ARI HUUSELA OFFICIAL20200903 76

Ari Huusela sera demain le dernier marin à franchir la ligne d'arrivée du Vendée Globe 2020-21, mais il sera le premier skipper finlandais, et plus impressionnant encore, le premier nordique à terminer cette course mythique.

Le pilote du Finnair A350, âgé de 58 ans, est donc un pionnier et un véritable précurseur. Tout du long de son parcours, il a sans aucun doute nourrit l'imagination de ses compatriotes et pourrait encore inspirer d'autres skippers scandinaves à relever ce même défi à l’avenir.

Plutôt discret, Ari a impressionné tous ceux qui ont suivi son aventure à bord de son IMOCA STARK. Bien qu'il aime se décrire tel un marin amateur, c'est aussi un grand marin qui, au cours des 22 dernières années, a réalisé deux Mini-Transats, une Route du Rhum, une Transat Jacques Vabre et désormais le Vendée Globe.

Il représente les marins ordinaires qui aiment la mer et les bateaux, mais moins les conditions météo sauvages. Ari Huusela n'a jamais caché qu’il n’aimait pas spécialement le mauvais temps ou qu'il détestait que son bateau tape et s'écrase dans les vagues. Il est plutôt à la recherche de la route qui lui permettra, à lui et à son navire, de naviguer le plus aisément possible.

Comme plusieurs autres skippers de la course, Ari a mené un plan Owen-Clarke de 2007 qui n'était pas assuré. Lui et Nina Riihela, sa femme et cheffe de projet, ont pris un risque énorme avec un bateau sur lequel ils ont une hypothèque substantielle. Une catastrophe en haute mer aurait été dramatique pour la famille et c'est pourquoi, dès le départ de son tour du monde, Ari a préféré naviguer en toute sécurité afin de mettre toutes les chances de son côté pour aller jusqu’au bout de l'aventure. Ce fût une leçon de bonne conduite en mer. 

 

Pendant presque 4 mois, Ari Huusela fût aussi un excellent communicant, notamment grâce à ses vidéos quotidiennes. Il n’est pas surprenant qu'il ait déjà remporté un prix du sponsoring en Finlande, les juges le félicitant pour sa "grande histoire". C’était un plaisir de suivre les nouvelles du skipper finlandais qu’il nous livrait avec son ton calme, rassurant et détendu, comme s’il s’adressait aux passagers de son Airbus. 

Chacune de ses vidéos commence par un rappel de qui il est et de où il se trouve : "Welcome on board STARK IMOCA in the Vendée Globe..."et puis le marin "super Happy"nous informe de sa position et de l'heure qu'il est, avant qu'il ne se lance dans une description de ce qu'il se passe à bord.

Le 25 janvier dernier, alors qu’il approchait du Horn, il nous disait "Bienvenue à nouveau à bord de STARK IMOCA d’où vous pouvez voir le Cap Horn. Mon bateau est là - en rose (il pointe alors l’écran de son ordinateur avec son doigt pour nous montrer la trace de son bateau situé au Sud du continent américain). Je me trouve à environ trois milles au sud du Cap Horn et quel beau coucher de soleil ! On peut voir la lumière dans mon cockpit et voici à quoi il ressemble à l'extérieur ", ajoute-t-il en se déplacant à l’extérieur avec sa caméra pour nous montrer, au loin, les contours sombres du rocher. "C’est une si belle soirée - après toute cette lutte, c’est bien mérité. C’est une vue dont je me souviendrai toute ma vie. Vous vous souviendrez aussi toute votre vie de cette vue et là, vous pouvez apercevoir la terre. "

Huusela terminait son message en adressant, comme à son habitude, ses vœux à tous ceux qui le suivaient depuis la terre ferme. "Merci à tous pour vos encouragements et pour tous vos gentils messages – c’est le moment d'être super-super-heureux. Ciao ! Ciao ! " 

 

Dans la remontée de l'Atlantique, Ari Huusela eut sa part de frustration en raison du manque de vent, mais sa positivité a toujours été au rendez-vous. Ces derniers jours, il s’est donc plaint d’une chose, qui est d’avoir dû s’absenter six mois de Finlande et que le retour allait prendre plus de temps que prévu. 

"Nous avançons toujours vers l’arrivée et le bateau comme moi allons bien. Nous avons encore une belle matinée avec un beau lever de soleil. Je dois continuer à penser positivement, rester calme et continuer à me concentrer sur la navigation plutôt que sur la ligne d'arrivée ", a-t-il dit. " En tout cas, passez un bon samedi, profitez du week-end et restez à l'écoute. A bientôt à bord - salutations d'un marin super heureux, Ciao ! Ciao !"

Ari Huusela fût une source d’inspiration pour les marins du monde entier et un bel exemple de ce qui peut être réalisé avec un projet bien préparé et patiemment exécuté où la vitesse n'a jamais été le mot d'ordre. Tout du long du parcours, Ari a très bien navigué, sur un bateau qui a toujours eu l'air impeccable et bien rangé. Il réapparaîtra sans doute aux Sables d'Olonne tel qu’il est parti le 8 novembre dernier.

 Ed Gorman / traduit de l'Anglais