Arrivée de Sébastien Simon

Retour sur les principaux enseignements de la Bermudes 1000 Race qui a mené les marins de Douarnenez à Brest, en passant par le phare du Fastnet et une marque virtuelle au large des Açores.

Grand Prix Guyader 2019© François Van Malleghem | Grand Prix Guyader

Il reste encore un concurrent en mer dans la 2ème édition de la Bermudes 1000 Race, le Belge Denis Van Weynbergh attendu jeudi sur la ligne d’arrivée à Brest. Remportée vendredi dernier par Sébastien Simon (en 7 jours, 17 heures et 34 minutes) devant Yannick Bestaven et Giancarlo Pedote, cette épreuve de 2 000 milles inscrite au calendrier des IMOCA Globe Series (coefficient 2) a été très instructive pour les 17 solitaires en lice, dont aucun n’a abandonné. Retour sur les principaux enseignements de cette course qui a mené les marins de Douarnenez à Brest, en passant par le phare du Fastnet et une marque virtuelle au large des Açores.

De la pétole, du vent fort, des conditions tantôt tactiques tantôt musclées, des zones de transition, des moments à rechercher la moindre risée, d’autres à prendre des tonnes d’eau sur le pont… Les 2 000 milles de la Bermudes 1000 Race ont été très variés, ce qui a permis aux 17 concurrents en lice de tirer de précieux enseignements en solitaire, notamment pour les six marins qui découvraient l’exercice en IMOCA.

Les favoris au rendez-vous

Sébastien Simon, qui faisait partie des « bizuths » a fait une forte impression, menant les débats de bout en bout et l’emportant à Brest avec plus de 3h d’avance sur ses premiers poursuivants. « Tout n’a pas été parfait, mais en tous les cas, les trajectoires étaient super bien », a commenté Sébastien à son arrivée. « J’ai fait quelques vracs quand même, et j’ai laissé beaucoup d’énergie. C’est une belle expérience. Je n’ai pas eu peur de faire des manœuvres ou d’être un peu ambitieux. C’était ma première et ma dernière régate sur ce bateau en solitaire. Je pense que j’ai mérité mon IMOCA neuf maintenant ! »

Derrière, la lutte pour compléter le podium a été âpre et les favoris ont été au rendez-vous. Après plus d’une semaine de course, les quatre poursuivants de Sébastien Simon ont bouclé le parcours à seulement six minutes d’intervalle ! Un scénario haletant qui a ravi Yannick Bestaven, 2e : « Le finish a été incroyable. La dernière nuit, il y avait des lumières partout et des bateaux qui revenaient dans tous les sens. A s’arracher la tête ! Dommage qu’on n’ait pas trop vu Seb Simon qui est parti assez vite. Quoi qu’il en soit, derrière, on a bien bataillé. » C’est Giancarlo Pedote qui a complété le podium, avec 2 minutes et 37 secondes d’avance sur Sam Davies. Longtemps bien positionné pour accrocher le podium, Boris Herrmann a subi un choc, à 24 heures de l’arrivée, qui a endommagé sa coque et engendré une voie d’eau. C’est donc à vitesse réduite que le skipper allemand a bouclé le parcours, en 6e position. Ces coureurs ont tiré profit d’une préparation aboutie, navigant beaucoup avant le départ de la Bermudes 1000 Race. Sam Davies fait exception car elle a remis à l’eau son IMOCA très tard, suite à l’installation de nouveaux foils. Mais la navigatrice britannique a compensé par sa grande expérience.

Maxime Sorel et Clément Giraud : les deux surprises de la course

Tous deux débutants dans la classe IMOCA, Maxime Sorel et Clément Giraud ont livré de très belles prestations. En se classant 5e, à seulement 4 minutes d’une place sur le podium, Maxime a tenu tête aux meilleurs foilers avec son IMOCA à dérives droites. « Je me suis mis dedans tranquillement. Petit à petit j’ai lâché les chevaux. Je me suis pris au jeu de la régate. Sur la fin, j’ai bien cru à la 3e place. Quoi qu’il en soit, je ne pensais pas terminer à la 5e place et c’est une belle surprise », s’est réjoui Maxime. Quant à Clément, il s’est emparé d’une très belle 8e place et s’est senti très en phase avec son IMOCA : « Que ce soit dans les petits airs ou dans les conditions un peu plus soutenues, il se comporte bien. On a fait 7 000 milles ensemble en deux mois et demi, ce qui n’est pas rien, et je commence à sentir quand je lui tire un peu trop dessus. C’est top d’arriver à avoir cette connivence avec l’engin. »

