Jérémie Beyou "Quand je n'aurai plus ce stress, il faudra que j'aille faire autre chose"

Un grain presque hivernal balaie le pont du bateau noir et rouge amarré au coeur du bassin cherbourgeois. Bien à l'abri à l'intérieur, alors que tes trombes d'eau s'abattent dehors, Jérémie Beyou et Christopher Pratt ont déjà ce regard des athlètes prêts à entrer en piste. Victorieux en 2019, le team Charal attaque donc sa première course de la saison 2021 et tout est pris très au sérieux.

Vous allez partir pour relier l’Angleterre cette nuit, pouvez-vous nous expliquer l’organisation que vous avez adoptée ?

Jérémie :"Cette année est particulière avec le cotexte sanitaire et la logistique avant le départ du Fastnet n’est jamais vraiment simple. Cette fois-ci, nous avons vite renoncé à l’option d’aller attendre en Angleterre. Nous sommes arrivés mercredi à Cherbourg, nous avons passé trois bonnes nuits ici et nous traverserons la nuit prochaine pour arriver sur la ligne de départ demain à 10h25 TU. C’est assez rythmé mais nous sommes bien ici à Cherbourg."

Comment s’annoncent les conditions météorologiques ?

Christopher :"Cela s’annonce très varié. Tout d’abord, on se concentre sur la première traversée de la Manche cette nuit, qui sera hors course, mais assez engagée car il va y avoir une trentaine de noeuds de vent avec une mer formée. Le départ de la course sera également musclée dans le Solent avec toujours une trentaine de noeuds de Sud-Ouest et, à la sortie, on aura plus de 2 mètres de creux avec beaucoup de courant. Petit à petit le gros de la dépression va ensuite s’évacuer dans l’Est et les conditions vont tout doucement s’améliorer. Pour l’instant, les prévisions annoncent des conditions estivales à l’arrivée à Cherbourg avec de forts coefficients de marées (95) et très peu de vent. La course pourrait donc durer longtemps et il y aura sûrement de nombreux rebondissements. On peut arriver aussi bien mercredi dans la journée que le lendemain...tout est possible."

Jérémie, cette course marque ton retour à la compétition après le Vendée Globe, tu as hâte ?

Jérémie : "Oui, j’ai hâte de retrouver la compétition mais je suis aussi un peu angoissé car je n’ai pas franchi de ligne de départ depuis presque un an. C’est un départ sur lequel il y a plein de bêtises à faire, il faudra être bien concentré. Nous connaissons bien le bateau et notre binôme fonctionne donc il y a déjà plein de choses connues. Ensuite, les conditions sont quand même particulières, il y a beaucoup de bateaux autour et les IMOCA ne sont pas des bateaux si simples à manoeuvrer à deux. J’ai envie de retoucher à la compétition, mais il y a du stress comme si c'était ma première course. C'est propre à moi, je pense que le jour où je n'aurai plus ce petit stress, il faudra que j'aille faire autre chose. Je pense que c'est surtout l'envie de bien faire qui joue."

Il y a un très beau plateau IMOCA sur la course, c’est aussi l’occasion de voir un peu là où en est chacun ?

Christopher :"Il y a pas mal de bons concurrents et ça va être intéressant de voir comment on se positionne au sein de la flotte. On sait que tout le monde a progressé depuis deux ans et que les conditions vont être assez ouvertes donc ça va être l’occasion de voir qui est dans le match ! Il y a pas mal de prétendants à la victoire !"