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Voilà plus de 24 heures que la flotte des IMOCA a éclaté, avec les deux-tiers des concurrents navigant en bordure de la péninsule ibérique tandis que les autres s’en-têtent dans l’ouest vers l’archipel des Açores. L’incertitude en IMOCA quant à l’issue de routes aussi divergentes n’a jamais été aussi importante. Dans chaque groupe, la bataille fait rage à l’approche d’un nouveau système météo.

IMOCA : PRB nouveau leader

Ils sont neuf IMOCA à naviguer ce matin en bordure du 45ème parallèle alors que le reste de la flotte tricote à la frontière de la Galice et du Portugal. Dans chaque paquet, les recadrages vont bon train. Le plus Nord du groupe de l’ouest, Hugo Boss, recroise ce matin derrière Bureau Vallée II, lui-même au coude à coude avec Maître CoQ IV. Dans leur sillage, deux autres foilers de génération 2015, Malizia 2 Yacht Club de Monaco et Prysmian Group s’accrochent. Ces cinq-là doivent serrer les dents et pas seulement parce que la mer se durcit aux abords du nouveau système dépressionnaire. Leurs vitesses moyennes et angle de rapprochement au but sont très inférieures à ceux de la tête de flotte qui évoluent par le travers du Portugal.  Sur les dernières 24 heures, les leaders ont navigué 3 noeuds plus vite vers le but que le groupe de l’ouest. Au classement de 5 heures, vision  certes comptable d’une partie de poker qui voit plus loin, Bureau Vallée accuse tout de même 100 milles de retard sur le nouveau leader PRB…

En tête depuis Ouessant, Charal a en effet abandonné la pôle position. PRB a superbement tiré profit de son option d’hier à la pointe de la Galice. Tricotant dans les parages de Muros comme pour une régate de l’après-midi, Kevin Escoffier et Nicolas Lunven ressortaient habilement sous le DST et brûlaient la politesse à Charal et Apivia qui revenaient du large. « On a été faire un peu de tourisme dans ces très jolis coins de Galice plaisantait ce matin Nicolas Lunven. La nuit a  été encore fatigante avec un petit front à 25 noeuds et des manoeuvres. La dette de sommeil du départ se fait sentir et on espère beaucoup dans les prochaines 36 heures qui devraient offrir des conditions de navigation plus tranquilles ».

Ce matin, le groupe emmené par PRB  progresse tribord amures à 200 milles du cap Saint-Vincent et va devoir revirer rapidement pour s’écarter de la zone de hautes pressions qui gonfle sur Gibraltar.

A noter le bon retour dans le jeu d’Advens for Cybersecurity alors que MACSF est toujours amarré à Brest…

Les messages de la nuit : 

- Erik Nigon - Vers un monde sans Sida 

Nous vivons penchés depuis 2 jours et ça ne va pas s’améliorer...

Nous sommes sur un bord vers l'ouest et attendons pour le milieu de la nuit une bascule du vent du sud au sud-ouest pour virer et repartir vers le sud et le cap Saint-Vincent où nous devrions trouver des airs plus portants...

En attendant tout est bien amarré pour ne pas voler et nous circulons comme des alpinistes en ayant toujours au moins une main bien solidaire du bateau.

Côté temps nous replongeons dans la seconde dépression et l’ambiance est humide... mais pas trop froid, donc ça va.

Comme ça bouge pas mal je reprends de temps en temps un Mercalm mais nous commençons à nous adapter à cette plateforme de fête foraine sans pilote.

Mon angoisse du jour est l’énergie... nous faisons des virements de bord très consommateurs de jus pour la bascule de la quille et on avance à une dizaine de nœuds ce qui suffit juste à étaler la consommation. Peut-être qu'il faudrait faire une charge moteur et outre le CO2 j'ai des mauvais souvenirs de coupure du moteur quand la mer reste trop agitée. Faut bien que quelque chose me préoccupe depuis que le vérin de quille ne semble plus perdre d'huile...

L'objectif est de pouvoir partir au sud et espérons que le routage du jour soit confirmé avec une descente sur un bord jusqu'au sud de l’Espagne par contre ça ne a pas être très rapide car peu de vent et.... au près !

A part ça on est un peu fatigué avec pas mal de manœuvres et du mal à se reposer mais on rentre dans le rythme et on se croise toutes les 2 heures avec Tolga. Reste à prendre le café à la même heure et on aura des conversations autres que celles des virements de bord ou prises de ris !!!

Plus de nouvelles demain en allant vers le soleil

A demain

Amitiés penchées

Erik      

- Fabrice Amedeo & Eric Peron - Newrest-Art&Fenêtres 

Bonjour à tous,

Le vent a enfin adonné et nous sommes au reaching le long du Portugal. Cap au sud dans le brouillard. Nous visons un point au sud de Lisbonne qui va nous permettre de contourner un anticyclone puis de faire route vers les Alizés. Nous verrons ce que cela donne entre les partisans de l’option sud (nous) et ceux de l’option ouest mais nous sommes confiants et heureux d’être là où nous sommes.

