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Dans une vacation spéciale, Charlie Dalin (Apivia) premier au waypoint Gallimard et Jérémie Beyou (Charal), 2e, ont répondu aux questions des journalistes, en présence d’Antoine Gallimard , ravi que sa maison d’édition soit devenue un « waypoint » et d’Erik Orsenna, parrain du projet littéraire entre marins et écrivains.

Charlie Dalin (Apivia) - 11h

« J’ai vu que Thomas allait me revenir dessus, je savais qu’il allait se rapprocher, Thomas avait un décalage intéressant avec un meilleur angle vers la marque, mais le vent était plus sûr que prévu. Finalement ça l’a fait, je n’étais pas loin non plus à Unesco mais Thomas a réussi à se faufiler, j’avais peur qu’il fasse la même chose !

Au passage du waypoint, il a fallu faire une grosse manœuvre de changement de voile d’avant le plus rapidement possible, j’ai fait une photo de mon cockpit il y avait des bouts partout ! Et il fallait en même temps choisir la bonne trajectoire.

Quand on est en tête, on ouvre la voie aux autres, mes intentions sont connues de mes poursuivants, ça leur laisse le choix. Jérémie est à 1,8 mille de moi, c’est presque le temps qu’on perd dans une manœuvre ! On est à vue non-stop depuis le début. Et ça, sur une transat ça n’arrive pas souvent, c’est une belle bataille.

Maintenant, on est au portant avec de l’ouest puis nord-ouest. Pour la suite, l’histoire, c’est de se positionner par rapport au nouveau vent. Il faut bien programmer les changements de voile et de trajectoire. Il y a pas mal de paramètres à gérer sur ce dernier tronçon, avec la fatigue et autant de manoeuvres et de contact. Forcément c’est assez intense !

Au sujet de son implication dans le projet littéraire et du texte qu’il a écrit avant la course: Pendant le confinement, j’avais beaucoup de flash back sur la Solitaire du Figaro, j’avais plein de souvenirs qui revenaient, mon esprit me disait que quelque chose n’était pas normal, que la situation n’était pas habituelle. Pour écrire, je me suis souvenu de ce qu’on ressent en mer, du binôme, de la symbiose entre l’homme et la machine. »

 Jérémie Beyou (Charal) - 11h

« On a eu un bel enchaînement de manœuvres au waypoint. On est arrivé au reaching, il a fallu faire un peeling (changement voile dans voile) pour envoyer dans la foulée le gennaker. On s’est fait une bonne petite suée. Nerveusement, ce n’est pas très cool, car tout le monde est revenu par derrière, il y a un beau regroupement à la bouée, il va falloir trouver la bonne trajectoire sur une route en bâbord. Ceux qui sont devant ne sont pas récompensés, la météo se décale bien à chaque fois pour ceux de derrière qui coupent plus court. Quand tu vois les routages c’est exceptionnel : on va faire un grand arc de cercle, et ceux de derrière iront tout droit.

 En ce moment, j’ai un vent au 220 pour 6 nœuds.  Je suis un peu revenu sur Charlie, mais Thomas est revenu sur moi. Le vent va progresser vers nous et se renforcer au fur et à mesure de notre avancée vers la ligne d’arrivée. Je ne sais pas comment ça va se finir, ça ressemble à des arrivées d’étape en Figaro ! Ce n’est pas très drôle nerveusement mais c’est comme ça.

 Il faut être bon pour dépasser Charlie, parce qu’il est bon ! Et il faudra un peu de réussite aussi. Il va falloir se mettre en bâbord amure au bon moment et aller vite. On a des configuration de voiles comparables. Son A3 est plus grand que le mien, ça se jouera peut-être sur 10 ou 15 m2 cette affaire ! J’ai un peu dormi la nuit dernière. Il faudra que ça suffise parce que ça va être tendu jusqu’au bout. Ce sera une question de vitesse « 

 Erik Orsenna
« Je suis la course avec admiration ! C’est une histoire insensée celle de  Jérémie et Charlie. Je suis ravi comme tout, je salue ces travailleurs de la mer avec une admiration infinie ! Je suis en Bretagne nord, je vais aller naviguer sur mon Finn pour essayer de ressembler à ces géants ! Les chercheur et les marins, c’est le sommet de ma hiérarchie personnelle ! »