Boris Herrmann’s sporting and environmental ambitions

En 2020, Boris Herrmann deviendra le premier Allemand à participer au Vendée Globe, qu'il prépare avec méthode et confiance. Rencontre avec un marin qui prône l’éclectisme et s’engage face aux enjeux environnementaux.

En 2020, Boris Herrmann deviendra le premier Allemand à participer au Vendée Globe, qu'il prépare avec méthode et confiance. Avec sa 5e place décrochée dans la Route du Rhum, Boris pourrait prendre la tête des IMOCA Globe Series en cas de beau résultat dans la Bermudes 1000 Race, dont il sera l’un des 18 skippers au départ le 8 mai prochain. Suivra un programme en double avec Pierre Casiraghi, dont le point d’orgue sera la Transat Jacques Vabre. Rencontre avec un marin qui prône l’éclectisme et s’engage face aux enjeux environnementaux.

Au départ du prochain Vendée Globe, le 8 novembre 2020, Boris Herrmann sera probablement le concurrent qui aura disputé le plus de milles à bord de son IMOCA. L’an dernier, le skipper allemand a parcouru près de 25 000 à bord de Malizia II, un foiler de 2015 signé VPLP-Verdier, ex Edmond de Rothschild de Sébastien Josse lors du Vendée Globe 2016. La saison 2019 s’annonce également très dense avec des participations aux trois courses des Globe Series (Bermudes 1000 Race, Rolex Fastnet Race et Transat Jacques Vabre) ainsi qu’à la Rolex Giraglia et au Défi Azimut. « Le bateau est basé à Monaco et pour chaque événement nous devons faire l’aller-retour. Cela ajoute beaucoup de milles au compteur, dans des conditions variées et donc intéressantes », précise Boris. « Je suis dans l’optique de travailler dur, de naviguer un maximum. Je ferai ainsi le retour de la Transat Jacques Vabre en solitaire. Mon IMOCA ne sera pas le plus performant au départ du Vendée Globe, mais j’aimerais qu’il soit le plus fiable. »

Boris, futur leader des Globe Series ?
Actuellement 4e du nouveau Championnat du Monde IMOCA Globe Series, Boris Herrmann compte profiter de la Bermudes 1000 Race pour gagner des places. De fait, les trois concurrents qui le devancent au classement général (Paul Meilhat, Yann Eliès et Alex Thomson) ne seront pas au départ de cette épreuve en solitaire de 2000 milles entre Douarnenez et Brest, via le Fastnet et les Açores. « J’ai de belles espérances pour cette course, même s’il s’agira seulement de ma deuxième grande expérience en solitaire en IMOCA, après laRoute du Rhum 2018 », souligne Boris. « On ne verra pas encore la flotte des nouveaux IMOCA mais la Bermudes 1000 Race sera un premier bon test en 2019. Je vais pouvoir me jaugerface à des concurrents de très grande qualité comme Sam Davies, avec ses nouveaux foils, ou Sébastien Simon, pour sa première course en solo en IMOCA. »

« J’ai eu confiance en ce bateau dès le premier jour »

Boris Herrmann se trouve en bonne position car il porte un projet cohérent, qui prend de l’ampleur malgré des moyens financiers limités. « Le soutien du Yacht Club de Monaco est précieux mais nous cherchons des partenaires pour compléter le budget et travailler de manière encore plus performante. Le nom du bateau est même disponible. Il n’a jamais été question que Monaco assume seul le projet », confie Boris. Malgré les contraintes budgétaires actuelles, le skipper allemand travaille de manière performante et efficiente. « Nous devons beaucoup à Gitana qui nous a vendu un IMOCA 100 % développé, une très bonne base.J’ai eu confiance en ce bateau dès le premier jour.Cela nous a mis d’entrée dans une position confortable. Ma petite équipe grossit à son rythme et travaille en bonne harmonie. »

Malizia 2018 BMW 008 AndreasLindlhar© Andreas Lindlhar/Team Malizia

Pour hausser son niveau de jeu, le marin allemand s’entraîne depuis l’an dernier au Pôle Finistère Course au Large de Port-la-Forêt, qui a notamment formé les cinq derniers vainqueurs du Vendée Globe, et les 16 derniers lauréats de la Solitaire du Figaro ! « Je porte un projet international, outsider, et c’est un grand honneur de m’entraîner dans cette structure », se réjouit-il.« Un tel regroupement de marins professionnels qui travaillent ensemble et partagent des données pour progresser ensemble, c’est unique au monde. Les échanges sont très riches, Yann Eliès par exemple m’a donné de précieux conseils. »

