Quelle semaine sur The Ocean Race ! Le point avec Jack Bouttell et Tom Laperche
Le marin australo-britannique Jack Bouttell affirme que Holcim-PRB se situe dans un autre "système météo”, juste devant 11th Hour Racing Team et le reste de la flotte. Cependant, ses coéquipiers et lui cherchent toutes les occasions pour le rattraper.
Alors que Kevin Escoffier et son équipage sont toujours en tête de la troisième étape de The Ocean Race, au nord d'un impressionnant système dépressionnaire centré à environ 600 milles dans leur sud-est, 11th Hour Racing Team est maintenant à plus de 500 milles derrière eux, en deuxième position.
En effet, le bateau américain, ainsi que Biotherm et Team Malizia, sont tombés dans un système de hautes pressions qui les a laissés aux prises avec des vents faibles et une forte houle. Ils doivent alors plonger vers le sud pour aller chercher une brise plus soutenue et ainsi parcourir plus de milles que l'actuel leader.
"C'est sûr que Holcim-PRB est dans une bonne position", confie Jack Bouttell à l'IMOCA. "Ils vont pouvoir rester au nord de la dépression et étendre leur avance de manière considérable. Avec les problèmes et les ralentissements que nous avons eus, nous sommes tombés à l'arrière de cette dépression. Aussi, nous allons devoir faire une route plus sud et attendre que le prochain système arrive pour tenter de le rattraper.”
"Pour ce qui est de l'avenir, il est impossible de dire comment cela va se passer", ajoute-t-il. “Holcim-PRB se situe dans un système météorologique en avance sur nous, ce qui est très confortable pour eux. Mais, nous savons qu’il ne faut pas grand-chose pour qu’un regroupement de flotte se fasse. Donc nous verrons bien !”
Les "problèmes" auxquels Jack Bouttell fait référence à bord de Mãlama, comprenaient notamment des réparations sur la descente de foil. Mais l'équipage de Charlie Enright s'en sort bien par rapport à Guyot environnement-Team Europe qui doit lui rentrer à Cape Town après avoir décelé des problèmes structurels sur le fond de coque, et à Team Malizia, dont l’équipage a dû effectuer d’importantes réparations en haut de son mât.
Alors que l'équipage de Benjamin Dutreux, amèrement déçus, prépare leur retour en course à Itajaì - soit en traversant l'Atlantique, soit en regagnant les mers du Sud après avoir réalisé les réparations nécessaires - nous avons hier assisté à une extraordinaire ingéniosité à bord de Team Malizia.
Lorsqu'ils ont découvert l'étendue des dégâts causés à leur gréement, Boris Herrmann et son équipe ont d'abord conclu qu'ils n'avaient pas d'autre choix que de suivre Guyot environnement-Team Europe et de faire route vers l’Afrique du Sud. Mais, après de nombreuses discussions avec l’équipe technique, les naviguants ont choisi d’entreprendre le défi complexe et exigeant de réparer leur mât en mer. Will Harris a ainsi passé des heures à 29 mètres de haut pour poncer et strater la casse. Après près de cinq jours en mer, le team allemand est de retour en course, à la quatrième place, 572 milles derrière Team Holcim-PRB.
Nous nous sommes entretenus avec Tom Laperche, bizuth des mers du Sud, qui nous a parlé des conditions qu’ils rencontrent actuellement, celles-ci étant bien différentes de celles de leurs poursuivants.
"L'ambiance à bord est plutôt bonne", déclare le vainqueur de la Solitaire du Figaro 2022. "Mais l’état de la mer nous rend la vie très difficile depuis deux jours et cela va durer deux jours encore. Nous sommes dans le nord de la dépression et nous avons des rafales et des grosses vagues, donc c'est très difficile d'avoir une vitesse moyenne stable et de préserver le bateau. Nous sommes un peu fatigués mais le chemin est encore long donc j’espère que nous serons rapidement en meilleure forme.”
Compte tenu de ce qui est arrivé à Guyot environnement-Team Europe et à Team Malizia, l'équipage de Holcim-PRB, qui comprend également les marins britanniques Sam Goodchild et Abby Ehler, nous lui avons demandé s’ils prennaient des précautions supplémentaires à bord. “Avant le début de cette étape à Cape Town, nous avons fait très attention au bateau", confie le marin de 25 ans. "Nous savons que le premier objectif de cette étape est de la finir. C’est quelque chose que nous disons souvent, mais là c’est vraiment l’élément le plus important donc nous ne poussons pas trop, nous en prenons soin.”
La question est maintenant de savoir combien de temps Kevin Escoffier et son équipage pourront s'accrocher au wagon qui les emmène directement et rapidement vers l'est. Ils se trouvent actuellement à environ 1 100 milles au nord des îles Kerguelen et à 3 200 milles quasi plein ouest du cap Leeuwin, au sud-ouest de l'Australie. Tom Laperche n'est pas certain de pouvoir répondre à cette interrogation.
"Nous allons naviguer dans ce système de basse pression en ligne droite pendant encore quatre ou cinq jours, puis nous aurons à nouveau des empannages à faire", explique-t-il. "Derrière nous, ils sont tombés dans l'anticyclone et ils devront encore faire face à des vents légers sur les deux prochains jours, mais notre routage n'est pas très clair pour la semaine prochaine, donc je ne sais pas s'ils peuvent revenir ou non."
De retour sur Mãlama, Jack Bouttell dit profiter des légendaires albatros qui dansent avec les vagues. C’est, selon lui, un spectacle "plutôt cool", mais nous savons tous que l’équipe américaine, sur son foiler conçu par Guillaume Verdier, donnerait n'importe quoi pour être là où Holcim-PRB se trouve actuellement.
Ed Gorman (traduit de l'anglais)
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