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Tandis que la flotte IMOCA fait désormais route vers l'ouest en direction des Açores, la 12ème édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe s'est transformée en un fascinant jeu de stratégie et de tactique.

Charlie Dalin sur APIVIA est actuellement tel un renard poursuivi par des chiens de chasse tous alignés derrière lui, parmi lesquels Kevin Escoffier (Holcim-PRB), Jérémie Beyou (Charal), Thomas Ruyant (LinkedOut), Paul Meilhat (Biotherm) et Maxime Sorel (V And B-Monbana-Mayenne). 

Mais nous savons que le skipper d’APIVIA est rapide dans presque toutes les conditions et qu'il est très actif lorsqu'il s'agit de trouver des moyens de tenir à distance ceux qui tentent de le traquer.

La nuit dernière, après presque trois jours de mer, à environ 350 milles à l'ouest du Cap Finisterre, Charlie Dalin traversait une zone de vents faibles et son avance sur ses poursuivants s’est réduite, passant de 70 à 25 milles.

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Il y a cependant fort à parier que le skipper d'APIVIA sera le premier à atteindre les vents plus forts de sud-ouest associés à l'approche du deuxième système dépressionnaire de la course. Il sera alors sous l'influence du courant de vent de nord-ouest de l'autre côté du système, ce qui lui donnera la possibilité d'accélérer à nouveau et de faire route vers les alizés. 

Morgan Lagravière, vainqueur de la Transat Jacques Vabre 2021 aux côtés de Thomas Ruyant sur LinkedOut, a analysé les différents routages en IMOCA et affirme que cette transatlantique devient "difficile" pour les skippers solitaires qui doivent faire face à des conditions en constante évolution et à beaucoup d'incertitude.

Pour lui, Charlie Dalin sera difficile à maîtriser à court terme. "Je pense que Charlie a la possibilité d'aller au sud-ouest et de descendre plus vite que les autres”, déclare-t-il. "Il doit passer le prochain front aujourd'hui et après faire un long tribord amure pour aller au sud. Mais devant lui se dressera une grande zone anticyclonique qui ne sera pas facile à traverser.”

Pour ceux qui tentent de reprendre la première place à Charlie Dalin, la route du nord semble très risquée, surtout pour ceux qui naviguent sur des bateaux neufs, comme Kevin Escoffier, Jérémie Beyou, Paul Meilhat et Maxime Sorel. 

"Il y a beaucoup d'incertitudes, mais la route la plus au nord est vraiment compliquée aussi parce que les bateaux qui vont vers le nord devront traverser de nombreux fronts et devront rester au-dessus des hautes pressions où ils rencontreront de grosses vagues et des vents forts. Dans ces conditions, les bateaux ne peuvent pas naviguer à 100 % de leurs polaires de performance, ce sera donc difficile pour les skippers", explique Morgan Lagravière. 

Nous lui avons demandé s’il conseillerait aux concurrents d’emprunter cette route. "Cela dépend vraiment de la confiance qu'ils ont dans leur bateau", répond-t-il. “C'est difficile, mais c’est possible s'ils sont confiants. La plupart de ces marins ont des bateaux neufs et c'est une route vraiment inconfortable à prendre avec beaucoup de risques, donc je ne sais pas."

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Le défi est donc de trouver un moyen de dépasser Charlie Dalin alors qu'il continue à se diriger vers le sud-ouest où les prochains jours verront une zone de vents légers se développer à l’est de l'anticyclone des Açores. Une fois cette zone traversée, les skippers de tête toucheront les alizés qui les mèneront jusqu’aux Caraïbes.

Charlie Dalin est rapide dans les vents légers, au près comme au portant, il sera donc difficile à rattraper, mais pour Morgan Lagravière, il y a toujours une chance que ses poursuivants puissent le rattraper dans les vents légers. “Ils auront de nouvelles opportunités plus au sud, car lorsque vous traversez une zone de vents légers, vous ne pouvez pas savoir où se caleront les couloirs de vent légèrement plus ventés et donc il y a toujours une chance de battre Charlie dans ces zones.”, explique-t-il.

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Aussi, selon Morgan Lagravière, la Route du Rhum-Destination Guadeloupe 2022 pourrait être longue pour les IMOCA et le record établi par François Gabart en 2014 - 12 jours, 4 heures et 38 minutes - pourrait ne pas être battu cette année. "Je pense que le parcours sera long", déclare-t-il. "Nous voyons des routages indiquant encore neuf jours de navigation. Aussi, battre le record dépendra de la prochaine partie du parcours et notamment de la zone de vents légers au sud, s'ils choisissent cette route." 

Suite aux abandons de Kojiro Shiraishi sur DMG MORI Global One (collision avec Oliver Heer Racing Team) et de Damien Seguin sur Groupe APICIL (collision avec un cargo entraînant son démâtage), 36 marins des 38 partants de la Classe IMOCA sont toujours en course. 

Après avoir réparé son étrave, Ollie Heer a quitté Saint-Malo hier et fait un deuxième arrêt à Port-La-Forêt où son bateau va être sorti de l'eau pour des réparations sur la coque. Il prévoit de reprendre la mer lundi, le skipper suisse faisant preuve d'une détermination sans faille pour terminer cette course coûte que coûte.

Ed Gorman (traduit de l’Anglais)