20181018 ES CHARAL 567

Coincé dans la pétole, à 280 milles dans le sud de la bouée COI – Unesco, au 62°N, Jérémie Beyou grimaçait un peu ce mercredi matin. Le skipper de Charal (2) qui a pris le relais de Thomas Ruyant en tête de la course depuis hier, est resté coincé. Bougon ? Bougon, oui. Et ça peut se comprendre.

Ce mercredi matin, tu es collé dans une zone de molle, à la verticale de la bouée COI Unesco.
"Pour gagner des courses, il faut être bon… et avoir un peu de réussite. Elle, elle m’échappe un peu. C’est énervant. J’ai été le premier à virer, en tête, et je suis celui qui « cotise » le plus. Mais il y a une logique : quand tu es en tête, les autres voient ta situation au ralenti. Et comme ils ne sont pas bêtes, ils font le tour. Mais là, j’avais un peu d’avance sur le deuxième, qui est passé devant… et je vois à l’AIS le troisième qui avait disparu."

Te revoilà en position de chasseur, dans une zone une nouvelle fois complexe, avec une molle anticyclonique autour de la bouée COI Unesco. Rien n’est joué !
"Ce n’est pas joué, mais Charlie est quand même devant. Je ne regarde pas trop ce qu’il se passe autour de moi, pourtant. Je me concentre sur ma recherche de marques, mon ressenti à bord, mais je regarde quand même le classement. J’avais fait un petit écart, je ne l’ai plus, c’est un peu décevant.  Je vais continuer à faire comme je l’entends."

Tu fais évoluer ton bateau, Charal, depuis deux ans, qu’est-ce qu’il t’inspire aujourd’hui ? 
"Il n’y a pas de souci à bord, et ça c’est cool. En performance, je suis dans le peloton de tête depuis le début, c’est donc que ça va bien. J’y suis parfois allé en souplesse, comme sur ce grand bord de près qui nous a menés au Fasnet. J’avais pris deux ris et le j3 (une configuration de voiles minimale), parce que ça allait un peu vite. Même en mettant la pédale douce, j’étais devant. Il y a aussi eu des bords extra, notamment cette nuit où, par deux fois, avec Charlie Dalin, on s’est retrouvé sur une mer calme et qui venait dans notre dos, trente nœuds de vent et le bateau qui glissait à trente nœuds. Tout était facile."

Entre les deux objectifs, à savoir la course à mener et le Vendée Globe à préparer, où as-tu mis le curseur d’engagement ?
"Je navigue à peu près comme je l’avais fixé. Je n’ai pas poussé outre mesure, j’ai encore un peu de marge pour aller plus vite. Mais comme le Vendée Globe, c’est dans pas longtemps, je me dis que ça serait bien de revenir avec un bateau entier…"

Vous vous étiez accordés pour lever un tout petit peu le pied, dans la première dépression ?
"Je pense que Charlie et Thomas (Ruyant) ont appuyé un peu plus que moi, notamment Thomas, qui naviguait un ris / J3. Avec Kevin (Escoffier) nous étions deux ris/J3. Nous étions un peu plus calmes. Est-ce qu’il peut y avoir un gentleman agreement dans ce genre de cas ? Ça se saurait !"

Quel est le programme de la journée ?
"On ne va pas tarder à sortir de la molle, et on va avoir un beau bord de reaching à 10-15 nœuds… Allez, on touchera peut-être les 20 nœuds si ça se passe bien. Puis ça mollira. On va passer la bouée COI Unesco dans la pétole, les gars derrière vont pouvoir recoller… Et puis il faudra préparer la suite. Est-ce que la deuxième marque de parcours va être rapprochée ? On attend ces éléments nouveaux (pour router)."