Vg2020 20201113 thomson photo1596b basse dfinition vi

Quelle serait la vitesse du bateau d’Alex Thomson ? Voici l'une des grandes questions qui se posaient avant le départ du Vendée Globe car le Britannique s'était tenu à l'écart des épreuves IMOCA et s'était entraîné et préparé dans un isolement total.

Le skipper et son équipe savaient qu'ils étaient partis d’une base très compétitive avec leur dernier bateau et que ce nouveau HUGO BOSS serait un nouveau step en termes de performance. Et bien rien de ce qui s'est passé au cours de la première semaine de course ne réfute cette analyse.

En effet, le bateau noir s’est monté jusqu’ici très véloce. Il a été poussé à fond par son skipper (ce qui n'est pas une surprise) et s'envole désormais au portant dans les alizés de nord-est alors qu’il ouvre la voix du sud, cap vers le Pot-au-Noir.

Ce matin, Alex Thomson était à environ 430 milles au nord-ouest des îles du Cap Vert et avait mis 27 milles à Jean Le Cam sur Yes We Cam ! Il avait aussi 155 milles d'avance sur Thomas Ruyant sur LinkedOut (3ème) son plus proche concurrent aux commandes d'un foiler nouvelle génération.

Tout est question maintenant pour le skipper britannique de maintenir ce rythme et continuer à pousser pour étirer la flotte et se donner ainsi toutes les chances de passer le Pot-au-Noir bien en tête et d'entrer ainsi dans les alizés du sud-est avec une avance confortable.

Sa trajectoire à travers la tempête tropicale Theta a été du grand Thomson - à fond - car ceux qui le poursuivaient ont opté pour des conditions légèrement moins musclées dans l'ouest, tandis que Alex a affronté, lui, une mer formée et des vents soufflant en rafales à 60 nœuds avant d'empanner.

Ce que nous ne savions pas - et qui a maintenant été confirmé par son équipe - c'est que sa décision d'empanner est intervenue après que HUGO BOSS soit violemment sorti de piste et se soit retrouvé sur le flanc, couché face au vent. C'est le genre d'événement qui peut causer des dommages au gréement. Mais rien n'a été raporté à ce sujet et les supporters de Thomson espèrent bien que cet épisode n'aura pas d'autres conséquences.

 

 

Alors que la flotte glisse vers le sud, l’émotion a emporté les coeur lorsque Jérémie Beyou a remonté samedi le chenal des Sables d'Olonne. Un moment douloureux car ses rêves de victoires ont été brisés cette semaine pour le skipper de Charal.

Le Français a reçu un magnifique soutien à son arrivée et parle de reprendre la mer, même s'il aura pas moins de 3 000 milles de retard sur la tête de flotte. Espérons donc que Charal puisse reprendre la mer dans un jour ou deux...réponse demain lundi, à l'occasion d'une conférence de presse qui se tiendra aux Sables d'Olonne.

 

 

Plus loin dans la flotte, Clarisse Crémer sur Banque Populaire X a eu du mal à s'installer dans sa course et a signalé samedi, alors que le soleil était de retour, qu'elle s'était brûlée avoir renversé un thé brulant entre ses jambes. Elle a dû prendre des analgésiques et surveiller afin de ne pas développer d'infection.

Au même moment, Kojiro Shiraishi, le navigateur japonais à bord de DMG Mori Global One, a gravement déchiré le haut de sa grand-voile suite à deux empannages incontrôlés en raison d'un disfonctionnement de son pilote automatique. Shiraishi devra effectuer une réparation complète s'il veut avoir une chance d'utiliser sa grand-voile pour le reste de la course.

Avec Thêta dans le sillage et les alizés devant sur un plan d'eau relativement plat, la plupart des skippers commencent à profiter de conditions parfaites et à naviguer rapidement dans une météo relativement peu compliquée. Parmi eux, Boris Herrmann qui était de bonne humeur lors de la vacation du jour, depuis SeaExplorer-Yacht Club de Monaco.

"Le pire moment pour moi a probablement été quand j'étais complètement bloqué dans la dorsale anticyclonique toute à l’heure",explique-t-il, actuellement en 11ème position, à un peu plus de 200 miles de Thomson. "Parfois, être dans des vents légers et faibles est plus stressant que dans des vents très forts. Là, ça y’est, nous avons atteint cette zone assez agréable avec une brise légère sans trop de casse-têtes stratégiques."

"Je pense que nous pouvons aller plus ou moins tout droit vers le sud ; nous atteindrons une zone où les vents seront plus forts aujourd'hui et, ce soir, nous serons assez rapides. Le travail de ce dimanche consiste donc à changer à passer du grand gennaker au code zéro puis à une plus petite voile d'avant."

Ed Gorman (traduit de l’Anglais)

Paroles du large

Charlie Dalin, APIVIA "Les vitesses commencent à être plus agréables même s’il y a quelques grains autour. J’ai un peu de retard à rattraper sur Alex (Thomson), Jean (Le Cam), Thomas (Ruyant) et les autres. Mais j’arrive, attendez-moi les gars ! Je vais bien, j’ai eu une nuit assez confortable avec une mer plate et des vents assez faibles. C’est la nuit où j’ai le plus dormi.  Actuellement à bord d’Apivia, j’ai 24° dans le cockpit. Je suis en mode short, tee-shirt. Ça fait du bien de naviguer dans l’alizé. C’est une zone que j’apprécie beaucoup. La mer est assez calme, ça glisse, c’est agréable. Je sais qu’il ne fait pas beau en France ce week-end et qu’on est très privilégié de naviguer sous le soleil."

