivéeFastnet A747474© Yann Riou / polaRYSE


Une flotte IMOCA en perpétuelle progression

Un sentiment pleinement partagé par Yoann Richomme dont le duel n’a pas été sans rappeler à certains l’année 2016, une saison lors de laquelle les deux hommes, alors tous les deux dans le Team MACIF, se sont partagés les premières et deuxièmes places sur le circuit Figaro. « De nombreux équipages ont un très fort potentiel. Nous voyons bien qu’il y a du match à tous les étages, ce qui est forcément très intéressant même si, logiquement, le moindre problème technique met désormais un concurrent immédiatement hors-jeu », commente le double vainqueur de la Solitaire du Figaro et de la Route du Rhum en Class40. Yoann et Yann ont longtemps mené les débats lors de cette Rolex Fastnet Race, faisant preuve d’une belle maîtrise dans ses trajectoires, notamment entre Land’s End et le rocher du Fastnet que Paprec Arkéa enroule en tête, avec une belle avance.

« Il n’a y pas eu trop de déchets dans notre navigation. Au contraire, on a rendu une copie assez propre, ce dont on est assez fiers avec Yann », résume le skipper qui a rendu coup pour coup au binôme Charlie Dalin et Pascal Bidégorry, avant de se faire souffler la victoire d’un cheveu dans des conditions devenues plus aléatoires au large des côtes Manchoises. « Notre duel a été intéressant car nous n’avions jamais eu l’occasion de nous comparer de cette manière à un autre bateau. Cela nous a permis d’apprendre et de valider pas mal de choses », confie le Varois.

Pour lui, comme pour la totalité de ses adversaires - y compris Thomas Ruyant et Morgan Lagravière (For People, problème de structure) puis Scott Shawyer et Martin Strömberg (Canada Ocean Racing, problème de drisse de J3) respectivement contraints à l’abandon -, la course a été riche en enseignements.

Fn23d2 2259© Paul Wyeth

« Nous avons navigué avec beaucoup de rationalité et cherché à identifier en permanence les domaines dans lesquels nous devons et pouvons progresser. Nous avons beaucoup observé la concurrence et nous en avons tiré des leçons chaque fois que possible, » explique à son tour Sam Goodchild (For the Planet) qui prend une belle troisième place, comme lors de la Guyader Bermudes 1000 Race en mai dernier, confirmant ainsi la capacité de son plan Verdier de 2019 à rivaliser avec les machines les plus récentes. « On ne s’attendait pas forcément à jouer aussi bien avec les bateaux flambants neufs d’autant que les conditions ont été hyper variées. On est contents de terminer sur le podium mais plus encore de la manière dont on l’a fait. On a toutefois dû s’accrocher car à la moindre petite faute d’attention, c’était tout de suite de précieux mètres de perdus », ajoute le Britannique, actuel leader des IMOCA GLOBE SERIES 2023.
 

Retour à la compétition réussi pour Clarisse Crémer

S’il a toutes les raisons de se réjouir de sa prestation, nombreux sont ceux qui ont, comme lui, très bien tiré leur épingle du jeu, à commencer par Sam Davies accompagnée de Nicolas Lunven (Initiatives-Cœur), Clarisse Crémer avec Alan Roberts (L’Occitane en Provence) puis Justine Mettraux au côté Julien Villion (TeamWork), toutes arrivées en l’espace de 26 minutes et à la lutte pour finir dans le top 5.

019 L'Occitane Sailing Team Credit   GeorgiaSchofield

« Cela a vraiment été chouette de se bagarrer aux avant-postes seulement quinze jours après avoir remis la machine en route », déclare Clarisse Crémer qui a manifestement vite retrouvé ses automatismes en mer après une année et demie loin de la compétition. « Dans ce contexte, nous nous attendions à rencontrer quelques petits problèmes techniques. Cela a d’ailleurs été le cas au début mais cela s’est vite calmé. Nous sommes très contents de notre course et de notre sixième place. Il y avait forcément un peu d’appréhension au départ mais j’ai été soulagée dès la première nuit car je me suis sentie bien sur l’eau et, avec Alan, nous avons été tout de suite dans le match. C’est une belle surprise et on a fait un bon gros premier débroussaillage ! »

Avec son format court, de type « sprint », et les conditions météo « velues » qui l’ont accompagnée cette année, cette Rolex Fastnet Race a permis à la grande majorité des marins d’entériner ou d’invalider un certain nombre de points techniques, mais aussi de définir des axes de travail pour la suite. Une suite qui s’annonce, d’ores et déjà passionnante compte-tenu du niveau et de la remarquable homogénéité de la flotte IMOCA. Le rendez-vous est ainsi pris pour le Défi Azimut - Lorient Agglomération le 19 septembre, avec 35 duos annoncés.

👉 Pour connaître le classement général complet