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Il est l’une des principales voix de l'industrie nautique mondiale. Ancien coureur au large, grand expert des voiliers de compétition, notamment au sein des équipes America’s Cup, Michel Marie accompagne l’IMOCA depuis deux ans dans sa stratégie développement durable.

De son point de vue, la marche à suivre est d’imposer un cap carbone sur les constructions des nouveaux IMOCA, de réduire l'utilisation des fibres de carbone dans les moules, de simplifier les règles de jauge et d’agir collectivement vers un objectif ambitieux.

Michel Marie vit à Oxford, en Angleterre, où il est responsable de la partie composite de l’équipe de Sir Ben Ainslie, INEOS Britannia, engagée sur l’America’s Cup. Depuis le début de sa collaboration avec l’IMOCA, l’expert joue notamment un rôle déterminant dans l’élaboration de la règle de la « Voile Verte » qui a fait ses preuves. Il est également l'un des fondateurs de l'outil d’Analyse du Cycle de Vie dédié à l’industrie nautique : MarineShift360 qui a été développé grâce au soutien de 11th Hour Racing et dont l'utilisation est obligatoire pour toute nouvelle construction d’IMOCA depuis 2021.

Selon lui, l’IMOCA peut être plus ambitieuse quant à ce qu'elle peut réaliser sur ces sujets : « Tout d'abord, nous devons mieux éduquer le public sur toutes ces questions », déclare-t-il. « Nous - le milieu de la voile - sommes un énorme outil de communication à cet égard. Nous sommes aussi une grosse machine d'ingénierie et, pour moi, l'avenir, c'est d'utiliser toute cette matière grise pour faire avancer les choses. Nous devons aller de l'avant sans 'greenwashing', car il y en a encore beaucoup dans la société dans laquelle nous vivons. »

Pour le Normand, un cap carbone afin de limiter les émissions de CO2 dans le processus de construction des nouveaux IMOCA, serait une mesure restrictive viable et réaliste. Il admet cependant qu’elle nécessiterait un changement d'approche. « Nous devons vraiment adapter notre état d’esprit car essayer de construire un bateau qui va aller 1,5 nœud plus vite que le précédent sans l'intégration de mesures de réduction de l’empreinte environnementale n’a plus de sens selon moi », explique-t-il.

Photo© Digital use only

Depuis qu'il est sur la scène de l’America’s Cup, Michel Marie a supervisé plusieurs évolutions des règles de construction, basées sur la réduction des impacts qui n’entravent pas la performance sportive des bateaux. Les organisateurs de « la Coupe » n'ont pas encore mis en place de cap carbone mais ils ont d’ores et déjà développé un ensemble de règles qui s'appuie sur des critères précis, notamment en ce qui concerne les moules.

« Avec mon expérience, je pense que la mise en place d’un cap carbone est le seul moyen d’arriver à vraiment se projeter dans le futur et de faire en sorte que les choses changent de manière profonde. »
 
Instaurer une limite de production de CO2 n'est pas une mince affaire, mais Michel Marie insiste sur le fait que les courses IMOCA, comme toutes les autres courses de voile, sont une réelle source de divertissement pour les fans. En tant que tel, les Classes et les événements doivent faire de leur mieux pour minimiser et positiver leur impact. « On voit de plus en plus l’opinion publique demander à ce que des changements soient fait dans nos activités de niche », déclare-t-il. Il pense que le grand public s'attend à ce que la communauté IMOCA continue de s'orienter de manière concertée vers des aspects environnementaux plus innovants.

S 14 03 230318 AMR 11HRT 0032© Amory Ross / 11th Hour Racing / The Ocean Race

Il affirme que la partie la plus difficile dans la conduite du changement est la complexité du "village" de l'IMOCA et des nombreuses parties prenantes impliquées, qui devront adhérer aux mesures qu’il aimerait voir prises. « Je pense que le défi le plus difficile à relever pour l'IMOCA est de parvenir à un consensus. Il s'agit en effet d'une grande organisation avec beaucoup d'acteurs différents : marins, sponsors, architectes, constructeurs et fournisseurs. Les choix sont tous faits collectivement et c'est donc la recherche d'un consensus qui pourrait être chronophage. Cependant, la Classe est un bon exemple du défi plus large auquel notre société est confrontée dans ce domaine. »
 
S’il devait choisir de la voie à suivre, Michel Marie identifie trois étapes. « Pour moi, le ‘voyage’ se fait toujours en trois temps », explique-t-il. « Tout d'abord, il s'agit de faire le point sur la situation actuelle en utilisant l’Analyse du Cycle de Vie, comme l'a fait la Classe IMOCA. Deuxièmement, de tirer des enseignements de la situation actuelle et de s'orienter vers un changement de comportement ou un changement matériel, de quelque manière que ce soit, afin de réduire les émissions. Puis, l’étape suivante consiste à regarder où l'on veut être dans un avenir lointain et ainsi faire des choix qui permettront d’atteindre ces résultats à long terme. Par exemple, dans le cas de la règle de la Voile Verte, nous en sommes maintenant à cette troisième étape. »

Ed Gorman (traduit de l’anglais)

 

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