INTERVIEW I Alan Roura : "Depuis l’achat de l’IMOCA, c’est juste l’extase"

Quand est née cette idée de repartir pour un troisième Vendée Globe ? 

“ L’idée de repartir sur un troisième Vendée Globe est née avant même de partir sur mon deuxième. Je savais que je voulais participer à l’édition 2024, mais je voulais y retourner avec un bateau plus compétitif, avec les moyens de jouer. Donc nous cherchions des financements en 2019 déjà, mais la recherche de partenaires avait été très ralentie par la crise sanitaire.”

Quand ce nouveau projet s’est-il concrétisé ? 

“Pendant mon Vendée Globe, un mécène s’était porté acquéreur pour un nouveau bateau à condition qu’un sponsor titre rejoigne le projet. Nos défis étaient donc de trouver un sponsor et un bateau. Au début, nous réfléchissions à un projet de construction. Or, les chantiers étant déjà réservés, nous avons envisagé le rachat d’un IMOCA existant. Ce bateau là m’intéressait depuis le début donc nous nous sommes très vite penchés sur son acquisition. Nous avons tout fait pour l’avoir le plus rapidement possible car je n’étais évidemment pas le seul sur le coup ! 

Nous voulions vraiment trouver un bateau d’occasion tôt afin de l’avoir en mains à 100% pour le Vendée Globe 2024. Une construction engendre un long temps de fiabilisation et de connaissance et il est vrai que cet IMOCA est déjà bien fiabilisé et je vais avoir le temps de trouver toutes les manettes pour le faire fonctionner et de lui faire faire de belles choses.”

© Martin Keruzoré

Depuis l’achat du bateau en octobre dernier, as-tu eu le temps de te familiariser avec ? 

“Depuis l’achat de l’IMOCA, c’est juste l’extase. C’est un bateau merveilleux qui est hallucinant en termes de performance et de simplicité finalement. Nous avons eu la chance de pouvoir déjà pas mal naviguer. Tout d’abord, j'ai fait le convoyage de Lisbonne au sud de la France avec Alex (Thomson), avant de laisser son équipe le reprendre pour quelques semaines pour leurs relations publiques. Puis, après avoir fait un contrôle général du bateau à Toulon, nous avons repris la mer en direction de Lorient. Depuis que nous sommes ici, nous naviguons toutes les semaines !

Qu’est ce qui te change le plus à bord ? 

“Forcément, la navigation à l’intérieur est aussi une grosse différence, mais nous nous habituons très vite. Puis, la différence majeure est qu’il faut trouver comment le freiner ! Et non plus comment le faire accélérer. Jusqu’à notre dernière sortie, nous n’avions pas fait une navigation sans dépasser les 30 nœuds. C’est hallucinant.

Ce bateau est simple à faire naviguer, mais le faire naviguer vite c’est autre chose ! Cette année, l’objectif va être d’apprendre à le pousser sans trop forcer dessus car, autant mon ancien bateau (La Fabrique) était incassable, autant celui-ci est plus délicat. Il va falloir trouver où mettre le curseur entre performance et fiabilité. 

Nous avons prévu de naviguer avec Alex en février pour poursuivre la prise en mains du bateau. Le but sera d’aller faire du portant, allure idéale pour cet IMOCA.”

© Martin Keruzoré

Quels sont tes objectifs cette année ? 

“Tout d’abord, nous souhaitons vraiment être présents sur l’ensemble des courses de l’année. Ça ne va pas être simple car les courses en solitaire arrivent rapidement. C’est un beau challenge ! Forcément, il va y avoir une petite pression au début, mais les premières courses feront encore partie de la phase d’apprentissage. Par contre, sur la Route du Rhum (départ le 6 novembre prochain), j’aimerais bien faire un joli score. J’avais terminé à la septième place en 2018 donc j’aimerais bien faire mieux ce qui ne va pas être simple au vu de la flotte actuelle !”

Quand est ce que nous pourrons voir ton IMOCA aux couleurs de ton nouveau sponsor ? 

“Nous prévoyons d’annoncer notre partenaire au début du mois de mars. Le bateau sera sorti de l’eau à la fin du mois de février pour passer aux nouvelles couleurs…”

Propos receuillis par Marie Launay