Jean Le Cam, Yes We Cam! "Ça fait du bien du calme dans ce monde de brutes. Et encore, je ne me suis pas reposé beaucoup, je n’arrive pas bien à dormir. Là, ce qui est bien c’est que tu te fais bien à manger, tu assèches le bateau, c’est très agréable. C’est caleçon, tee-shirt, le ciel est étoilé. Tout à l’heure, j’étais sous spi, il y avait 10/12 nœuds de vent, sur une mer plate, c’est magnifique. Entre hier et aujourd’hui, les contrastes sont incroyables.  Tu passes de la furie à être là, où le bateau glisse…"

Benjamin Dutreux, OMIA - WATER-Family"Aujourd’hui, j’ai fait ma première journée avec du temps pour moi, ça a fait du bien. Le début de la course était tellement intense que j’ai l’impression de ne jamais avoir eu le temps, d’avoir été tout le temps à fond et un peu dépassé par les événements. Là, en sortant de la dépression, ça fait du bien de partir au portant, de pouvoir se poser, bien manger, bien se reposer... On peut être dehors en tee-shirt, on peut prendre un café, le bateau glisse bien. Depuis le début de la nuit, le vent est super instable, mais d’ici la prochaine nuit, ce sera plus des conditions d’alizés, ce sera plus stable."

Boris Herrmann, Seaexplorer - Yacht Club de Monaco "C’est très calme et très agréable à bord. Je vais dormir, je vais manger un peu mieux et faire des choses un peu agréables. Déjà hier, j’ai pu ranger le bateau, je me suis fait un petit apéro le soir, j’ai appelé des copains ! La vie est belle là. J’ai mangé des petits biscuits, un peu de fromage. J’ai mis mon ciré tout à l’arrière du bateau dans un petit coin, je ne vais pas le toucher pendant une bonne semaine je pense. C’est la température idéale, je vois les étoiles là, c’est vraiment beau ! Une journée et une soirée comme hier ça vaut toute une semaine de lutte ! Ce soir on va tous rentrer dans une sorte d’alizé un peu établi, ça va aller tout droit."

Damien Seguin, Groupe Apicil "Cette première semaine de navigation intense m'a peu à peu transformée. De terrien, je deviens marin, plongé dans une aventure de légende. C'est un état qui mêle euphorie et angoisse. J’ai connu l'émotion du départ, l'arrachement à la terre. J’ai vu mon bateau se faire bousculer violemment par les vagues et le vent. J’ai connu quelques galères - pas trop ! - mais suffisamment pour me dire de préserver ma monture, la route est longue ! Depuis le départ, le rythme est très intense et les moments de répit sont courts. Les conditions météo des prochains jours avec l'arrivée dans les Alizés seront plus favorables aux bateaux à foils. Ce n’est pas facile à accepter pour le compétiteur que je suis, mais mon rêve à moi, il est devant. Mon objectif est d'aller jusqu'à l'arrivée."

Alan Roura, La Fabrique "Depuis hier après-midi, c'est le bonheur ! J’ai pris ma première douche, j’ai rangé. Je peux prendre soin de mon bateau parce qu’il le mérite et il a pris cher depuis le début... Il faut profiter de ces instants. La descente jusqu’à l’équateur devrait être plutôt cool. Ça permet d’avoir le temps de se mettre dans la course parce que depuis le départ on s’est tous mis dans le jus. J’aimerais bien remonter un peu plus proche de Romain Attanasio. Je n’ai pas regardé le classement et je sais que dans le petit temps je n’avance pas. Je vais me battre encore et encore et encore, et je vais commencer par prendre un bon petit déjeuner ce matin !"

Clarisse Crémer, Banque Populaire X "Ça va beaucoup mieux ! La météo y est pour beaucoup. Je savais qu’il allait falloir que je prenne mes marques, que la première semaine n’allait pas être facile... Ça y est, la première semaine est passée, je vais pouvoir commencer à trouver ça chouette ! Hier soir, j’en ai bien profité, il y avait de super lumières, le bateau avançait tout seul. Ça fait du bien d’avoir le cœur léger, de profiter ! Les deux dernières nuits, j’ai fait des siestes énormes. Qu’est-ce que ça fait du bien ! C’est vraiment la plus belle invention du monde de pouvoir dormir ! En ce moment, ça ressemble un peu à l’image carte postale de la navigation au large. C’est joli, j’en profite !"

Alexia Barrier, TSE – 4myplanet"J’ai le moral ! Je sais que ceux qui sont devant vont avoir un boulevard. Nous, ça risque d’être plus compliqué, mais ça peut encore changer. Ce sera peut-être la double peine, mais j’espère que ça va encore évoluer. Il faut prendre les choses les unes après les autres. Je suis vraiment super bien sur mon bateau. Je prends mon rythme, mes marques d’autant que je n’ai pas beaucoup navigué cette année. J’apprécie tellement le fait d’être en mer, c’est une chance énorme ! J’ai eu des petites bricoles à faire, mais rien de méchant, c’est la vie du Vendée Globe, c’est la navigation que j’aime."