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Charles Darbyshire, passionné de course au large en solitaire, a dirigé l'Artemis Offshore Academy au Royaume-Uni entre 2009 et 2016, un programme qui a contribué à la carrière de jeunes coureurs comme Sam Goodchild, Jack Bouttell, Phil Sharp et Alan Roberts.

Il a également fait partie de l'équipe de Sébastien Josse sur sa campagne pour le Vendée Globe 2008-09 à bord de BT et s'intéresse de près au Vendée Globe depuis des années.

Cette année, le premier et unique plan IMOCA de Sam Manuard, L'Occitane en Provence, a attiré son attention. Une fois les premiers soucis de blocage de drisse et les petits airs passés, les performances d’Armel Tripon ont été jusqu'ici impressionnantes. Charles Darbyshire affirme qu’aujourd’hui, s’il s’engageait pour The Ocean Race dans un projet IMOCA, Sam Manuard serait certainement sur la liste des architectes navals auxquels il ferait appel. « On ne peut pas ignorer les performances de ce bateau. Il est spécial, avec une étrave arrondie. Ce n'est peut-être pas le plus beau, mais quand vous le voyez naviguer, il a sans aucun doute une certaine élégance. »

Avant le départ, le plan Manuard avait impressionné par sa vitesse sur mer plate et Darbyshire était curieux de voir comment il se comportait dans des conditions plus variées. Il commence à avoir les réponses à ses questionnements. « Lors des tests pré-départ, il avait déjà l’air très rapide, mais on l'avait surtout vu sur mer plate. Il y avait donc un risque que ce soit un bateau-fusée que dans les bonnes conditions. Cependant, cela ne semble pas être le cas. Armel a réussi à bien remonter dans la course après être tombé dans les pièges des systèmes météorologique au début de la course. C’est extraordinaire de le voir naviguer deux ou trois nœuds plus vite que les autres. Il a d’abord rattrapé et dépassé Pip Hare et à partir de là il s'est mis à tous les griller. Dans l'océan Indien, il semblait assez à l’aise dans les conditions plus difficiles. »

BO 7955© Pierre Bouras / L'Occitane en Provence

Comme beaucoup d'autres participants à la course, Charles Darbyshire a été impressionné par les performances des marins sur des bateaux plus anciens et surtout par le trio de non-foilers juste derrière les leaders - Jean Le Cam (Yes We Cam !), Damien Seguin (Groupe APICIL) et Benjamin Dutreux (OMIA-Water Family). Ces bateaux furent tous construits entre 2006 et 2007.   

La leçon qu’il en tire, compte tenu des difficultés rencontrées par les bateaux de dernière génération, est que les IMOCA mettent du temps à se fiabiliser et à se préparer à cette course. « Ce que cela me dit, c'est qu'il ne s'agit presque pas tant de la longévité de ces bateaux, mais du fait qu'il peut falloir quatre ou cinq ans pour qu’ils atteignent une certaine maturité technique et qu’ils soient résistants. », déclare-t-il.

Bien qu'il soit impressionné par Jean Le Cam, Maxime Sorel (V and B – Mayenne) a également attiré son attention. Actuellement seul en 11ème position, à environ 850 miles de la tête. « C'est sympa de voir quelqu'un de nouveau dans la Classe naviguer de manière très compétente et sûre - je pense qu'il fait discrètement une très belle course. »

L'absence de Charal et HUGO BOSS en tête de flotte a, selon lui, permis à des visages inattendus de prendre la tête et a resserré la course. Parmi ceux qui en ont bénéficié, on trouve Yannick Bestaven, nouveau leader de la course, qui, selon Darbyshire, mérite d’être là. « C’est une surprise qu’il se retrouve premier, mais acheté ce très bon bateau était intelligent. Il a évidemment repris le sponsor vendéen Maître CoQ qui soutenait Jérémie Beyou il y a quatre ans. Bestaven n'avait pas fait impression auparavant, mais c'est un marin extrêmement expérimenté. Je pense que ce qu’on peut voir sur cette course est sans doute une partie de cette expérience qui s’exprime. La performance qu’il livre aujourd’hui est le témoignage d’une carrière qui a pris un bon chemin et d’un marin qui a longtemps travaillé et fait ses preuves. »

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Entre 2003 et 2005, Charles Darbyshire travaillait avec Sam Davies sur ses campagnes en Figaro et s'il est déçu de la voir abandonner ce Vendée Globe, il n'est pas le moins du monde surpris de la voir décider à reprendre la mer en solitaire pour finir le parcours via le Cap Horn. « C'est une navigatrice expérimentée et une personne probablement plus à l'aise en mer que sur terre. C’est important pour elle de boucler le tour. C'est d'autant plus vrai que toute la campagne d'Initiatives-Cœur ne tourne pas autour d'elle, mais autour de la cause qu'elle soutient et que la seule façon de continuer à recevoir des dons est qu'elle continue. C'est un facteur clé dans sa décision de continuer.»

Le team manager anglais a examiné les temps des premiers bateaux et note que cette fois-ci, il est très peu probable que le record des 74 jours d'Armel Le Cléac'h soit battu. « C'est une course lente, dit-il, le 38ème jour, les leaders étaient là où Armel était le 31ème jour, donc avec environ sept jours de retard par rapport à l’édition précédente, il faudrait qu’une chose extraordinaire arrive pour que le record soit battu. »

Il espère que nombreux seront les IMOCA à prendre le départ de The Ocean Race en octobre 2022. Un des points que The Ocean Race pourrait envisager serait de donner accès à davantage d’IMOCA et pas seulement ceux équipés de foils, un changement que les performances des bateaux plus anciens sur le Vendée Globe semblent justifier. Cela, souligne-t-il, rendrait l'inscription au tour du monde en équipage avec escales abordable pour beaucoup plus de skippers et leurs sponsors.

« J'aimerais qu'il y ait beaucoup plus d'inscriptions et je pense que l'ouverture de la flotte aux bateaux à dérives droites serait une étape positive, c'est certain. Ce qui est bien avec la Classe IMOCA, c'est qu'elle ne fait aucune distinction entre les bateaux à dérives et les bateaux à foils - c'est le choix personnel des skippers et ce qui est bien, c'est que la règle est là et que vous pouvez choisir où vous voulez vous battre.

Désormais, je souhaiterais vraiment que The Ocean Race accepte l’ensemble de la Classe IMOCA, de sorte que, si vous êtes membres de la Classe, vous puissiez participer à la course. »

 Propos receuillis par Ed Gorman (traduit de l'Anglais)