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Huit jours après le départ de La Haye, la flotte de The Ocean Race est enfin entrée en Méditerranée, mais continue à buter contre des vents faibles. A part les Polonais de WindWhisper Racing Team (Daryl Wisland) qui sont parvenus à s’échapper en VO65, les écarts se font et se défont au fil des pointages, notamment en IMOCA.

Il y a des moments parfaitement imprévisibles dans The Ocean Race, et parfois juste magiques. Alors que Biotherm (Paul Meilhat) glisse « tout dessus » le long de la côte portugaise avant d’embouquer le fameux détroit de Gibraltar, une jeune femme sort précipitamment du cockpit en criant de joie. Elle se nomme Mariana Lobato, est Portugaise. Un semi rigide, bondé, venu à sa rencontre, se cale le long du plan Verdier filant à bonne allure. On se salue, on échange des cœurs furtifs avec les mains. « Ah les enfants ne sont pas à l’école ? » lance Mariana manifestement émue. « Ils sont venus voir maman qui est en mer. C’est trop cool ! » Mère de deux bambins, l’ancienne championne du monde de match racing vient d’avoir une très jolie surprise.

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Attaques d’orques

Il y a des moments parfaitement imprévisibles dans The Ocean Race, et parfois terrifiants. Depuis plusieurs mois, des plaisanciers racontent horrifiés qu’ils ont été attaqués par des orques, le plus souvent au large du Portugal ou à proximité de Gibraltar. Certains bateaux ont même coulé. Il se murmure que les orques voyant une carène de voilier, ont souvent envie de jouer. Attirés par les safrans, ils n’hésitent pas à les brutaliser, voire les croquer… Envie de tisser des liens ou alors vengeance après qu’une colonie en chasse ait été agressée par un navire, il est impossible de le savoir. Ce que l’on sait en revanche, c’est que ce jour d’été dans le détroit de Gibraltar, alors que le VO65 Team Jajo évolue dans un léger zéphyr, un couple d’orques attaque littéralement le plan Farr. Malgré son déplacement de 14 tonnes, le bateau subit de violents chocs, avant que les cétacés ne s’éloignent, laissant l’équipage pantois mais guère rassuré.

A toi, à moi, à toi…

Alors que les deux flottes lambinent dans des vents erratiques et évanescents, restant séparés de quelques milles, seul le VO65 WindWhisper Racing Team mené par Daryl Wislang, a pris la poudre d’escampette à 630 milles de Gênes. Longeant l’Afrique du nord, il possède un joli matelas de 125 milles d’avance ce vendredi. Il faut dire que son skipper est tout sauf un novice, et connaît ce bateau sur le bout des doigts. Le Néo-zélandais Daryl Wislang, a déjà disputé quatre fois The Ocean Race comme chef de quart, remportant les deux dernières éditions, respectivement sur Abu Dhabi Ocean Racing puis sur Dongfeng Race Team, skippé par le Français Charles Caudrelier. A la tête d’un équipage composé de régatiers polonais et quelques copains néo-zélandais, le Kiwi se « promène » et, sauf avarie, devrait s’imposer une nouvelle fois. Chez les IMOCA en revanche, la bataille fait rage. En tête depuis le départ des Pays Bas, Holcim-PRB, a vu son avance fondre comme neige au soleil. Yoann Richomme l’avait prédit il y a trois jours déjà : « on a gagné une première bataille certes, mais pas la guerre… De mon avis, juste après Gibraltar, on va tous se retrouver ensemble. Donc voilà, on ne se met pas de pression, on s’y prépare. » Et d’ajouter : « on essaie de faire marcher le bateau. Sinon c’est toujours agréable. On en profite pour bien dormir après la première « course côtière » Mer du Nord, Manche et Bretagne. On recharge nos batteries, on mange bien. On profite du beau soleil et de la mer relativement plate, on a un peu de houle de face. On est sous J0 (la plus grande voile d’avant de portant) pour encore un petit bout de temps.» Ce vendredi matin, Team Malizia (Boris Herrmann) qui fermait la marche hier, a pris la tête à l’aube, avant de la céder une heure plus tard à Biotherm, Holcim-PRB (Benjamin Schwartz) en faisant les frais, mais n’étant qu’à un demi mille du premier selon le waypoint permettant de calculer le classement. Généralement, les locaux parlent de loterie et disent « Faites vos jeux, rien ne va plus ! »

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Pétole jusqu’à Gênes ?

Ce dont on est certain, c’est que le record de distance en 24 heures, ne sera pas amélioré. Non seulement la météo en Méditerranée est connue pour être aléatoire et complexe, avec du « tout ou rien », mais le mistral devrait s’établir quand la flotte sera passée… D’ici l’atterrissage sur la côte occidentale de l’Italie, les bateaux vont évoluer dans du très petit temps, devoir passer au nord des îles Baléares, puis longer au plus près la côte espagnole et française afin de bénéficier des effets thermiques. A 700 milles de la fin de The Ocean Race, les routages les plus optimistes donnent une ETA entre le 27 et le 28 juin. Les quatre à cinq jours restants avant la délivrance, s’annoncent palpitants mais épuisants nerveusement. Comme le souligne non sans humour Yoann Richomme : « mais on a une bonne literie ! »

Source : The Ocean Race