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Cette aventure du Vendée Globe ne se termine certainement pas comme l'aurait souhaité la skipper franco-allemande Isabelle Joschke à bord d’MACSF.

Avant de subir une avarie de quille alors qu’elle était en route vers le cap Horn, l'ancienne skipper de Class40, âgée de 44 ans, était en quête d'un top six et pouvait prétendre à être la première femme à boucler cette neuvième édition, elle qui disputait son premier Vendée Globe.

Au moment de l’avarie, Isabelle Joschke naviguait en cinquième position juste au sud du point Nemo dans le Pacifique Sud. Son problème de quille s'étant aggravé sur la remontée de l'Atlantique sud, elle a été contrainte d'abandonner la course et de s'arrêter à Salvador de Bahia au Brésil, durant 12 jours, pour réparer.
 
La skipper d’MACSF navigue actuellement vers le nord, à environ 1 100 miles à l'ouest-sud-ouest des îles Canaries, à près de 2 000 milles de l'arrivée, aux côtés de son amie Sam Davies - elle aussi hors course à bord d'Initiatives-coeur.
 
Le grand navigateur Loïck Peyron a suivi Joschke de près tout au long de son parcours autour du monde. Il a déclaré à la Classe IMOCA qu'il admirait la façon dont elle s'était améliorée au fur et à mesure de la course après une descente de l’Atlantique un peu décevante, alors qu’MACSF naviguait en milieu de classement. 

Isabelle joschke macsf© RONANGLADU.COM

 "J'ai été très impressionné par sa façon de faire", confie Loïck Peyron lorsqu'on lui demande de choisir un marin parmi les 33 au départ pour une performance qu’il qualifierait d’exceptionnelle. "J'ai trouvé sa manière de naviguer très intéressante", ajoute l'ancien recordman Trophée Jules Verne et multiple champion de course au large.
 
"C'est une compétitrice tenace mais, ce qui est intéressant sur son tour du monde, c'est qu'elle a admis que son début de course n'était pas optimal. Elle a ensuite fait évoluer sa façon de naviguer et elle s’est améliorée au fur et à mesure du parcours", développe Loïck Peyron. "C'était intéressant de voir cette évolution. Il ne faut pas oublier que pour beaucoup de marins, c'était un premier tour du monde et c'est très différent de ce à quoi ils sont habitués. J'ai aimé sa façon d’aborder ce Vendée Globe".
 
Loïck Peyron, deuxième de la première édition du Vendée Globe en 1989-90 à bord de Lada Poch III, avoue qu'il trouve formidable que Joschke et Davies naviguent maintenant côte à côte pour remonter l’Atlantique et atteindre les Sables d'Olonne. "C'est dommage qu'Isabelle ne termine pas officiellement, mais elle termine quand même avec Sam", indique-t-il. "Et c'est la beauté de cette course - nous savons tous qu'il n'est pas nécessaire de gagner et qu'il y a d'autres façons de réussir son Vendée Globe".
 
Le marin est également impressionné par le vainqueur de la course, Yannick Bestaven (Maître-Co VI), et par la façon dont lui et les autres - comme Charlie Dalin (Apivia) qui a pris les honneurs de la ligne, et Louis Burton (Bureau Vallée II) troisième de ce Vendée Globe - ont géré cette situation de classements avec des temps compensés. "C'est une bonne leçon pour toute la communauté voile", déclare-t-il, "la solidarité entre les concurrents, quel que soit le résultat".

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 À propos de Yannick Bestaven, Loïck Peyron affirme qu’il est polyvalent, ce qui est parfaitement nécessaire pour réaliser une top performance sur un Vendée Globe. "Yannick est “juste” bon partout, mais personne ne le savait. Et c'est ça le truc - le Vendée Globe remet les choses à niveau".
 
En regardant la course dans son ensemble, Loïck Peyron reconnaît que s'il était clair que les nouveaux foilers seraient plus rapides que les bateaux d'anciennes générations, ils représentent aussi un défi pour leurs skippers "ils ne sont pas si faciles à gérer sur de longues périodes, ce qui n'est pas une surprise".
 
Il pense également que les conditions météo ont contribué à comprimer les écarts et à créer une course “au contact”. "La météo a été particulièrement intéressante et a permis aux skippers de faire de nombreuses remontées. Ces conditions ont aussi contribué à compenser le différentiel de performance entre les différentes générations de skippers et de bateaux, et cela à donner lieu un Vendée Globe passionnant, c'est certain", reconnait-il.  
 
Il résume enfin, en utilisant cette vielle expression : "C'était intéressant de voir qu’avec de vieux pot on peut encore faire de très bonnes soupes dans cette course !"
 
Ed Gorman / IMOCA (traduit de l'anglais)

 

Isabelle Joschke est attendue aux Sables d'Olonne mardi 23 février.