Barcelona World Race: from one hemisphere to another

  • Après deux semaines de course, la hiérarchie respectée
  • Un niveau de compétition relevé, une flotte homogène
  • Des initiatives pour l’environnement et la science
  • Le démâtage d’Hugo Boss prive la course d’un de ses favoris

Deuxième course phare du championnat IMOCA Ocean Masters, la Barcelona World Race tient, depuis deux semaines qu’elle s’est élancée, toutes ses promesses. Jamais le rythme n’a été aussi élevé et la flotte aussi homogène pour ce tour du monde en double au départ de Barcelone. Signe d’une préparation de plus en plus professionnelle, jusqu’au démâtage d’Hugo Boss intervenu le mercredi 15 janvier, on ne déplorait pas de casse majeure au sein de la flotte malgré des cadences intenses, aux dires mêmes des navigateurs engagés. Pour le bateau d’Alex Thomson et Pepe Ribes, c’est une des pièces de l’enrouleur de génois qui a cédé, rappelant par là que la course au large reste un sport mécanique. Même une préparation exemplaire comme le fut celle d’Hugo Boss  ne peut mettre à l’abri un équipage d’un impondérable de cette nature.

Les records tombent

Barcelone – Gibraltar en 2j 05h 50mn (3j 07h 55mn en 2011), Barcelone – équateur en 11j 13h 50mn (12j 10h 00mn en 2011), soit des gains respectifs de 26 et 20 heures sur les temps de référence, sont les nouveaux records établis par le même bateau Hugo Boss, ex Virbac-Paprec 3. Les chiffres témoignent surtout de l’engagement des équipages : à l’équateur, moins de trois heures séparaient les membres du trio de tête. A ce rythme, les objectifs des équipages de tête de boucler ce tour du monde en 82 jours pourraient être atteints. Conséquence de cette première quinzaine intense : les marins avouent tous une fatigue réelle et devraient compter sur les alizés de l’hémisphère sud pour essayer de se requinquer avant d’aborder les Quarantièmes Rugissants. 

La hiérarchie respectée

Cette première quinzaine de course n’a pas débusqué de grosse surprise. Les favoris sont au rendez-vous. Si l’on cumule les paramètres de performance : âge du bateau, expérience de l’équipage, temps de préparation et d’entraînement, le classement actuel est, on ne peut plus logique. En tête sur Hugo Boss, Alex Thomson et Pepe Ribes disposaient du bateau le plus récent, le plan Verdier – VPLP vainqueur de la dernière édition. Les deux hommes ont un solide bagage autour du monde et ont pu s’entraîner ensemble dans de bonnes conditions. Sur leurs talons deux équipages d’expérience, Neutrogena,  avec Guillermo Altadill et José Muñoz et Chemines Poujoulat où les vécus respectifs de Jean le Cam et Bernard Stamm compensent leur faible temps de prise en main du bateau. A bord de GAES Centros Auditivos, Anna Corbella et Gerard Marin auteurs d’un début de course épatant, montrent tout le bien qu’il faut penser d’un entraînement intensif.

C’est plus compliqué pour l’équipage de Renault Captur, Sébastien Audigane et Jörg Riechers qui découvre le bateau, de même que pour Nandor Fa et Conrad Colman à bord de Spirit of Hungary  Leur expérience devrait leur permettre de monter progressivement en puissance. Enfin, à bord de We Are Water et de One Planet One Ocean & Pharmaton, les frères Bruno et Willy Garcia comme Aleix Gelabert et Didac Costa partent à la découverte du tour du monde.

Le démâtage d’Alex Thomson et Pepe Ribes met donc aux prises aux avant-postes trois IMOCA de même génération, qui plus est, issus du même cabinet d’architecte, Bruce Farr. Ces trois bateaux ont été optimisés ces dernières années : GAES a couru le Vendée Globe sous les couleurs de Synerciel et a subi de la part de jean Le Cam une véritable cure de jouvence, de même que Neutrogena qui n’est autre que le bateau avec lequel Alex Thomson a fini troisième du Vendée Globe. Enfin Cheminées Poujoulat, deuxième de la dernière Barcelona World Race sous les couleurs de MAPFRE a vu sa carène profondément modifiée avec du gain de volume dans le tiers avant pour augmenter sa puissance au reaching. Il sera intéressant de comparer les performances de ces trois bateaux sur un tour du monde avec les références que l’on possède actuellement.

Un format original

L’entrée prochaine dans les mers du sud, d’ici une semaine environ va être l’occasion de démarrer les programmes d’observations scientifiques pour lesquels la FNOB, en partenariat avec plusieurs universités et laboratoires de recherche européens, a demandé la participation des skippers. De programme parrainé par l’UNESCO va permettre de recueillir nombre de données inédites sur le Grand Sud, région à l’écart des grandes routes maritimes usuelles. Cette dimension nouvelle, testée à grande échelle sur la Barcelona World Race, devrait être inscrite à l’avenir dans le programme de l’ensemble des courses du Championnat IMOCA Ocean Masters. Une voie a été ouverte, à charge pour la classe IMOCA de la faire fructifier et de la rendre incontournable.