 

- Halvard Mabire - Campagne de France 

Nouvelles du front : ça mouille! Enfin, pour Miranda, surtout, puisque moi je suis en train d'écrire à la table à cartes. Même si le bureau bouge beaucoup, il ne pleut pas encore dedans! Pas très confortable ce passage au Nord de la "Verboten Zone". La "zone interdite", pour nous, c'est la "DST". La DST ce n'est pas la Défense Spéciale du Territoire, ou autre Zepo du genre, c'est le "Dispositif de Séparation de Traffic". C'est à dire une espèce de double couloir d'autoroute à cargos, et même que ceux-ci sont obligés de passer dedans. Donc il y a un "rail montant" (vers le Nord) et un "rail descendant" (vers le Sud), pour ne pas que les cargos se rentrent dedans, pas de face en tous cas... 

Sur notre route, il y en avait quelques unes comme ça des "DST". Une aux Casquets, en Manche, dans le nord-ouest d'Aurigny, une autre au large de Ouessant, et enfin celle que nous sommes en train de contourner au Large du cap Finisterre. C'est un peut bizarre d'avoir comme ça en pleine mer des zones virtuelles, mais non moins très strictes et parfaitement délimitées. Elles sont tellement bien définies sur la carte que l'on pourrait même s'attendre à voir des barrières ou des feux, ou autres barbelés, sur les côtés, histoire que nous, pauvres petits voiliers piétons inconscients, il ne nous vienne pas l'idée saugrenue de traverser l'autoroute. Mais là où le système a ses limites, c'est que les cargos ne naissent pas et ne meurent pas dans les DST, mais qu'il faut bien qu'ils y entrent et qu'ils en sortent, vu qu'ils sont obligés d'emprunter ces DST. Donc à l'entrée et à la sortie c'est un vrai merdier, et nous sommes donc contraints de slalommer entre les cargos au moment où nous contournons les DST. Autant ce que font les cargos à l'intérieur des DST c'est clair, vu qu'ils sont obligés de conduire bien droit dans les rails sous peine d'amendes (Heh oui, en plus il y a des Gendarmes pour surveiller les DST!), mais à l'entrée et à la sortie des DST ça se bouscule un peu au portillon, et parfois de façon bien anarchique. 

Heureusement, avec nos radar et AIS nous arrivons à les suivre à la trace, mais il faut cependant avoir recours de temps en temps à la VHF pour essayer d'entrée en contact directement avec la passerelle du cargo et y voir un peu plus clair dans leurs intentions afin d'éviter la collision. Et c'est là où le folklore commence, l'anglais "international" étant aussi diverse que largement pratiqué, en passant par tous les accents possibles et imaginables pour devenir une sorte de sabir baragouinatif et pas forcément clair et compréhensible. Donc c'est parfois très chaud et finalement ce n'est pas étonnant qu'il y ait des collisions. 

On pourrait croire que la mer est assez grande pour tout le monde, mais il y en a quand même pas mal qui arrivent à s'emplafonner, façon collision entre deux bagnoles seules roulant dans le désert. C'est à cause de ça que petit à petit des règles de plus en plus strictes sur la circulation maritime se sont instaurées et ce que j'appelais autrefois un espace de liberté était vu par les politiques comme un espace de "non droit", qu'il devenait urgent de réglementer à tout va. N'empêche qu'aucune règle ne remplacera ni le bon sens, ni la veille attentive, ni le sens des responsabilités, et que finalement plus il y a de règles et plus ces qualités disparaîtront et par conséquent le "zéro collision" n'est malheureusement pas pour demain. Et cela me prend bien du temps à écrire ces quelques lignes, vu que justement il faut AUSSI assurer la veille. Et quand je pense qu'à terre il y en a qui croient que l'on a rien à faire quand on est en mer...

 

- Samantha Davies - Initiatives-Cœur

Ça bombarde à nouveau derrière le front ! Même la nuit on ne s’arrête jamais ! On est à la fois au taquet sur les réglages et aussi accroché à la table à cartes pour lire les fichier météo et travailler notre trajectoire. Pas facile mais on est à fond !

La nuit est vraiment noir et très longue. Il n’y a pas de lune, c’est comme naviguer en aveugle. On ne voit pas l’horizon entre le ciel et la mer- tout est noir ! De temps en temps on voit les étoiles, mais pas souvent. Le radar surveille devant, car on sait que ici c’est une zone où les pêcheurs ne sont pas toujours bien balisés.

On se relaie tous les 1h30 pour continuer à rattraper le sommeil. Pour l’instant Paul dort, je suis aux reglages.

Bonne fin de nuit!

Sam