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Nous l’avons suivi sur la Route du Rhum-Destination Guadeloupe l’an dernier. Le marin sétois, au parcours atypique, s’est lancé un défi : celui de participer à ce qu’il définit comme “la dernière aventure humaine”, Vendée Globe. Riche de bonnes idées pour financer son projet et rendre accessible ce rêve au plus grand nombre, il compte bien être sur la ligne de départ en novembre 2024.

Nicolas, tu as fait l’acquisition de l'ex-IMOCA de Miranda Merron en avril 2022 pour te lancer dans le défi d’une vie. Peux-tu nous expliquer la genèse de ce projet ?

“Je n’ai jamais été très doué à l’école. À 20 ans, je suis parti convoyer un bateau de Marseille à la Réunion. Je peux aujourd’hui dire que la voile m’a en quelque sorte sauvé. J’ai pu voir la Mer Rouge et tous les pays alentours, j’ai adoré ce format découverte et aventure. Très vite, j’ai voulu faire du Mini donc je me suis lancé. Après trois ans d’entraînement, j’ai fait la traversée en 2009. Puis, j’ai continué à faire de la voile plutôt dans le tourisme, tout en travaillant chez des concessionnaires comme Jeanneau et Bénéteau.  

Mais ce n’est pas le côté régatier et la compétition qui m’a captivé, mais plutôt celui de l’aventure face à soi-même. Se retrouver seul en mer sur une traversée. Je ne suis pas passé par le circuit d’apprentissage conventionnel mais j’ai navigué sur plein de supports différents sur des courses plus classiques en équipage. 

Pour moi, le Vendée Globe est la dernière grande aventure humaine. L’idée de le faire un jour a toujours été dans un coin de ma tête, tout en étant quelque chose qui paraissait inaccessible. Puis un jour, après avoir réfléchi à comment je pouvais réaliser ce rêve, j’ai eu cette idée de financement. Donc je me suis dit qu’avec ça, j’étais obligé de le faire car quand tu as tout pour y aller et que t’y vas pas, c’est que tu n’as pas vraiment envie.”

Justement, peux-tu nous expliquer ce système de financement ?

“Il faut savoir que toutes les entreprises n’ont pas les moyens de faire du sponsoring, mais nombreuses sont celles qui aimeraient en faire. Avec toujours l’idée de démocratiser le monde de la voile, j’ai voulu rendre cela accessible au plus grand nombre en appliquant un tarif d’entrée unique. 

Aussi, j’ai eu l’idée d’aller voir Hervé di Rosa, un artiste sétois, pour lui proposer de peindre les voiles de mon bateau pour ensuite la découper et vendre des morceaux de un mètre carré à des entreprises et particuliers. Il a tout de suite accepté, alors même que je n’avais pas de bateau !

Il est connu et a une bonne côte sur le marché de l’art, donc quand le projet est sorti dans la presse, j’ai tout de suite vendu quelques œuvres qui m’ont permis de mettre en route le projet et d’aller voir les banques pour obtenir un prêt avec un projet plus solide. Une œuvre coûte 20 000 euros et c’est le prix pour avoir son nom sur la coque de mon bateau. Être présent en IMOCA à ce prix-là sur le Vendée Globe ou la Route du Rhum, c’est très rare !

Nous avons quand même pensé au cas où la voile ne pouvait pas revenir à terre. Donc Hervé Di Rosa a peint son œuvre sur une toile aux dimensions de ma voile, qui est aujourd’hui stockée au musée Paul Valéry à Sète. C’est la garantie pour les personnes qu’ils auront une œuvre d’art à la fin du Vendée Globe. Moi je pars avec un flocage sur ma voile, et à mon retour j’apposerai l'œuvre originale sur la voile après avoir bouclé le tour.”

Comment s’est passée la prise en main de ce nouveau bateau que tu as découvert l’an dernier?

“Je n’avais pas trop de budget. Puis, au départ de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, ma première course en IMOCA, mon antenne satellite a lâché donc j’ai dû revenir au port et partir avec 24 heures de retard. Je suis assez satisfait de la manière dont j’ai géré les choses car j’ai réussi à terminer la course et j’ai ensuite ramené le bateau en double sans encombre. C’était une super expérience. Forcément, il y encore plein de progrès à faire, mais je l’ai désormais pas mal en main.

C’était très impressionnant pour moi d’être au départ de cette course légendaire. À la base, je voulais déjà arriver au bout de la course, puis je me suis aperçu que j’arrivais à tenir des vitesses tout à fait honorables pour mon bateau. J’ai un bateau qui est fiable, l’idée c’est de le préserver et de bien le connaître pour les prochaines.”

Quelle est la suite pour ton projet ?

“C’est assez compliqué car j’étais beaucoup en mer ces derniers temps donc je n’ai pas passé beaucoup de temps à la recherche de partenaires. J’ai vraiment fait le choix de naviguer pour m’entraîner et gagner des milles. C’était pour moi une priorité. Je reprends les prospections depuis le mois de février.

Fin mars, du 18 au 26, il y a le salon de la Ciotat et la métropole mettra l’accent sur mon projet. Je fais aussi le vernissage de l’artiste qui a peint ma voile en présence de nombreux collectionneurs. Et la mairie de Marseille, qui accueille la flamme olympique sur le Belem, souhaiterait que je participe à l'opération ! Donc ça serait un grand coup de publicité pour mon projet.

Côté technique, j’aimerais mettre le bateau en chantier afin de vérifier le gréement, mais je préfère assurer des partenaires avant de me lancer là-dedans. Puis côté sportif, je souhaite très fort participer à la Transat Jacques Vabre à la fin de l’année ! En tout cas, je me donne à fond pour cela, si je vends cinq toiles, mon année est sauvée. Donc je ne lâche rien et j’y crois !”


Propos receuillis par Marie Launay / IMOCA