Yoann Richomme, de retour en course sur la Rolex Fasnet Race : « Le bateau d’Élodie Bonafous sera celui à battre »

La Rolex Fastnet Race, dont le départ sera donné ce week-end depuis Cowes, s’impose comme l’un des rendez-vous mythiques de la course au large. Courue tous les deux ans, cette classique centenaire marque le retour en lice des IMOCA, avec huit monocoques au départ pour la deuxième manche du Championnat IMOCA Globe Series.
Pour cette édition 2025, les IMOCA s’élanceront en équipages mixtes de quatre marins (hommes et femmes) sur un sprint de 695 milles nautiques. Le parcours les mènera depuis le Solent, sur la côte sud de l’Angleterre, jusqu’au mythique rocher du Fastnet, au large de l’Irlande, avant une descente vers la ligne d’arrivée à Cherbourg-en-Cotentin.
Avec près de 450 bateaux engagés, des caps à négocier, des portes de marée à franchir, des zones d’exclusion à éviter et une météo aussi changeante que capricieuse, la Rolex Fastnet Race reste une course toujours redoutable.
La flotte IMOCA, moins fournie qu’en 2023, aligne toutefois un plateau relevé. Parmi les têtes d’affiche : Jérémie Beyou sur Charal, Justine Mettraux à bord de Teamwork-Team SNEF, Sam Davies sur Initiatives-Cœur, ou encore Élodie Bonafous, qui prendra le départ de sa deuxième course en IMOCA avec Association Petits Princes-Quéguiner.
© Jean-Louis Carli
Autre nom attendu sur la ligne de départ : Yoann Richomme. À la barre de Paprec Arkéa, le skipper fait son retour en compétition après sa remarquable deuxième place sur le dernier Vendée Globe, derrière Charlie Dalin. Un come-back qui s’inscrit dans la lignée de ses performances solides, dont une victoire sur The Transat CIC en 2024.
Donné favori par de nombreux observateurs de la Classe IMOCA, Yoann Richomme aborde la Rolex Fastnet Race avec ambition, mais lucidité. Il sait que la concurrence sera bien présente, à commencer par Élodie Bonafous, qui fait un très beau début de saison. Deuxième le mois dernier sur la Course des Caps pour sa première épreuve en IMOCA, la navigatrice à bord d’Association Petits Princes – Quéguiner est, selon Richomme, une concurrente à surveiller. « Association Petits Princes - Quéguiner sera là, donc on sait que ce sera probablement le bateau à battre, car les conditions vont lui être favorables », estime Richomme.
S’il garde un œil sur ses adversaires, le skipper français se dit toutefois impatient de pouvoir tester son propre bateau en configuration de course pour pouvoir valider les nombreuses optimisations apportées à son propre bateau depuis le dernier Vendée Globe. Parmi les évolutions notables : des voiles d’avant plus grandes, pensées pour renforcer la performance dans les conditions légères à modérées, celles-là mêmes attendues sur la Rolex Fastnet Race et sur The Ocean Race Europe, à venir.
© Marin LE ROUX - polaRYSE
« Nous sommes revenus du Vendée Globe avec un bateau en très bon état, ce qui était assez incroyable », souligne le double vainqueur de la Solitaire du Figaro et de la Route du Rhum. « Cela nous a donné le temps d’améliorer les performances du bateau, en allégeant et en optimisant certains systèmes. Aujourd’hui, il s’agit clairement d’une version évoluée de celui avec lequel nous avons fait le tour du monde. C’est plus adapté à notre programme de course et cela nous permet d’être un peu plus agressifs. »
Pour Yoann Richomme, la Rolex Fastnet Race marque le lancement de sa saison, après avoir manqué la Course des Caps. « C’est vraiment comme le début d’un nouveau cycle », confie-t-il. « Je me sens parfois un peu stressé à l'approche des courses, surtout parce que j’aime ce format de régates en équipage, sur des parcours courts et intenses. J’en attends beaucoup de moi-même et de l’équipe cette année. Il reste encore pas mal de temps jusqu’à The Ocean Race Europe, mais on veut tout de suite bien faire. »
Deux ans après une frustrante deuxième place, à seulement quatre minutes de Charlie Dalin, Richomme revient aussi avec un esprit de revanche. Il pourra compter sur un solide équipage 100 % français : Corentin Horeau, Pascal Bidégorry et Estelle Greck.
© Yann Riou - polaRYSE / PaprecArkea
Côté météo, le scénario semble se dessiner dans la continuité des éditions précédentes : du près jusqu’au rocher du Fastnet, puis du portant vers Cherbourg. « Ce sont des conditions classiques, avec quelques zones de molle et de transitions à gérer, » estime Richomme. « Ce n’est pas ce que notre bateau préfère, on est plus performant au grand largue, mais si le vent reste autour de 10 à 15 nœuds, ce serait idéal : c’est précisément la plage de conditions sur laquelle nous avons travaillé pour améliorer nos performances. Ce sera intéressant de voir si les optimisations portent leurs fruits. »
Premier objectif affiché : sortir en tête du Solent, au passage du Needles Channel, un passage stratégique que Richomme connaît bien pour avoir étudié à l’université de Southampton.

