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Alors que les skippers arrivent aux Sables d’Olonne après une conclusion précoce de la Vendée Arctique, Antoine Mermod, président de l’IMOCA, exprime son enthousiasme pour une course qui, selon lui, est là pour rester.

La deuxième édition de ce qui était à l'origine un voyage de 3 500 milles autour de l'Islande, a vu son parcours raccourci par le directeur de course Francis Le Goff en raison d'une violente dépression dans l'Atlantique Nord. La course a donc tout d’abord été neutralisée au sud-est de l’île, avant d’être finalement stoppée 24 heures plus tard. 

L’épreuve est remportée par Charlie Dalin sur APIVIA, suivi de Jérémie Beyou sur Charal, puis de Thomas Ruyant sur LinkedOut. Derrière eux, quatre marins - Manuel Cousin, Isabelle Joschke, Arnaud Boissières et Denis Van Weynbergh - ont décidé d'abandonner, certains à moins de 50 milles de la nouvelle ligne d'arrivée. De plus, ils sont plusieurs à avoir subi des avaries de voiles et d’appendices mais ont réussi à poursuivre jusqu'à l'arrivée, 20 des 25 partants ayant terminé le parcours. 

Va2022 20220615 va22 onboard1606 ruyant 2320 basse dfinition vi© Thomas Ruyant / LinkedOut

Antoine Mermod est convaincu que ce genre de défi est important pour une Classe qui est rythmée par le Vendée Globe tous les quatre ans. "Je pense que c'est une course très importante et nécessaire pour l’IMOCA car l'objectif de nos bateaux, de nos projets et de nos skippers est le Vendée Globe",affirme-t-il. “Tous le comparent à l’Everest des mers et, pour s’y atteler, il faut donc préparer les bateaux, les marins et les équipes dans ce sens.”

Pour lui, la Vendée Arctique est un bon exemple de ce que les skippers rencontreront dans les mers du Sud pendant le Vendée Globe."Pour préparer cela, nous ne pouvons pas faire un tour du monde en solitaire en entraînement, avant la course elle-même, ce qui signifie que tous les quatre ans, en amont, nous devons tenter de recréer le challenge de cette course et ce qu'elle peut impliquer.”

Va2022 20220618 va22 droneislande1806 dalin 24 basse dfinition vi1© Charlie Dalin/APIVIA

"L'aspect le plus difficile à reproduire est le climat extrême du parcours", poursuit-il. "Les tempêtes, l'inconnu, le froid ou l’imprévisible, les skippers doivent faire face à toutes sortes de défis. La Vendée Arctique est donc une épreuve singulière et différente des transatlantiques qui sont davantage des courses de vitesse."

Le président de l’IMOCA déclare également qu'il a été impressionné par la manière dont les skippers ont fait face aux violentes conditions de vent et de mer, certains ayant dû affronter des rafales de plus de 60 nœuds (110km/h) au passage de la dépression au sud de l’Islande. Une fois encore, c’est selon Antoine Mermod, une bonne chose pour les marins qui devront progresser dans ces conditions dans deux ans, alors qu’ils seront cette fois-ci à des centaines de milles de côtes. 

"Nous sommes satisfaits de la manière dont les marins ont géré la situation",déclare-t-il. “L’arrière de la flotte, où se trouvaient certains skippers de nouveaux et plus petits projets, naviguaient dans des conditions très fortes et ils n’ont eu aucune avarie majeure sur leur bateau et sont donc parvenus à franchir la ligne d’arrivée.”

Va2022 20220616 va22 onboard1606 cornic 2384 basse dfinition vi© Antoine Cornic/EBAC Literie

Pour la première fois, nous avons également pu voir les IMOCA le long des côtes islandaises. "Nous sommes très fiers d'avoir vu l’Islande car, il y a deux ans, nous n’avions pas amené la flotte aussi nord. Cette fois-ci, nous avons vu les bateaux devant les montagnes enneigées, ce qui est très spectaculaire pour nos fans. Nous n'avons pas encore réussi à faire le tour de l’île mais nous l’avons vue de près."

Plusieurs marins ont aussi exprimé leur enthousiasme et commenté l'avenir de la course. Fabrice Amedeo, qui a terminé à la 19ème place à bord de Nexans-Art & Fenêtres, est d'accord pour dire que la Vendée Arctique est un excellent entraînement pour le tour du monde en solitaire.

"Nous ne nous préparons pas au Vendée Globe en naviguant entre Lorient et Santander", déclare-t-il. "Bravo aux organisateurs de cette course, la Vendée, d’avoir innové avec ce parcours ambitieux et pionnier pour nos bateaux".

Le skipper français rappelle que la course au large n'est jamais une science exacte et qu'il est impossible de prévoir ce qui se passera en mer lorsque les bateaux s’élancent. "Oui, nous ne sommes pas parvenus à faire le tour de l'Islande à la voile, mais l'échec n'est-il pas inhérent à toute aventure ?" s’interroge le skipper et journaliste. "Et quelle incroyable aventure pour moi que de traverser cette tempête et ces rafales de 65 nœuds. Quelle aventure de voir les bateaux de Charlie (Dalin) et Thomas (Ruyant) au mouillage dans un fjord islandais. Quelle aventure de rentrer en France après avoir emmené nos machines de course jusqu'à 64 degrés nord, en Islande."

289025112 574345007393033 3216273814508340122 n© Fabrice Amedeo/Nexans Art & Fenêtres

Benjamin Dutreux, qui termine 11ème sur GUYOT Environnement-Water Family, confiait à Ouest France. "Je trouve que la Vendée Arctique est bien née. Elle est superbe, car on ne va jamais là-haut. Peut-être pour les raisons que l’on a rencontrées, mais c’est ce qui rend des histoires d’aventure assez sympas. Et c’est une épreuve qui permet d’éprouver les bateaux, dans des dépressions que l’on rencontre seulement dans le Vendée Globe."

Le skipper suisse Alan Roura qui a franchi la ligne d’arrivée en septième position sur Hublot, nous dresse un tableau amusant de la façon dont les solitaires ont passé le temps le long des côtés islandaises, en attendant des conditions plus clémentes pour repartir. "Nous avions une flotte d’IMOCA zombies au large de l'Islande", raconte-t-il. “On écoutait de la musique et on regardait des films, mais tous les bateaux étaient en un seul morceau, cela montre la bonne préparation des marins IMOCA."

Va2022 20220615 va22 onboard1606 roura 2323 basse dfinition vi© Alan Roura/Hublot

La suite de la saison s'annonce tout aussi passionnante, puisque six nouveaux bateaux s'apprêtent à être mis à l’eau à l'approche de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, synonyme du début de l’ère "génération 2024" des IMOCA.

"C'est génial de voir ce que les équipes ont réalisé dans le cadre de la dernière actualisation des règles de Classe”, conclut Antoine Mermod, "car ce sont les premiers à être construits dans le cadre de cette nouvelle version. Nous sommes maintenant dans la seconde partie du cycle de quatre ans débuté en 2021 et nous verrons bientôt les bateaux sortir pour le Vendée Globe 2020 affronter ceux mis à l’eau cette année. Petit à petit, nous allons commencer à voir les nouveaux designs en course contre les bateaux fiables de 2020, ça s’annonce très intéressant."

Ed Gorman (traduit de l’Anglais)