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Arpenteurs et observateurs privilégiés des océans, les coureurs au large s’engagent aussi pour leur préservation. Afin de concrétiser le partenariat signé entre la Classe IMOCA et la COI-UNESCO qui célèbre ce lundi la journée mondiale de l’Océan, des actions scientifiques seront menées par les skippers lors des prochaines courses en solitaire.

Il y a presque 12 ans, les Nations Unies instauraient le 8 juin « journée mondiale de l’Océan ». L’objectif : préserver cet espace vital couvrant 70% de la surface de la terre, reconnu aujourd’hui comme l’un des biens les plus précieux de l’humanité. Skippers professionnels et coureurs au large sont des usagers de ce « terrain de jeu » de 361 millions de km2. Ils en sont les témoins attentifs, sensibles aux enjeux que représente sa préservation. Parallèlement aux messages véhiculés depuis longtemps par la communauté voile pour sensibiliser le public à cette thématique, les marins agissent.

« Navigateurs pour la science »

Le partenariat signé le 31 janvier dernier entre la Classe IMOCA et la Commission Océanographique Intergouvernementale de l’UNESCO - organe chargé de soutenir la science océanique dans un objectif de développement durable -, incarne ces préoccupations. C’est dans ce cadre qu’Alexia Barrier (4MyPlanet), navigatrice en campagne pour le Vendée Globe, est intervenue ce matin au Virtual Ocean Literacy Summit, une conférence organisée par la COI-UNESCO, réunissant des experts internationaux et notamment Peter Thomson, envoyé spécial des Nations Unies pour l’Océan. Une nouvelle occasion pour la navigatrice d’évoquer les actions des marins en faveur de leur environnement de prédilection. « Nous serons quatre marins pendant le Vendée Globe à avoir des bateaux équipés de capteurs et à relever des données océaniques que nous transmettrons quotidiennement aux scientifiques. Compte tenu du nombre de jours que nous passons sur l’eau et des endroits peu fréquentés que nous traversons pendant un tour du monde (sud de l’océan Indien, Pacifique sud), nous sommes une source légitime d’informations. Nous allons devenir des navigateurs pour la science ! C’est un travail que je mène depuis 10 ans avec mon projet mais aujourd’hui, nous passons tous à la vitesse supérieure. »

Température, CO2, salinité et micro-plastiques

Fabrice Amedeo fait partie de ce quatuor composé d’Alexia, Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) et Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco). Depuis plusieurs mois, son bateau Newrest-Arts&Fenêtres est équipé d’un capteur de salinité, CO2 et température, déjà utilisé lors de deux transats. Aujourd’hui, il vient d’installer à bord un nouveau module chargé de recueillir des données sur les micro-plastiques. Le tout financé intégralement par ses partenaires. Ces 16 kilos de matériel, plus 20 kilos de filtres à conserver et l’obligation de changer ces derniers toutes les 12 heures, présentent quelques contraintes pour un navigateur solitaire en compétition, mais c’est au service d’une mission que l’intéressé juge passionnante intellectuellement. « Nous apportons modestement notre contribution. L’intérêt de nos actions pour la communauté scientifique est multiple. Toutes les données prélevées in situ permettent de corroborer les observations satellite. Notamment sur notre route, autour de l’Antarctique, pour compléter le travail des bateaux de recherche qui passent une fois par an. Et puis notre programme de compétition va permettre de compiler des données sur le long terme ».

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Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne : bouées météo et balise dérivantes

D’autres navigateurs vont rejoindre les rangs, sans attendre le départ du 9e Vendée Globe en novembre. A l’occasion de la prochaine course en solitaire, la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne en juillet, une campagne de mesures sera réalisée.

Des bouées météo dérivantes permettant de relever des données, notamment sur les courants, seront déployées à différents stades du parcours par les marins par Thomas Ruyant (LinkedOut), Miranda Merron (Campagne de France), Damien Seguin (Groupe Apicil), Maxime Sorel (V and B-Mayenne), Manuel Cousin (Groupe Sétin) et Armel Tripon (L’Occitane en Provence). Boris Herrmann (Seaexplorer-Yacht Club de Monaco), larguera quant à lui un flotteur Argo capable de récolter des informations sur la salinité et la température de l’eau en surface et en profondeur.

L’opération est d’autant plus intéressante pour les scientifiques que la course emmènera les concurrents dans des zones de navigation peu fréquentées et peu étudiées, à l’ouest de l’Islande, non loin du cercle polaire. Le waypoint virtuel à passer à ce point culminant du parcours, au-delà du 60° Nord, portera symboliquement le nom de COI-UNESCO.

Détails sur les dispositifs de récolte de données mis à disposition des skippers grâce à JCOMMOPS ainsi que sur les zones géographiques de déploiement pendant la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne (juillet 2020)

Une balise Argo - Flotteur profileur
- Déployé dans l’ouest de l’Islande par Boris Herrmann
- Hauteur : 1,7 mètres
- Poids : 20 kg
- Fonction : mesurer la température et la salinité de l’océan.

La balise plonge à 1000 m en quelques heures puis elle dérive pendant 9 jours. Elle descend ensuite jusqu’à 2000 m. Pendant sa remonté vers la surface, elle mesure la température et la salinité de la colonne d’eau. Une fois à la surface, elle envoie les données aux satellites. Les balises peuvent répéter chaque cycle environ 150 fois.
 
Deux capteurs embarqués installés à bord des IMOCA de Fabrice Amedeo et de Boris Herrmann
- Poids : 16kg de matériel
- Fonction : récolter des informations de CO2, salinité, température (et micro-plastiques pour Fabrice)
 
Six bouées Météo – Drifter déployées par Manu Cousin, Miranda Merron, Thomas Ruyant, Damien Seguin, Maxime Sorel et Armel Tripon
- Hauteur : 1,5 m
- Diamètre : 45 cm
- Fonction : Collecter des données météos et océanographiques (pression, température, vitesse et direction des courants) à la surface de l’océan en complément des satellites.

- 1 bouée déployée entre la France et l’Islande, par 60°Nord
- 4 bouées déployées entre l’Islande et les Açores à 56°N, 52°N, 48°N et 44°N
- 1 bouée déployée entre les Açores et la France à 20°W

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