Moins familier avec ce parcours, le skipper canadien Scott Shawyer, skipper de Canada Ocean Racing – Be Water Positive, vit lui aussi un nouveau départ avec la Rolex Fastnet Race, puisqu’il skippe pour la première fois un équipage en IMOCA. Il disputera sa toute première course avec son nouveau bateau, un plan Verdier au pedigree prestigieux. Ex-Groupe Dubreuil, il s’est classé troisième du dernier Vendée Globe sous les couleurs de Sébastien Simon, et avant cela, a remporté The Ocean Race 2023 sous le nom 11th Hour Racing-Mālama. Un baptême du feu pour Shawyer, qui mènera pour la première fois un IMOCA en équipage.
Pour cette Rolex Fastnet Race, Scott Shawyer sera entouré d’un équipage international mêlant expérience et fraîcheur. À ses côtés : la Britannique Pip Hare, ainsi que les Français Sébastien Marsset et Nicolas Andrieu. « Nous formons une nouvelle équipe pour cette course. Nous avons déjà pu nous entraîner à plusieurs reprises », explique le skipper canadien de 53 ans, homme d’affaires et philanthrope, dont l’ambition affichée reste le Vendée Globe 2028. « Chacun apprend à mieux connaître le bateau, à naviguer ensemble et à maîtriser les manœuvres. L’équipe prend forme petit à petit, et ça fonctionne vraiment bien. Nous sommes impatients de prendre le départ et de montrer ce que le bateau peut faire en configuration de course. »

Pour Shawyer, le passage d'un IMOCA à dérives à un foiler quasiment dernière génération représente un tout nouveau niveau de performance . « C’est un tout nouveau monde pour moi », explique-t-il. « C’est incroyable quand le bateau se lève sur un foil et file. Ce n’est pas juste une augmentation de vitesse de 10 %, c’est presque 50 % sur certaines allures de vent. C’est complètement différent d’un bateau à dérive dans ce sens. La rapidité avec laquelle on peut avancer, et comment en lofant un peu, on peut se mettre sur les foils, ce qui fait une énorme différence. »
Objectif pour cette première sortie en compétition : terminer dans de bonnes conditions, en vue de The Ocean Race Europe, prochaine grande étape du programme. À plus long terme, cette saison en équipage servira de préparation au Vendée Globe. « J’ai encore beaucoup à apprendre. Je suis le moins expérimenté à bord sur le format en équipage, mais c’est parfait pour progresser. Chaque marin a sa manière de faire : on s’en inspire, on filtre, et on avance. J’espère devenir un meilleur marin grâce à ça. »

De son côté, Yoann Richomme vise lui aussi une montée en puissance sur le plan sportif. Absent de la Course des Caps, première épreuve du Championnat IMOCA Globe Series, il entame la saison avec un peu de retard en termes de points. En tête du classement provisoire : le Britannique Sam Goodchild, récent vainqueur, devant Élodie Bonafous, impressionnante dauphine. « Il est clair que nous sommes en phase de rattrapage », reconnaît Richomme. « Mais personne ne fera toutes les courses cette saison, donc le classement devrait s’équilibrer au fil de l’année. Ce serait bien de marquer des points dès la Rolex Fastnet Race. »
Avec The Ocean Race Europe, le Défi Azimut-Lorient Agglomération et la Transat Café L’OR à venir, les opportunités de marquer de points ne manqueront pas.
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Ed Gorman (traduit de l'anglais)
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