20181018 ES CHARAL 77

Joint ce matin à 5h, Jérémie Beyou, nous parle de la course et plus largement des nouveaux Imoca, de l’apprentissage permanent, de la préparation au Vendée Globe. Instructif, sur fond de bruits du large, comme si on y était... Un p’tit café en mer ?

Apprendre, toujours et encore

« Ça n’a pas grand-chose à voir avec un Vendée Globe en termes de rythme. En termes de rebondissements non plus, c’est sûr qu’en faisant un parcours avec des épingles comme ça, surtout là où était placée la bouée, c’est plus favorable à des retours et notamment le groupe de derrière qui est revenu. Sur un Vendée Globe, c’est moins vrai à part certains passages à niveau comme le pot au noir ou le cap Horn. Après le cap Horn, il y a moins de phénomènes. Il y a plein de choses à prendre sur cette course. Je profite de chaque minute, chaque minute j’apprends des trucs hyper intéressants, mais c’est un format très très différent d’un Vendée Globe. C’est intéressant de faire plein de manœuvres par exemple, surtout que l’on va quand même peu re-naviguer après l’été et avant le Vendée Globe. Enquiller toutes les manœuvres qu’on enquille là, c’est une case de cochée. Après, il a aussi des choses qui manquent, être longtemps avec le même phénomène, faire des longs bords, dans un vent qui n’est pas hyper variable comme cette nuit, on ne retrouvera peut-être pas ça avant le Vendée Globe. Des grands bords de portant dans la brise, c’est vrai que ça manque un petit peu sur cette course-là. Il y a des choses qu’il faudra faire sur le Vendée par expérience ».

Bateaux ultra-violents

Dans les conditions du début de course, il fallait s’habituer. C’est pour ça que la course est bien aussi, ça permet de se réhabituer à des conditions dures, à l’intensité. C’est intense. Quand ça tape il y a deux solutions, soit tu es en veille dehors ou en veille dans ton siège à la table à carte, soit tu dors. Grosso modo il ne faut pas bouger. Quand tu bouges, tu le fais avec extrême précaution et quand tu lances une manœuvre tu réfléchis à deux fois, parce que à chaque fois c’est un peu casse gueule. Ce n’est pas une découverte, c’est une confirmation, les bateaux sont ultra violents. Je ne porte pas de protection, c’est un peu difficile, il faudrait une armure ! Il vaut mieux faire gaffe ».

Une dorsale à gérer

« Stratégiquement pour la suite, il y a quand même une dorsale à traverser, ce n’est jamais simple, après dans le positionnement tout le monde est dans un périmètre de 20 milles. Il n’y a pas grosses options mais néanmoins ça va encore faire un regroupement voire un passage à niveau. Ce qui serait sympa, c’est que pour une fois devant on arrive à se barrer -  Ah…Là le bateau vient de passer de 7 à 23 nœuds - Derrière le passage de la dorsale, il faut aller contourner une petite dépression à la sortie de laquelle on va se propulser vers le waypoint Gallimard. C’est censé être des conditions de vent très légères, là c’est hyper shifty et c’est plutôt du medium. Dans la dorsale, il n’y aura pas de vent et puis derrière on aura des conditions entre 20 et 25 nœuds ».