C’est La Fabrique d’Alan Roura et Sébastien Audigane qui ouvrait le bal aux alentours de 15 h 50 en franchissant la ligne des runs mouillée dans les courreaux de Groix. 20 nœuds, petit clapot couleur menthe à l’eau, grand soleil, la rade de Lorient avait tous les atours de la voile champagne !

En cadence, les 19 autres concurrents s’annonçaient à la VHF et se présentaient sur la ligne sous des combinaisons de voilure  très variées. Sur ce bord assez serré à 100° du vent, seul La Mie Câline Artipôle (Arnaud Boissières, Xavier Macaire) se risquait sous son petit gennaker quand d’autres comme Corum l’Épargne (Nicolas Troussel, Jean Le Cam) et Apicil (Damien Seguin, Yoann Richomme) filaient GV haute –J2. Ces deux-là se révélaient d’ailleurs les plus rapides des bateaux à dérive à la fin de la journée, en compagnie de V and B Mayenne (Maxime Sorel, Guillaume Le Brec).

Tour de chauffe

Pour beaucoup, le premier passage ressemblait à un tour de chauffe. La prestation de ceux qui rentraient d’emblée dans le vif du sujet n’en prenait que plus de hauteur. Charal (Jérémie Beyou, Christopher Pratt) faisait ainsi le premier la démonstration de sa maîtrise du vol, suivi pas très loin en vitesse pure de PRB (Kevin Escoffier, Nicolas Lunven), certes moins aérien mais très régulier et qui termine second.

Très bonne surprise aussi du côté de MACSF qui dès son premier run décollait franchement, sustenté par ses nouveaux foils. De toute évidence, le long refeat hivernal donne des ailes au premier IMOCA sur plans VPLP-Verdier de douze ans d’âge. Associée à Morgan Lagravière, Isabelle Joschke ne boudait pas son plaisir : «  Depuis la mise à l’eau, nous n’avions jamais eu 20 nœuds et c’est une très belle surprise de trouver le bateau léger à la barre et facile. C’était juste stressant d’aller à ces vitesses avec autant de bateaux  autour, mais on n’a rien cassé et c’est une belle journée avant d’attaquer les 48 heures… »

Histoire de générations

Rapidement, la succession des runs entre derniers foilers, génération intermédiaire et anciennes montures à dérives tournait à la leçon d’architecture. Quand certains s’appuient sur leur carène et voient leur puissance se diluer dans la gîte, d’autres s’envolent, restent à plat et transforment toute l’énergie en vitesse. Dans ce domaine, le deuxième run d’Arkéa Paprec avait de quoi rassurer quant au potentiel du plan Kouyoumdjian de Sébastien Simon et Vincent Riou qui se hisse sur le podium. La carène hyper tendue faisait merveille sur mer plate avec une stabilité longitudinale remarquable.

Parti prudemment, Advens for Cybersecurity de Thomas Ruyant et Antoine Koch montait en puissance au fil des runs et montrait aussi que sa carène Verdier était bien née. « C’était la troisième sortie du bateau expliquait Antoine Koch de retour à Lorient La Base. On est parti prudemment mais on a pris nos marques et la vitesse du bateau nous rassure. Une fois sur les foils, on voit bien qu’il n’a pas besoin d’une grosse surface de voilure pour accélérer. C’est la logique du multicoque en fait ! »

Côté foilers 2015, la palme revient à Maitre Coq (Yannick Bestaven, Roland Jourdain)  qui fait mieux qu’Initiatives cœur et aussi bien qu’Advens for Cybersecurity.

A noter enfin que l’écart entre le plus rapide et le plus lent des 60 pieds excédait 10 nœuds ce qui à l’échelle de courses plus longues pourrait créer des gouffres. Première vérification avec les 48 heures Azimut qui partent demain au milieu du Golfe de Gascogne sur un parcours venté et plutôt favorable aux foilers.

LE PODIUM

Charal (Jérémie Beyou & Christopher Pratt)
PRB (Kevin Escoffier & Nicolas Lunven)
Arkéa Paprec (Sébastien Simon & Vincent Riou)
 
Site officiel du Défi Azimut