304880876 985414145688387 5778504974881301167 n

L’IMOCA regorge de partenariats solides entre sponsors ‘titres’ - ou groupes de sponsors - et skippers. Ces derniers s’identifient aux marques qui les soutiennent au fil des saisons et des tours du monde.

Yannick Bestaven en est l'un des meilleurs exemples. Le Girondin, Rochelais d’adoption, a repris le sponsoring de Maître CoQ qui soutenait auparavant le Breton Jérémie Beyou. L’objectif de cette première campagne était le Vendée Globe 2020-21 et Yannick a construit un partenariat solide avec la société vendéenne.

La semaine dernière, ils ont mis à l’eau une nouvelle machine pour le tour du monde en solitaire de 2024 : le nouvel IMOCA Maître CoQ V, conçu par Guillaume Verdier et construit chez CDK Technologies à Port-La-Forêt dans les moules de 11th Hour Racing Team-Mālama. Malgré sa sortie de chantier un peu plus tard que prévu, elle donne au vainqueur du dernier Vendée Globe une puissante plateforme pour défendre son titre.

Mise a l eau Maitre COQ V QAPTUR6

« Je me sens chez moi ici »

S'adressant à l’IMOCA, Yannick Bestaven, 49 ans, tout juste arrivé à La Rochelle avec son nouveau 60 pieds, rend hommage à son sponsor, le volailler français qui participera pour la quatrième fois au Vendée Globe en 2024 et pour la deuxième fois avec Yannick.

« Maître CoQ est vraiment engagé dans la voile », rappelle le skipper, qui a fait preuve d'une superbe constance dans ses performances dans le Grand Sud lors de de ce Vendée Globe – le premier bouclé pour le skipper qui menait alors Maître CoQ IV, un plan VPLP-Verdier conçu en 2015*. « Ils soutiennent également la Classe Figaro avec la Solo Maître CoQ et sont partenaires en IMOCA depuis 1992. »

Ingénieur de formation, entrepreneur et homme d'affaires prospère dont la société, Watt & Sea, a développé des hydrogénérateurs qui équipent aujourd’hui la quasi-totalité de la flotte IMOCA, entre autres, Yannick Bestaven affirme que ce partenariat est bien plus qu'un simple soutien financier.

« Ce que j'aime dans cette entreprise, ce sont les valeurs qu'elle véhicule », affirme-t-il. « C'est une entreprise familiale. Je me sens chez moi ici. C'est la première fois que j'ai un partenaire avec autant d'employés qui me suivent quand je suis en mer et cela me motive beaucoup. Il y a un vrai programme pour donner vie au projet, tant en interne qu'en externe. C'est une culture d’entreprise intéressante. »

*Aujourd’hui Groupe APICIL de Damien Seguin

Vg2020 20210128 maitrecoq finish 0039c haute dfinition vi

« Ma motivation, c’est naviguer »

Yannick Bestaven ne partait pas sur le dernier Vendée Globe avec la casquette de favoris. Néanmoins, sa performance tenace – qui lui avait fait prendre une bonne avance après le Cap Horn, avant de la perdre puis la gagner à nouveau – lui a permis de remporter sa première victoire de Vendée Globe, en temps compensé et après l'arrivée la plus serrée de l'histoire de l’épreuve.

Gagner la plus grande course en solitaire n'a pas changé le marin rochelais, connu pour son franc-parler et sa modestie. Cette victoire n'a pas non plus changé sa passion pour la voile, chevillée depuis 20 ans au ciré du skipper dont la carrière a été marquée par des victoires en Mini 6.50 et en Class40.

Nous aurions pu penser qu'après avoir remporté le Vendée Globe, Yannick Bestaven aurait eu du mal à revenir à nouveau dans la course au large, mais pas du tout. « Non, il n'a pas été difficile de me motiver », déclare-t-il. « J'ai immédiatement eu envie d'y retourner. Ce n'est pas une course facile et il faut surtout bien s'y préparer. La source de motivation dépend de chacun et pour moi, c’est naviguer. »

Le Vendée Globe 2024 est clairement l'objectif principal de ce nouveau bateau qui a subi quelques modifications, notamment sur le système de safrans et les foils. Le marin tentera ainsi de défendre son titre face à d’autres marins de taille comme Charlie Dalin, Kevin Escoffier, Paul Meilhat, Thomas Ruyant, Louis Burton ou encore Jérémie Beyou...

Mise a l eau Maitre COQ V QAPTUR 7

La Route du Rhum 2022 comme premier défi

Dans l'immédiat, le team se concentre sur l’apprentissage de ce nouveau bateau dans un temps imparti puisque Yannick Bestaven et son équipe tentent de se qualifier et d'être prêts pour la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, classique transatlantique en solitaire qui s’élance de Saint-Malo le 6 novembre.

Yannick affirme que sa participation n’aura pas pour but de gagner, mais simplement de terminer le parcours. « Nous allons y aller étape par étape, avec le niveau de préparation que nous avons », confie-t-il. « L'essentiel cette année sera d'arriver en Guadeloupe, plus que de réaliser une performance, tout en prenant de l’expérience pour 2024. »

302770296 983155329247602 4411086372744033424 n

Une version adaptée, mais peu modifiée

En ce qui concerne l'aspect technique de la conception de son nouveau bateau, peu de choses ont été modifiées par rapport à son sister-ship, 11th Hour Racing Team-Mālama, mis à l’eau un an plus tôt (skipper américain Charlie Enright). « Nous avons principalement cherché à adapter ce bateau au solitaire car cet IMOCA a été conçu pour un équipage en vue de The Ocean Race », explique-t-il. « J'ai modifié quelques éléments architecturaux qui me permettent de mieux naviguer seul. Sinon, il y a beaucoup de choses en commun avec 11th Hour Racing Team-Mālama qui est un bon bateau. »

Le vainqueur du dernier Vendée Globe est certes plus âgé que certains de ses concurrents de la prochaine édition mais il ne pense pas que ce soit une barrière. Il cite notamment en exemple la carrière inspirante de Francis Joyon, qui a non seulement battu le record autour du monde en solitaire puis en équipage mais aussi remporté la Route du Rhum en 2018.

« Quand je vois des marins comme Francis Joyon, je me dis que je suis encore jeune et que j'ai encore le temps de faire plein de choses ! » Déclare-t-il.

Ed Gorman (traduit de l’Anglais)