Avez vous pu observer ces nouveaux petits boitiers noirs sur le mât de deux IMOCA de la flotte de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe ? Ce sont de petites stations météorologiques, appelées Oceano Vox, installées avant le départ pour collecter des données pendant toute la traversée.

Les données sont essentielles pour comprendre la variabilité et les tendances de l’Océan, afin d’anticiper les conséquences de l’évolution de notre climat, lié aux activités humaines. Ces études nécessitent des observations continues et régulières.

Afin d’aider à approfondir la connaissance de l’Océan, les IMOCA collaborent avec les scientifiques depuis 2019 en collectant des données en haute mer dans des zones peu fréquentées, grâce au déploiement d’instruments océanographiques ou météorologiques à des latitudes précises ou en installant des capteurs à bord.

Guirec Soudée OceanoVox

Projet pilote sur la Route du Rhum : la mini station météo Oceano Vox

La Route du Rhum-Destination Guadeloupe était une excellente opportunité pour mettre en place un nouveau projet pilote, complémentaire de la collaboration avec Météo France qui consiste à déployer des bouées météo. Ces bouées permettent de prélever des données locales très précises et sur du long terme pour affiner les modèles météorologiques. Néanmoins, sur le parcours de la Route du Rhum, la zone était déjà quadrillée et ne nécessitait pas de déploiement supplémentaire. 

Deux marins, Guirec Soudée (Freelance.com) et Thomas Ruyant (LinkedOut) qui d'ailleurs vient de remporter la course (bravo à lui !), ont donc accepté l’exercice de tester un nouveau concept et d’installer une mini station météo Oceano Vox dans le mât de leur bateau, afin de prélever des données sur la température de l’air, la pression atmosphérique et l'humidité. 

« Les données scientifiques que nous collectons sont mises à disposition du Système Mondial d’Observation des Océans (GOOS), et la science participative est le moteur du projet, permettant aux navigants d’être acteurs de la recherche sur l’Océan et le climat. » précise Antoine Cousot, fondateur d’Oceano Vox.

L'objectif du projet Oceano Vox, lancé début 2022, est de permettre des collectes de données en mer à faible coût et à très large échelle grâce à un service collaboratif. Cette opération avec l’IMOCA permet ainsi de tester les capteurs en condition extrême et de pouvoir faire évoluer le système pour l'optimiser dans un second temps.

“Le projet est intéressant, puisque la récolte de données va permettre d’améliorer ce qu’on connaît de la météo au large. Le but c’est aussi de pouvoir démocratiser ces collectes”,souligne Thomas Ruyant.

Les données collectées sont visibles sur un tableau de bord qui remonte les données prélevées en direct.

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Une collaboration long terme avec l’IFREMER

L'objectif de cette collaboration s’inscrit dans une vision à plus long terme, avec l’ambition de pouvoir équiper un maximum de bateaux sur toutes les courses du Championnat IMOCA GLOBE SERIES, tout en continuant de développer les capteurs.

Dans le cadre d’un accord de collaboration, l’Ifremer et Oceano Vox projettent de développer une solution de collecte de données océanographiques de surface, spécifique aux navires d’opportunité (bateau de la société civile contribuant aux collectes de données sur l’océan), permettant de démocratiser la collecte de données scientifiques marines

Le projet rentre dans le cadre du programme prioritaire de recherche Océan & Climat 2021–2027 piloté par l’Ifremer (Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer) et le CNRS, en couvrant 3 défis sur les 7 annoncés par le programme.*

“Nous avons besoin de ces initiatives tournées vers l’engagement de navires d’opportunité pour les sciences océaniques, qui sont des compléments et/ou alternatives durables aux campagnes scientifiques traditionnelles”, confirme Lucie Coquempot, coordinatrice des réseaux d’observation à l’Ifremer.

L’ambition du projet est d’avoir un maximum d'IMOCA équipés d’Oceano Vox et de pouvoir partager ce projet avec la communauté de marins amateurs qui souhaitent contribuer aux mêmes engagements avec leur propre bateau. “C’est hyper léger, ça ne prend pas de place, je pense que tous les marins devraient avoir ça à bord de leur bateau”!,confirme Guirec Soudée.

*N°1 - Prévoir les impacts des phénomènes extrêmes liés au changement climatique avec des mesures in-situ grâce à la communauté
N°2 - Intensifier les recherches dans des océans polaires en pleine mutation et aux enjeux géostratégiques majeurs en organisant des campagnes de collecte participatives
N°7 - Partager avec le grand public la découverte de l’Océan et les enjeux sociétaux associés