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"C’était tonique et assez violent ce premier front avec 43 noeuds dans les rafales. La mer était croisée. Le pire était la sortie de front où le vent a tourné brutalement." Franck Cammas qui en a vu d’autres, ne fait pas de mystère sur le caractère extrême d’un passage de front sur ces IMOCA volants.

Le premier tiers de la descente du golfe, on était un peu sur les freins. (…) Le but était de s’échapper dans cette mer croisée, (…) on gère le bateau même si des fois c’est ingérable ! »

Il faut toute l’expérience de binômes comme celui qu’il forme avec Jérémie Beyou pour aller vite sans tout casser et se retrouver aux avant-postes avec 25 mille d’avance ce matin à l’heure des premiers choix. Car après 48 heures dans la machine à laver, le vent a nettement molli et si la mer reste croisée, il faut maintenant passer du temps à la table à cartes sur ces monocoques qui ne sont pas routés. Car comme le confirmait Thomas Ruyant qui ne lâche rien lui non plus et pointe à la troisième sur For People, « les débuts de transats ne sont jamais simples, mais la météo de celle-là est particulièrement compliqué  et les modèles changent encore beaucoup » 

Chacun va devoir arbitrer aujourd’hui entre repiquer un peu dans l’Ouest pour se dégager des zones de molles au large du cap Saint Vincent ou chercher le trou de souris au ras des côtes Portugaises avec beaucoup d’aléa. Un arbitrage où l’aspect matériel prend toute son importance comme le notait Franck Cammas :« On pense être rapides dans les conditions ventées, mais enchaîner les fronts au dessus de 35 noeuds, ça sollicite beaucoup le bateau. Alors, on réfléchit ! »

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Au vu du bilan matériel, il y a fort à parier que c’est dans un entre-deux météo que chacun va chercher à progresser. Un peu d’Ouest sans doute et surtout beaucoup de pilotage pour exploiter tout ce qui est possible pour gagner Sud. Avec Paprec Arkéa, dans une position médiane intéressante, c’est un match à trois en tête qui se profile, même si le groupe de poursuivants emmené par Teamwork à une cinquantaine de milles peut largement profiter des opportunités d’un schéma météo aléatoire.

« Finalement, tout le monde a opté pour aller dans le sud, décrypte Yoann. On oublie que les conditions de mer sont épouvantables et c’est vraiment délicat pour les bateaux. C’est plus raisonnable de faire cap au sud ». La décision s’est faite dans la matinée. En fin de journée, une légère accalmie a permis de se reposer, enfin, et de faire le tour du bateau pour vérifier que tout était en ordre. « On arrive à se reposer même si nos deux bannettes se sont cassées… Le matelas fonctionne bien ! » 

HD 230508 YR polaRYSE YNR08797 090528 © © Yann Riou / Polaryse

« La première nuit c’était vraiment la guerre, on s’est concentrés sur le fait de garder le bateau en un morceau », écrit cette nuit l'équipage de Team Work. « C’était une nuit bien engagée avec 40 noeuds pendant assez longtemps, et on a vu que ça a fait pas mal de dégâts dans la flotte malheureusement. Il nous est arrivé quelques petits pépins mais vraiment rien de grave. Dès qu’on pourra on va faire un bon tour du bateau pour tout vérifier mais ça ne nous gêne pas pour naviguer jusqu’ici. Maintenant on essaie de se reposer, les conditions de vie à bord ne sont pas très agréables, mais rien d’insurmontable. Dès demain ça devrait commencer à être de mieux en mieux ! »

A noter qu’en queue de flotte, certains comme Singchain Team Haikou et tous ceux qui repartiront de leurs escale dans les ports de l’Atlantique n’en ont pas fini avec le mauvais temps…