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Joints à la vacation de 5h ce matin, les skippers d'Apivia, Campagne de France et Newrest - Art & Fenêtres nous racontent la mer, la compétition et la météo...

Fabrice Amedeo (Newrest - Art & Fenêtres) - 5h00

"Je suis content, je suis en train de sortir de la dorsale et toucher le vent qui va m’emmener dans la depression. J’ai 8 noeuds de vent, j’avance à 9 noeuds sous code 0. Je suis content de cette bagarre car on est très proches les uns des autres. J’apprends une nouvelle forme de navigation. Souvent au large on est loin les uns des autres mais là il faut se faire mal et c’est vraiment intéressant. Je suis parti assez fatigué donc le début de course était un peu en demi-teinte, je ne dormais pas forcément aux bons moments, j’ai raté des choses et je suis vraiment rentré dans la course dans la dépression numéro 3 au large de l’Irlande où là je me suis vraiment senti bien et depuis je navigue de mieux en mieux. Je n'avais pas encore navigué cette année à cause d’une mise à l’eau tardive du bateau. J’avais fait quelques journées d’entraînement mais pas de navigations hauturières donc il fallait que je rentre dedans. Je prends de plus en plus de plaisir et je sens que je monte un peu en puissance. La route est encore longue mais pour l’instant je suis très content.

Pour cette course j’ai pris mon jeu de voile Vendée Globe, je n'ai pas encore utilisé mon petit gennaker, FR0, bien pour les mers du Sud. C’est des navigations différentes du Vendée Globe car on traverse des systèmes météo variés alors que lors d’un Vendée Globe ce sont des longs bords avec du vent plus fort et moins de près mais être sur son bateau, vivre à bord, enchainer les manoeuvres, se bagarrer avec les autres, c’est une super préparation au Vendée Globe. C’était très important pour moi d’être au départ de cette course.

On a une dépression à traverser donc on va d’abord être au nord de cette dernière et ça devrait être du près débridé ou du reaching. Selon les fichiers, ça devrait être assez rapide.

Je suis fatiguée car j’ai peu dormi mais je me sens de mieux en mieux car je suis dedans et je vais essayer d’encore monter en puissance jusqu’à l’arrivée. Je vais aller dormir car je n'ai dormi que 2h en 36h. Le vent va devenir de plus en plus stable en rentrant dans la dépression donc je vais enchaîner les siestes de 30 minutes pour retrouver des forces. On commence à retrouver des vraies nuits noires alors qu’on n'en avait pas depuis eu 3 jours. Ca commence à reprendre un rythme normal."

Charlie Dalin (Apivia) - 5h20

"On a retrouvé du vent, enfin ! Je fais route vers la petite dépression avant de faire route vers le waypoint Gallimard. J’ai du vent sud-sud-est et après la dépression j’aurai du vent de sud-sud-ouest. C’était une dorsale nuageuse compliquée à passer. Le vent était vraiment très changeant en force et en direction et ça ne correspondait pas exactement à ce que j’attendais. Je pensais me positionner à un endroit où elle était moins large avec plus de vent et au final par dessous le groupe de Thomas, Jérémie, Sam, Boris et Kevin ne s’est jamais arrêté alors que moi j’ai eu un peu plus de mal que ça donc ça fait du bien de retrouver du vent et de la vitesse ! Pour le waypoint Gallimard, il va falloir compter deux jours et demi pour l’atteindre. Là je me dirige vers une petite dépression et dans quelques heures, un de ses fronts va passer et je vais avoir une bascule de vent assez rapide, vers le sud-ouest qui va me permettre de virer de bord et de faire route vers le waypoint. Ce sera un bord de reaching en tribord amures avec des petits changements de voile et pour l’instant si la dorsale reste sur le point il y aura peut-être un énième regroupement de flotte."

Miranda Merron (Campagne de France) - 5h28

"Les conditions sont parfaites, trinquette, deux ris, le bateau avance tout seul donc j’ai dormi. Je suis entre 90 et 95 degrés du vent, c’est en train de mollir là mais on avait plus de vingt nœuds cette nuit.

Je suis en train de décider quel lyophilisé je vais manger car je n’ai pas dîné hier soir. Il y a beaucoup d’eau sur le pont, il fait froid donc je vais me poser un peu et après il y aura un changement de voile à faire et qui dit changement de voile sur un IMOCA dit beaucoup d’énergie dépensée. Je sais qu’il est 3h du matin mais ça va être poulet Tikka Masala au menu ! Il n’y a pas d’horaires de repas.

Dans les conditions difficiles hier, j’avais des soucis de pilotes. Il n’aurait pas dû avoir de problème mais il avait perdu ses informations de vent, il ne les a toujours pas retrouvées d’ailleurs. Il y a des réglages à faire ! Je ne sais pas si je maîtrise bien le bateau mais j’ai appris un tas de choses en bricolant. Pas un jour ne passe sans que j’apprenne quelque chose.

C’est génial de voir ce qu’il se passe en tête de flotte, je suis en contact avec ma copine Sam et je vois que ça bagarre à tous les niveaux.

Le début de course était assez dur car les conditions n’étaient pas très sympas et je suis partie un peu fatiguée. Je me suis rendue compte qu’il fallait beaucoup d’envie et d’investissement personnel pour partir faire un Vendée Globe. C’est loin et long. J’ai peu navigué sur le bateau cette année donc c’est facile de dire « Ah je vais faire le Vendée Globe » et c’est très bien de se retrouver en mer dans des conditions un peu rudes pour se rappeler ce que c’est de faire cette course.

Lors du passage waypoint hier je me disais que c’était dommage de pas aller visiter l’Islande ou le Groenland alors qu’on était tout près… Mais je n’ai rien vu du tout, il y avait du crachin et du brouillard."

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