Du match pour tout le monde

Outre la lutte pour les places de 2e à 5e, la compétition a été très serrée pour d’autres coureurs, avec des écarts à l’arrivée se chiffrant en minutes. Ainsi, Fabrice Amedeo (7e) a terminé 2 minutes devant Clément Giraud (8e). Ces deux navigateurs avaient déjà franchi le Fastnet bord à bord. Le duel entre Arnaud Boissières (9e) et Stéphane Le Diraison (10e) s’est joué à 35 minutes tandis que Damien Seguin (11e) n’a devancé Manuel Cousin (12e) que de 11 petites minutes. Damien Seguin dont la montée au mât, suite à une avarie de grand-voile, restera dans les mémoires.

100 % des concurrents à l’arrivée ?

Sur les 17 concurrents au départ, aucun n’a abandonné. Outre les skippers cités ci-dessus, trois femmes et un homme sont également venus à bout du parcours exigeant de la Bermudes 1000 Race : Miranda Merron (13e), Alexia Barrier (14e), Pip Hare (15e) et Ari Huusela (16e). Malchanceux avec la météo, le Belge Denis Van Weynbergh lutte dans du vent très faible depuis le passage du waypoint Açores. Les derniers routages le voient arriver à Brest jeudi. S’il parvient à terminer, tous les coureurs auront terminé l’épreuve. La classe IMOCA est du point de vue de la fiabilité sur une très bonne dynamique puisque 100 % des inscrits avaient déjà bouclé la Transat Jacques Vabre 2017 (13/13) puis les Monaco Globe Series 2918 (9/9), tandis que 75 % étaient venus à bout de la Route du Rhum 2018 (15/20), malgré des conditions météo très difficiles.

Le classement des Globe Series chamboulé

Vainqueur de la Route du Rhum 2018, Paul Meilhat reste en tête des Globe Series, même s’il n’était pas au départ de la Bermudes 1000 Race. Mais il est désormais talonné par Boris Herrmann, à seulement 4 points. La régularité paie puisque Stéphane Le Diraison (5e des Monaco Globe Series, 8e de la Route du Rhum et 10e de la Bermudes 1000 Race) complète le podium provisoire du Championnat. On note aussi les belles remontées de Damien Seguin (5e) et Fabrice Amedeo (6e). Le classement est serré puisque seulement 14 points séparent le 3e Stéphane Le Diraison du 10e Alan Roura. Le prochain rendez-vous des Globe Series sera la Rolex Fastnet Race, dont le départ sera donné le 3 août. Vingt-cinq duos sont attendus sur cette épreuve.

 

Le classement de la Bermudes 1000 Race

1. Sébastien Simon (Arkéa Paprec) en 7 jours 17 h 34’
2. Yannick Bestaven (Maître CoQ) à 3 h 13’ 20’’ du premier
3. Giancarlo Pedote (Prysmian Group) à 3 h 15’ 45’’
4. Samantha Davies (Initiatives Cœur) à 3 h 18’ 22’’
5. Maxime Sorel (VandB-Sailing Together) à 3 h 19’ 45’’
6. Boris Herrmann (Malizia-Yacht Club de Monaco) à 3 h 54 15’’
7. Fabrice Amedeo (Newrest-Art & Fenêtres) à 7 h 29’ 09’’
8. Clément Giraud (Envol by Fortil) à 7 h 31’ 36’’
9. Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artipôle) à 8 h 38’ 49’’
10. Stéphane Le Diraison (Time For Oceans) à 9 h 13’ 11’’
11. Damien Seguin (Groupe Apicil) à 14 h 48’ 00’’
12. Manuel Cousin (Groupe Sétin) à 14 h 59’ 37’’
13. Miranda Merron (Campagne de France) à 1 j 05 h 31’ 47’’
14. Alexia Barrier (4myplanet) à 1 j 10 h 19’ 24’’
15. Pip Hare (Superbigou) à 1 j 22 h 13’ 48’’
16. Ari Huusela (Ariel 2) à 2 j 09 h 32’ 32’’
17. Denis Van Weynbergh (Eyesea.be), toujours en course
 

Le top 10 des IMOCA Globes Series

1. Paul Meilhat : 98 points
2. Boris Herrmann : 94 points
3. Stéphane Le Diraison : 78 points
4. Yann Eliès : 76 points
5. Damien Seguin : 74 points
6. Fabrice Amedeo : 72 points
7. Alex Thomson : 72 points
8. Vincent Riou : 68 points
9. Arnaud Boissières : 66 points
10. Alan Roura : 64 points