Un co-skipper princier pour la Transat Jacques Vabre

Dans une saison 2019 principalement axée sur la navigation en double, Boris Herrmann a choisi comme co-skipper Pierre Casiraghi, membre de la famille princière monégasque et fondateur du Team Malizia. « Pierre a un calendrier très chargé et il ne pourra pas venir s’entraîner à Port-la-Forêt », indique Boris. « Heureusement il connaît déjà bien le bateau.Ensemble, nous avons terminé sur le podium de la Fastnet Race 2017, puis nous avons participé aux Monaco Globe Series. Avant la Transat Jacques Vabre, nous prendrons part à la Rolex Giraglia et au Défi Azimut. Pierre n’est pas un navigateur professionnel mais il est tout de même expérimenté, et il a une très bonne mentalité. Je suis fier du projet que nous avons monté ensemble, j’ai hâte de reprendre la mer avec lui. Sur la Jacques Vabre, nous viserons le premier tiers de la flotte. »


L’an prochain, Boris sera au départ de toutes les courses des Globe Series, avec en ligne de mire le Vendée Globe. A plus long terme, il ne cache pas son intérêt pour The Ocean Race, le tour du monde en équipage avec escales « Pour moi, c’est comme si cette course faisait partie des Globe Series. C’est naturel de vouloir participer à cette aventure très complémentaire du Vendée Globe. »

Vers un bateau zéro émission 

En attendant ces diverses échéances, le bateau passe cinq mois au chaud à Lorient (remise à l’eau prévue le 5 avril) pour une vérification très rigoureuse de tous les éléments, accompagnée de quelques optimisations. « Nous avons par exemple installé une deuxième amure sur le bout-dehors, comme sur Hugo Boss. L’idée étant, quand les conditions sont très variables, de pouvoir hisser à la fois un petit et un grand gennaker et d’être en mesure d’enrouler l’un pour dérouler rapidement l’autre », explique Boris. Autre nouveauté, l’installation de panneaux solaires très étudiés et optimisés. Boris Herrmann : « Nous espérons que ces panneaux, dont le poids total est inférieur à 30 kg, seront aussi performants qu’attendu. Avec cette installation et les hydrogénérateurs, qui sont très efficaces dans la plupart des situations, nous espérons fournir 100 % de l’énergie nécessaire, sans jamais utiliser le moteur. Je ne veux pas faire le Vendée Globe avec 250 ou 300 litres de gasoil. Je pense plutôt embarquer 40 à 50 litres, en cas de problème. J’ai l’espoir de pouvoir me libérer de cette contrainte énergétique. C’est une démarche de performance et aussi un beau symbole d’essayer de boucler un tour du monde sans utiliser une goutte de gasoil. Les IMOCA sont gourmands en énergie et on ne peut pas embarquer de plus en plus de gasoil. Nous devons avancer de manière plus intelligente et ‘clean’. D’où l’intérêt de disposer de sources renouvelables très efficaces. »

Skipper prescripteur
Pas de doute, Boris Herrmann s’inscrit dans cette lignée de skippers influenceurs et acteurs de la transition écologique. A bord de son IMOCA, il a embarqué un petit laboratoire océanographique. « Lors de toutes nos navigations,cette installation pompe l’eau de mer en permanence et mesure plusieurs données intéressantes pour les scientifiques, notamment le taux de CO2 en surface.C’est très important quand on sait que l’océan absorbe 30 % des émissions de dioxyde de carbone dues aux activités humaines. » Boris propose aussi un vaste programme pédagogique, « My Ocean Challenge », qui s’adresse aux enfants de 8 à 12 ans. « En partageant nos aventures maritimes, nous pouvons leur expliquer le rôlefondamental des océans dans la régulation du climat, en quoi ils sont menacés et comment les protéger. Nous pensons qu’il est primordial d’éduquer les jeunes générations pour faire évoluer la situation », conclut-il.