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Après une première semaine épique, avec le retour à Cape Town de GUYOT environnement-Team Europe suite à un délaminage du fond de coque, et l’incroyable réparation du mât de Team Malizia en mer, la course a repris ses droits dans des conditions toniques et à des vitesses moyennes vertigineuses sur une mer de moins en moins cabossée.

GUYOT Environnement-Team Europe, mené par Benjamin Dutreux et Robert Stanjek, est arrivé à Cape Town dans la nuit de samedi à dimanche, avant d’être démâté puis sorti de l’eau dès le lendemain. « Nous avons de la chance car notre containeur était toujours sur place. Nous pouvons compter sur l’aide de l’organisation de The Ocean Race mais aussi sur celle du Team Holcim – PRB qui nous prête du matériel et que nous remercions chaleureusement. Cela nous a permis de débuter les réparations immédiatement avec tous les éléments nécessaires », explique Thomas Cardrin, le directeur technique. Un premier diagnostic va permettre d’estimer avec précision l’étendue des dégâts, et donc la durée des travaux à réaliser. « On espère tout remettre en ordre en une semaine, même s’il faut travailler en deux ou en trois huit. » L’objectif pour le bateau noir et vert est de rejoindre le Brésil dès que possible pour être au départ de la quatrième étape (23 avril).

14 03 230305 FED GUYOT 7063© Félix Diemer / Guyot environnement - Team Europe

Est-ce le week-end, la présence rassurante des albatros et des conditions météo idéales pour glisser à toute vitesse, mais les traits sur les visages sont moins marqués et l’atmosphère à bord plutôt à la décontraction, voire à la rigolade ! Il faut voir ses camarades hilares quand Anthony Marchand renverse son plat sur son ciré lors d’un choc brutal. Il faut dire qu’à bord de Biotherm, le speedo atteint 30 nœuds ! Cela ne perturbe manifestement pas l’équipage qui fête justement les 38 ans d’Anthony. L’ambiance est festive autour de Sam Davies, Damien Seguin et Paul Meilhat. Le marin reçoit friandises et cannettes de soda. N’empêche, se préparer à manger, et remplir son sachet de lyophilisé avec un tuyau rappelant celui d’une perfusion, nécessite une certaine résilience quand les IMOCA sont lancés « pleine balle ».

S 14 03 230305 ROG BIOTH 0008© Ronan Gladu / Biotherm

Tout ce week-end, les moyennes ont oscillé entre 19 et 25 nœuds, ce qui en dit long sur les performances ahurissantes de ces monocoques de 60 pieds. Justine Mettraux (11th Hour Racing Team) et Nicolas Lunven (Team Malizia) ne cachent pas que, dans ces conditions, la glisse intense est jubilatoire. Le bateau américain a de fait effectué 544,6 milles en 24 heures, soit une moyenne totalement dingue de 22,7 nœuds, un nouveau record, sous réserve d’homologation par le World Sailing Speed Record... Rappelons qu’il y a bientôt 30 ans, Laurent Bourgnon avait parcouru 540 milles… mais sur un trimaran Orma et en Atlantique Nord.

Team Holcim-PRB et sa « dream » team composée de Kevin Escoffier, Abby Elher, Sam Goodchild et Tom Laperche, caracole toujours en tête, 500 milles devant, sur une route beaucoup plus Nord, dans des vents d’Ouest, et a déjà dépassé la longitude des îles Kerguelen. Si les conditions météo sont redevenues supportables pour les trois poursuivants, le vent soufflant de l’Antarctique est forcément glacial, et même dans les cockpits fermés, polaire, cirés, bottes et bonnet sont de la partie, tout comme la condensation.

« La vie à bord n’a pas été forcément très simple depuis le départ, du moins depuis que nous sommes en arrière de cette dépression qui génère avec le courant des Aiguilles une mer très désagréable… mais nous avons réussi chacun à trouver notre bannette pour dormir. On a eu très chaud mais on ne va pas se plaindre car, dans quelques jours, on risque d’avoir très froid. On mange bien, on boit beaucoup car c’est important de bien s’hydrater. L’on met le petit « pschitt pschitt » qui sent bon, car j’aime bien garder un bateau propre… » raconte Kevin d’une voix enjouée, alors que le sifflement de la quille et des appendices, ajouté aux chocs récurrents et aux alarmes incessantes, obligent les marins à porter des bouchons d’oreille ou un casque antibruit.

14 03 230305 JUC HOLCIM 9549© Julien Champolion / polaRYSE / Team Holcim-PRB

Sur les remarquables vidéos envoyées par les On Board Reporters, les bateaux sont systématiquement sous pilote automatique, les deux marins de quart aux écoutes et/ou à la colonne de moulin à café. « En ce qui concerne les quarts, nous avons un système tournant, » explique le skipper de Team Holcim-PRB. « Nous ne sommes pas deux par deux afin d’éviter de changer deux équipiers à la fois sur le pont car sinon personne n’a l’historique de la dernière heure et demie. On fait donc des quarts de trois heures et, sur ces trois heures, on tourne toutes les heures et demie. Cela permet à tout le monde de se côtoyer à bord, et à Tom (Laperche) et moi de nous caler à l’arrivée des fichiers météo. Depuis le début, on essaye de ménager le bateau. Le curseur n’est pas facile à gérer car, comme on voulait rester avec cette dépression qui partait dans l’Est, il fallait aller à la même vitesse qu’elle. L’idée n’était pas d’aller plus vite mais de rester avec elle, sans pour autant prendre de risque pour le bateau. Il a fallu ajuster la configuration de voilure afin de ne pas se faire rattraper par les hautes pressions, tout en préservant le bateau. »

14 03 230303 JUC HOLCIM 0952© Julien Champolion / polaRYSE / Team Holcim-PRB

Selon Christian Dumard, le météorologue de la course, la situation lors des prochains jours - avec une ETA au cap Leeuwin (Australie) le 10 mars -, pourrait bien profiter aux trois poursuivants. Team Holcim-PRB, qui doit désormais plonger au Sud-Est, pourrait buter dans une dorsale anticyclonique (zone de hautes pressions), quand Biotherm, 11th Hour Racing Team et Team Malizia, s’ils parviennent à rester devant un nouveau front, reviendraient alors dans le tableau arrière du leader. A suivre !

 

Source : The Ocean Race